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Derby ASSE-OL : Entretien avec dix joueurs qui ont joué dans les deux clubs

Tous propos recueillis par Gaspard Manet
17 minutes
Derby ASSE-OL : Entretien avec dix joueurs qui ont joué dans les deux clubs

« L’affaire » Anthony Mounier vient de rappeler à la France du football qu’il n’est pas aussi simple que ça de jouer pour les deux clubs ennemis que sont Lyon et Saint-Étienne. Pourtant, ils sont nombreux à avoir fait, dans les deux sens, les cinquante bornes qui séparent les deux villes. Rencontre avec dix d’entre eux.

Robert Nouzaret

Joueur à l’OL de 1954 à 1969, entraîneur de l’OL de 1985 à 1987, entraîneur de l’ASSE de 1998 à 2000

« Quand je suis arrivé à Saint-Étienne, Georges Bereta a dit à Gérard Soler, qui m’avait fait venir au club : « Mais t’es complètement barjot de faire venir un mec comme Nouzaret. Le type est marseillais, il a joué et entraîné à Lyon, et en plus, quand il jouait, il mettait des coups à Mekhloufi. » Je suis arrivé dans ce contexte-là, et pourtant, je ne sais pas si je peux vous trouver un autre club dans lequel j’ai bossé où j’avais autant la cote avec les supporters. Tout s’est vraiment bien passé.

Sûrement parce que je me suis tout de suite fondu dans la mentalité stéphanoise et que j’ai toujours énormément respecté les mecs qui faisaient des efforts pour venir nous voir à l’entraînement ou en match. Je me suis toujours soucié de prendre du temps pour ces gens-là. À l’heure actuelle, j’ai encore des retours sur ça, d’ailleurs. De toute façon, je suis arrivé à l’OL très jeune, vers onze ans, mais je n’ai jamais été élevé dans la haine de l’ASSE. Ce match était juste une motivation sportive, car à l’époque, les Verts nous étaient largement supérieurs. D’ailleurs, le président Rocher disait : « L’ASSE sera toujours la locomotive et Lyon le wagon. » Ce genre de réflexions, ça nous motivait plus qu’autre chose, mais ça s’arrêtait à l’aspect sportif. Je n’avais aucune appréhension quand je suis arrivé à Saint-Étienne, mon seul souci était de mettre en place le projet sportif du club. Et je me suis réellement impliqué. D’ailleurs, vous voyez, à Geoffroy-Guichard, le panneau que les joueurs voient dans le tunnel, juste avant d’entrer sur la pelouse : « Ici, c’est le Chaudron » ? Bah c’est moi qui l’ai installé. Ça me rend encore fier quand je le vois aujourd’hui. Je l’ai fait mettre, car ça correspond au public de Saint-Étienne, à cette ambiance qu’il y a dans ce stade. J’ai toujours dit qu’à Saint-Étienne, le climat n’était pas très agréable, mais que le soleil, au moins, était dans le stade. Aujourd’hui, quand il y a un derby, je suis neutre, je ne garde que des bons souvenirs dans les deux clubs et je ne suis pas dans l’opposition ou ce genre de choses. Je ne souhaite qu’un truc : c’est qu’il y ait un bon match et qu’on se régale. »


Franck Priou

Joueur de l’OL entre 1986 et 1988, joueur de l’ASSE en 1995

« Lyon a été mon premier contrat pro, j’y ai joué pendant deux ans, puis derrière je suis passé par Mulhouse, Sochaux et Cannes où je suis resté trois ans, avant de signer à Saint-Étienne. Finalement, quand je suis arrivé chez les Verts, je n’ai pas du tout été reçu comme un ancien Lyonnais. Je pense que les supporters ne savaient même pas que j’étais passé par Lyon.

