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Des arrières pas si droits
Djibril Sidibé absent, Didier Deschamps a misé sur Christophe Jallet et Benjamin Pavard pour occuper la droite de sa défense. Deux joueurs qui ne jouent quasiment jamais à leur poste depuis le début de la saison. Un bricolage imposé par les lacunes récurrentes du poste en équipe de France.
Au début, on a pu penser à un canular. Benjamin Pavard ? Cap sur la page Wikipedia de l’ancien Lillois pour les profanes, prise de nouvelles sur sa situation à Stuttgart pour ceux qui se souvenaient encore de son nom ou de sa tignasse bouclée. Puis la confirmation par Didier Deschamps qui, en raison du forfait de Djibril Sidibé, estime le choix « logique » , motivé par l’excellent début de saison en Bundesliga du jeune homme. Numéro 3 présumé, Sébastien Corchia n’a pas encore totalement fait son trou à Séville et, selon certaines sources, n’aurait pas convaincu aux entraînements du dernier rassemblement. Il passe donc son tour. Faille possible dans le raisonnement de DD, Pavard sait jouer arrière droit, mais n’a pas goûté au poste depuis la saison passée avec Stuttgart… en seconde division allemande. Central dans une défense à deux ou à trois cette saison, au milieu de terrain aussi, mais jamais latéral droit, l’invité surprise des Bleus est amené à doubler Christophe Jallet à un poste auquel il ne joue plus. Visiblement pas un gros souci pour le sélectionneur, qui fait déjà confiance au Niçois, pourtant utilisé comme arrière gauche par Lucien Favre. En clair, sans titulaire habituel sur le flanc, Didier Deschamps doit bricoler pour compléter sa défense.
L’épaule démise de Debuchy, la précocité non confirmée de Corchia
De là à dire que le point faible des Bleus est tout trouvé, il n’y a pas une énorme marge. À défaut d’aller jusque-là, on opposera la prodigieuse richesse du vivier offensif à la continuité des carences françaises sur son flanc droit. Alors que de l’autre côté, sans que cela soit Byzance, il y a débat entre Benjamin Mendy – s’il revient assez tôt pour le Mondial –, Layvin Kurzawa, Lucas Digne ou même Jordan Amavi, qui a montré d’excellentes choses récemment à Marseille. En temps normal, on racle plutôt les fonds de tiroir pour trouver de bons gauchers. Or, là, le sélectionneur doit composer avec un couloir droit qui semblerait presque marabouté : Bacary Sagna a fait son temps et n’a toujours pas trouvé de nouveau club, Mathieu Debuchy – qui aurait dû avoir l’aura du titulaire en puissance aujourd’hui – a fracassé sa carrière internationale en même temps que son épaule lors d’une mauvaise chute en janvier 2015, et Sébastien Corchia – qui avait la bonne tête du Wonderkid il y a sept ans déjà – n’a jamais progressé aussi loin que sa précocité le laissait espérer.
Thuram et Sagnol, les deux dernières références
Quand on regarde dans le rétroviseur de l’histoire de l’équipe de France, le dernier très grand latéral droit des Bleus – Willy Sagnol – a tiré sa révérence en 2008. Son prédécesseur, Lilian Thuram, était tout autant un énorme défenseur central. Et quand les autres grandes nations se régalent avec Philipp Lahm, Dani Carvajal ou encore Dani Alves, la France peine à envisager la possibilité dans un futur proche d’avoir son latéral droit de classe mondiale. Le plus proche, Djibril Sidibé, a un niveau plus qu’honorable et encore une marge de progression conséquente. Mais à moins de se révéler un soir de demi-finale de Mondial en claquant un doublé salvateur façon Thuram, on ne l’imagine pas forcément devenir l’une des références ultimes du poste. La particularité française est tout aussi nette qu’inexplicable, et Didier Deschamps n’a pas de solution miracle.
Par Nicolas Jucha