- Amical
- France/Allemagne
- Liste
Des Bleus et des bosses
Mercredi prochain, la France rencontre l'Allemagne en amical. Laurent Blanc a fait tomber sa liste. A quatre mois de l'Euro, et malgré les absences, c'est peu dire qu'elle livre quelques d'enseignements. Décodage.
Un rookie, un rappel et un raté. En résumé, voilà l’annonce de la liste de Laurent Blanc en vue d’Allemagne-France. Passons rapidement sur le raté, ce nom de Jérémy Menez manquant dans l’annonce avant que la FFF ne rectifie le tir juste après la conférence de presse. Ce pourrait être simplement anecdotique mais cela traduit peut-être le manque de sérénité du sélectionneur qui ne voit quasiment pas passé un mois sans que son nom ne soit associé à une source de polémique. D’ailleurs, le ton assez agressif des premières minutes de son intervention à l’hippodrome d’Auteuil traduisait ce sentiment d’un Lolo pas très à l’aise dans ses baskets. Seulement à cause de la pression qui pèse sur sa fonction ? Sur l’absence de visibilité au-delà de l’Euro entre lui qui voudrait signer dès maintenant et un Noël Le Graët qui conditionne une éventuelle prolongation à une bonne performance en juin prochain ? Sans doute un peu des deux mais aussi, il ne faut pas le nier, la sensation de ne pas aborder ce rendez-vous de Brême dans les meilleures conditions.
Deux surprises purement circonstancielles
Car Blanc souhaitait se rendre outre-Rhin en configuration compétition. En clair, avec un onze type et un banc de réservistes proche de celui qui devrait soutenir les copains en Ukraine et en Pologne. Raté ! Au vrai, c’est surtout l’attaque qui a fait les frais de la casse hivernale. Karim Benzema et Loïc Rémy sur le flanc, ce sont tout simplement les deux premières options offensives qui foutent le camp et obligent le coach des Bleus à improviser quelque peu. On ne va pas se mentir, la première convocation de Morgan Amalfitano et le retour de Louis Saha sont purement circonstancielles. Une médisance ? Non, il suffisait juste de bien écouter Laurent Blanc préciser deux fois que le Marseillais pouvait apporter quelque chose « sur ce match » et replacer trois fois la convocation de l’attaquant de Tottenham au regard « des absences du moment » .
En clair, si tout le monde est opérationnel fin mai, les deux joueurs regarderont partir les potes en préparant les vacances avec Madame (pas la même, hein). Ceci posé, rendons quand même leur mérite aux deux « surprises » du jour. Pour Saha, ce rappel répond à un retour au premier plan chez les Spurs après plusieurs mois sans grand relief à Everton, ainsi qu’à plusieurs atouts : Saha propose plusieurs options possibles (seul en pointe ou en duo), il connaît le très haut niveau et c’est un bon camarade, du genre à ne pas faire chier son monde quelle que soit sa situation. Concernant Amalfitano, le gaillard se bat comme un malade sur son flanc droit à Marseille depuis bientôt quatre mois, avec une abnégation doublée d’une justesse technique et tactique incontestable. Certes, mercredi l’ancien Lorientais n’a pas passé une seule fois Chivu qui doit bien avoir cent-cinquante piges, mais sa qualité de centre figure une manière de rareté depuis plusieurs années en équipe de France. Surtout pour ce match…
Lass doit revenir !
Car un des grands vainqueurs du moment s’appelle Olivier Giroud qui devrait être le titulaire mercredi prochain et en ce sens, chercher à approvisionner son jeu de tête justifie (aussi) la convocation d’Amalfitano. Bien évidemment dans l’esprit de Blanc, Karim Benzema reste, et de loin, le numéro un. Et ne rêvons pas, l’équipe de France ne jouera qu’à une seule pointe cet été. Sans oublier que derrière le Madrilène, Rémy est probablement l’alternative suivante, même si Blanc le voit aussi comme un homme de couloir. Il n’empêche, en seulement quelques semaines, Giroud a grillé Gameiro et bouté hors de la liste Bafétimbi Gomis, Guillaume Hoarau et même Djibril Cissé, candidat éternel à l’équipe de France. Si le Montpelliérain est un des grands vainqueurs de la liste, d’autres peuvent commencer à s’inquiéter sérieusement. Passons pudiquement sur le cas Gourcuff, hors de combat dans tous les sens du terme. Hatem Ben Arfa sur le banc à Newcastle et Charles N’Zogbia semblent désormais condamnés.
En revanche, au milieu tout reste à faire. Bien sûr, Yann M’Vila et Yohan Cabaye sont des titulaires en puissance mais l’affaire est plus complexe. Car selon Blanc, Diaby, quand il est valide, est le vrai crack des relayeurs. Et par ailleurs, en ce moment, Lassana Diarra, qui a quand même surmonté les réticences de Mourinho himself pour asseoir Khedira sur le banc du Real, est actuellement le meilleur milieu défensif français. Sans compter que le bougre est aussi le meilleur latéral droit tricolore quand il doit s’y coller. Bref, on ne comprendrait pas que l’ex-Havrais ne soit pas de la partie cet été. Enfin derrière, l’affaire semble largement dessinée, même si on ne saisit pas forcément bien le choix de prendre trois gardiens pour un amical. Sagna (blessé près de six mois) paraît partir de trop loin, tout comme son coéquipier d’Arsenal, Koscielny, qui paie probablement les journées porte ouverte des Gunners (salaud de Mertesacker) et on imagine facilement un quatuor type Debuchy – Rami- Mexès- Abidal dirigé par Lloris. Le seul secteur à peu près cadré. C’est peu avant d’aller chez une des deux meilleures équipes du monde. C’est peu à moins quatre mois de l’Euro. Oui, on comprend que Blanc soit un peu nerveux…
Par Dave Appadoo