Honnêtement, tout le monde m’a très bien accueilli, je n’ai connu aucun souci, que ce soit avec les joueurs ou les supporters qui ont toujours été très agréables avec moi. Après, je ne pense pas qu’à l’époque, ce genre de choses prenait une telle ampleur. C’était moins virulent, au niveau des supporters. Il y avait de l’engagement sur le terrain comme dans tous les derbys, mais je ne me souviens pas d’incidents majeurs en tribunes, par exemple. Mais il faut avoir conscience qu’on parle d’un temps où les réseaux sociaux n’existaient pas, les choses ne s’enflammaient donc pas aussi vite qu’aujourd’hui. Le cas Anthony Mounier ? Bah je trouve ça dommage pour ce garçon. Je pense que le club aurait dû être plus costaud et faire abstraction de ce qu’il se passait à côté. Car si Mounier avait rendu sur le terrain ce que tout le monde attendait, les supporters auraient sûrement fini par l’accepter. Le club avait bien pesé le pour et le contre au moment de le faire signer, du coup je ne trouve pas ça très élégant pour le joueur. Pour moi, Saint-Étienne reste le club qui m’a fait aimer le football. Au moment de la finale de 1976, j’avais treize ans et je ne jouais pas encore au football, c’est grâce à ce club que je m’y suis mis. Donc quand j’ai signé chez les Verts, c’était vraiment un rêve de gosse pour moi. Mais aujourd’hui, c’est dur de faire un choix, car je connais bien Bruno (Génésio) avec qui j’ai joué, mais je connais aussi très bien Christophe (Galtier), donc j’espère juste qu’on aura un beau derby, un beau match de football. Et que le meilleur gagne. »


Christophe Deguerville

Joueur de Saint-Étienne de 1987 à 1995, joueur de l’OL de 1995 à 1997, de nouveau joueur de l’ASSE de 2002 à 2003

« En 1995, quand je signe à Lyon, c’était un peu compliqué. Je sentais que j’étais stéphanois, quoi. Les supporters te font sentir que tu viens du club ennemi. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais ça se sent, dans la façon dont les supporters te parlent notamment. Ce n’était pas méchant, hein, mais ils te le faisaient sentir.

Après, je n’ai jamais eu de souci. Honnêtement, le derby, c’est quand même plus pour les supporters. Pour les joueurs, ça reste un match de foot, même si c’est vrai que tu sens qu’il faut plus gagner ce match que celui contre Lorient, par exemple. Quand je suis arrivé à Saint-Étienne à seize ans, je n’ai pas connu toutes les équipes de jeunes, donc je n’ai pas été bercé par la haine de Lyon, pour moi c’était une simple rivalité sportive et ça ne dépassait pas ce cadre-là. Quand je suis revenu à Geoffroy-Guichard avec le maillot de l’OL, j’appréhendais un peu, forcément, car les gens ne comprennent pas toujours pourquoi on fait certains choix de carrière. Je m’attendais à me faire insulter, chahuter, mais finalement les supporters ne m’ont pas mal traité, c’était plus de l’ignorance, en fait. Rien à voir avec ce que peut subir Valbuena quand il retourne au Vélodrome, par exemple. Quand je suis revenu au club, en 2002, je n’ai vraiment eu aucun souci, les gens ne m’ont pas reproché mes deux saisons passées à Lyon. Ils savaient bien que mon vrai club était l’ASSE. Aujourd’hui encore, mon maillot est vert, donc je supporte l’ASSE. Peu importe le club en face. Le cas Mounier ? C’est très compliqué. Il a fait une erreur étant jeune, mais certaines erreurs se paient, justement. Même quelques années après. Ça prouve bien que ça ne sert à rien de parler, finalement. Après, on peut regretter qu’on ne lui ait pas laissé sa chance pour qu’il démontre ce dont il était capable. »


José Broissart

Joueur de l’ASSE de 1969 à 1973, joueur de l’OL de 1976 à 1979

« Quand je suis parti de Saint-Étienne, j’ai signé à Bastia où je suis resté trois saisons, donc je suis arrivé à Lyon en provenance de Bastia, ce qui change pas mal de choses.

Trois ans, c’est quand même long, c’est un intervalle assez important pour que les supporters oublient un peu votre passé (rires). Du coup, en ce qui me concerne, je n’ai connu aucun problème lors de ma signature à Lyon. De toute façon, je n’ai jamais ressenti une animosité vraiment énorme entre les supporters. Bien entendu, ça reste un vrai derby et chacune des deux équipes veut mettre une branlée à l’autre, mais ça ne dépassait pas vraiment le cadre du football. À Lyon, jamais personne ne m’a fait une réflexion en lien avec mon passé de Stéphanois. Évidemment, il y avait quelques vannes à l’entraînement, car dans l’équipe, il y avait de vrais Lyonnais, je pense notamment à Bernard Lacombe(qui a pourtant joué un an à Saint-Étienne, ndlr), mais ça s’arrêtait là. Pour Bernard, par exemple, le derby avait une vraie importance, c’était un match vraiment particulier. Mais pour ceux qui n’étaient pas d’origine stéphanoise ou lyonnaise, ça restait un match comme un autre, finalement. »


François Lemasson

Joueur de l’ASSE de 1986 à 1987, joueur de l’OL de 1987 à 1990

« En fait, à Saint-Étienne, j’étais prêté par le PSG. J’ai débuté la saison titulaire en jouant notamment les cinq premiers matchs, puis quand Jean Castaneda est revenu, il a repris sa place et j’ai fini la saison en équipe B. Et en fin de saison, alors que je n’avais pas de nouvelles des dirigeants stéphanois sur la suite de notre collaboration, Lyon me contacte pour me proposer un contrat. Ne voyant rien venir du côté de Saint-Étienne, je décide de signer à l’OL.

Puis à un mois de la fin du championnat, Pierre Garonnaire vient me voir en me disant qu’il souhaite me garder. Ce à quoi je réponds : « Désolé, mais c’est trop tard, je viens de signer dans un autre club. » Et là, il me dit : « T’as signé où ? » Et quand je lui dis que c’est à l’OL, je peux te dire que j’ai pris le reste avec : « Mais tu vas pas signer chez ces Lyonnais ! » Il ne supportait pas. J’ai cru qu’il allait devenir fou. J’aurais pu lui dire n’importe quoi, mais pas ça. Il l’avait vraiment très mal pris. Je ne m’attendais pas du tout à une telle réaction, car venant de Paris je ne maîtrisais pas cette rivalité. Je crois qu’il faut vraiment être lyonnais ou stéphanois pure souche pour comprendre cette animosité. En tout cas au niveau des clubs, ils se détestaient, ça c’est certain. Personnellement, quand je signe à Lyon, tout s’est bien passé. Vu que je n’avais joué que les cinq premiers matchs de la saison avec les Verts, je crois que les supporters lyonnais n’ont pas eu le temps de m’assimiler à un ancien Stéphanois. Même quand je suis revenu à Geoffroy-Guichard avec l’OL, les supporters ne m’en ont pas voulu, ils ne m’ont pas réservé un accueil particulier. »


Patrice Ferri

Joueur de l’ASSE de 1981 à 1988, joueur de l’OL de 1992 à 1993, de nouveau joueur de l’ASSE en 1995-1996

« Je n’avais pas forcément d’appréhension au moment de signer à l’OL, car j’avais connu trois clubs depuis mon départ de l’ASSE. Les années écoulées ont donc forcément atténué la chose, au contraire, par exemple, de certains joueurs qui passent directement d’un club à l’autre, où là ça peut être plus difficile.

Puis à la base, je suis quand même né à Lyon, même si j’ai été formé à Saint-Étienne, donc en quelque sorte, j’avais le passeport lyonnais (rires). Donc, non, je ne peux pas dire que j’ai souffert lors de mon intégration. Que ce soient les joueurs, les dirigeants ou les supporters, tout le monde m’a bien accueilli. Puis je trouve que les gens pensaient plus à l’intérêt du club. Dans le sens où si un joueur pouvait apporter quelque chose à l’équipe, il était bien reçu sans que gens disent : « Mais qu’est-ce qu’il vient foutre là, ce Stéphanois ? » Je trouve que les supporters étaient plutôt contents de voir arriver un joueur avec de l’expérience, comme c’était mon cas à l’époque. C’est pour ça, je crois, que je n’ai pas ressenti la moindre once d’animosité. Cela fait d’ailleurs écho au cas Mounier. Les supporters se sont braqués tout de suite sans essayer de voir ce que le joueur pouvait apporter à leur équipe. Il a eu des propos maladroits, ok, mais bon c’était vraiment un gamin. Mounier, ça reste un super joueur qui aurait vraiment pu apporter un vrai plus à une équipe qui a quand même quelques carences offensives. C’est dommage. »


Sylvain Monsoreau

Joueur de l’OL de 2005 à 2006, joueur de l’ASSE de 2008 à 2012

« Mon arrivée à Saint-Étienne s’est très bien passée, notamment dû au fait, je pense, que j’étais passé par Monaco entre-temps. Je suis passé dans le sas de décompression en gros. (Rires) Je n’appréhendais pas tant que ça au moment de signer à l’ASSE, c’est vrai que j’avais joué un an à Lyon, mais bon, j’étais dans une optique de carrière, le projet de Sainté m’intéressait vraiment, puisque le club retrouvait notamment la Coupe d’Europe.

Je ne pensais pas trop à ça, et je me disais que, de toute façon, mes performances sur le terrain feraient que ça se passe bien ou mal. Aucun supporter stéphanois ne m’a jamais fait une réflexion. D’ailleurs, j’ai longtemps habité entre Saint-Étienne et Lyon et je n’ai jamais eu aucun problème quand j’allais dans l’une ou l’autre ville. Au niveau des coéquipiers, ça s’est également super bien passé. Forcément, ça chambrait un petit peu, surtout qu’il y avait un gars comme Jérémie Janot qui était lui un vrai Stéphanois. Mais de toute façon, entre joueurs, il n’y a jamais de problème, tout le monde se connaît plus ou moins, il n’y a aucune rivalité. La rivalité, elle concerne plus les supporters. On sait que ce match leur tient à cœur, donc on essaie de se donner au maximum, mais pour nous, ça ne va pas plus loin qu’un match de football. La première fois que je suis revenu à Gerland avec le maillot de Sainté, j’ai eu le droit à un accueil un peu houleux de la part de certains supporters lyonnais. J’étais remplaçant et je m’échauffais devant les Bad Gones, donc forcément j’ai reçu quelques projectiles et pas mal d’insultes. Mais bon, ça va, je l’ai pris avec le sourire. C’était de bonne guerre, j’ai compris leur réaction. Puis dès que je suis entré sur le terrain, je n’y pensais plus. Derrière, les autres fois où je suis revenu jouer à Gerland, ça s’est toujours bien passé. En ce qui concerne Mounier, je trouve ça dommage. Ses propos sont plus une erreur de jeunesse qu’autre chose. D’ailleurs, s’il est venu à Saint-Étienne, c’est qu’il avait de bonnes intentions. Pour connaître le bonhomme, c’est quelqu’un de très gentil qui aurait pu rapidement mettre les choses à plat avec les supporters. Je trouve cette histoire dommage. »


Frédéric Piquionne

Joueur de l’ASSE de 2004 à 2007, joueur de l’OL de 2008 à 2010

« Quand j’ai signé à l’OL, évidemment, il y a eu des supporters qui m’ont fait quelques réflexions en rapport avec mon passé stéphanois. Mais j’ai vraiment fait abstraction de tout ça. De toute façon, moi, j’étais déterminé à jouer pour l’OL qui était alors le meilleur club français. Si le meilleur club avait été Nancy, alors j’aurais voulu aller à Nancy, c’est aussi simple que ça. Je voulais essayer de jouer dans ce qui se faisait de mieux et notamment découvrir des compétitions comme la Ligue des champions. Mon premier match avec l’OL ?

Oui, il y a eu quelques sifflets. Mais il me semble que c’était plutôt mitigé. À l’entraînement, ou dans la rue, il y a toujours un mec qui te balance une insulte quand il est à cinquante mètres, mais je ne peux pas dire que j’ai eu de vrais problèmes. Une fois, je me souviens, j’étais allé faire de la barque au Parc de la Tête d’or avec ma famille. Et là, il y a un supporter lyonnais qui était venu m’embrouiller en me disant : « Ouais, t’as déclaré que le match contre l’ASSE, c’est juste un match comme un autre dans la saison. Ce n’est pas bien, car pour nous, ce n’est pas que ça ! » Et là, je lui dis : « Bah effectivement, peut-être que je n’aurais pas du dire ça. » Le mec était arrivé de façon virulente et finalement on a fini sur un échange plutôt courtois. Au fil du temps, ma relation avec les supporters s’est plutôt bien passée dans l’ensemble, même si j’ai toujours eu quelques sifflets. Après, bon, les six derniers mois, je ne jouais plus trop, donc les mecs n’avaient pas l’occasion de me siffler. (rires) Quand je suis revenu à Geoffroy-Guichard, forcément, j’avais quelques appréhensions. Je me souviens que lors de mon entrée en jeu, il y avait beaucoup de sifflets, des banderoles et tout ça. Mais la meilleure chose que j’ai pu faire face à ça, c’est de mettre la frappe qui a failli rentrer. Mais attention ce n’est pas forcément facile de faire abstraction de tout ça, ça pèse un peu, car toi, tu gardes de bons souvenirs avec le club, mais bon, tu n’as pas le choix. »


Fabien Debec

Joueur de l’OL de 1986 à 1996, joueur de l’ASSE de 2003 à 2004

« Même si je suis né à Lyon et que j’ai été formé à l’OL, je n’ai jamais eu aucune animosité envers Saint-Étienne. Du coup, quand je signe à l’ASSE, en 2003, je n’ai même pas pensé à l’idée que ça pouvait mal se passer.

D’ailleurs, je n’ai pas rencontré le moindre problème. Je me souviens juste, lors de l’un des premiers matchs de la saison, à Châteauroux, qu’un supporter stéphanois était venu me voir pour me demander si j’étais bien lyonnais de naissance. Il m’a fait : « Vous êtes de Lyon ? » / « Bah oui. » / « Mais Lyon, vraiment Lyon même ? » / « Oui, oui. » Ça en est resté là, ça a dû durer une minute, pas plus, mais c’était surtout très bon enfant. Ça m’avait bien fait rire. En ce qui concerne mes coéquipiers, il y avait bien un peu de chambrage, mais c’était toujours drôle et amical. Mais sinon, il ne s’est jamais rien passé. En même temps, je n’ai pas la liste exacte, mais il y a quand même un paquet de joueurs qui ont fait les deux clubs sans qu’il ne se passe quoi que ce soit. L’affaire Mounier, par exemple, c’est quelque chose qui m’a vraiment étonné. Je trouve ça dommage pour le joueur, car il était prêt à jouer pour l’ASSE, mais c’est également dommage pour le club, puisque c’est quelqu’un qui aurait vraiment pu apporter quelque chose sur le terrain. »


Romarin Billong

Joueur de l’OL de 1983 à 1995, joueur de l’ASSE de 1995 à 2000

« Je suis né en Afrique, mais je suis arrivé à Lyon à un an et demi et c’est vrai que je suis très chauvin, très fier d’être lyonnais. Pour autant, cela ne m’a pas dérangé de signer à l’ASSE, car je l’ai fait pour le boulot. Je faisais mon métier, c’est tout. Quand je suis arrivé au club, je connaissais déjà pas mal de joueurs de l’effectif, notamment Sébastien Pérez avec qui j’étais au bataillon de Joinville, donc mon intégration dans l’équipe s’est super bien passée.

D’ailleurs, encore aujourd’hui, je suis très proche de certains de mes coéquipiers de l’époque. En ce qui concerne les supporters, très rapidement, certains d’entre eux m’ont alpagué à l’entraînement en me disant : « Alors, c’est pas mieux que Lyon, Saint-Étienne ? » Mais là-dessus, j’ai toujours été honnête, et j’ai toujours répondu : « Écoutez, moi, je suis né à Lyon, j’étais lyonnais en arrivant et je le serai encore en repartant. En revanche, vous pourrez me juger sur mes performances. » Et en gros, on m’a posé cette question les premières semaines, que ce soit à l’entraînement, en arrivant au match, en partant du match, mais très vite ça s’est arrêté. Durant les matchs, par exemple, on ne m’a jamais sifflé. Puis ils ne m’en ont jamais voulu aussi, car ils ont vu que je faisais partie de ceux qui mouillaient vraiment le maillot. Finalement, tout s’est vraiment bien passé. Pour ce qui est de l’accueil à Gerland, je n’en sais rien, car je n’ai jamais joué contre Lyon avec le maillot vert. Ah si, une fois, mais c’était lors d’un pauvre match amical sans intérêt, donc ce n’était pas vraiment significatif. Même quand je retournais à Lyon, personne ne m’a jamais fait de réflexions dans la rue, en même temps je n’ai jamais été quelqu’un de très médiatique, donc je n’ai pas déchaîné les passions à ce sujet-là. C’était plus avec mes potes d’enfance qu’on se charriait. Même si, finalement, j’ai réussi à en faire venir certains à Geoffroy-Guichard (rires). »

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