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Denis Genreau, un Australien dans la Ville rose
Opposée à l'Arabie saoudite ce jeudi matin dans sa quête de qualification pour la Coupe du monde au Qatar, l'Australie pourrait s'appuyer sur un jeune milieu de terrain expatrié au pays des kangourous dès son plus jeune âge : Denis Genreau. Trouvaille du mercato toulousain cet été, le jeune homme, qui compte une sélection avec les Socceroos, est bien décidé à s'imposer dans le pays qui l'a vu naître.
Patty Mills, Ashleigh Barty, Cameron McEvoy, Ariarne Titmus, Rohan Dennis… Comme à chaque olympiade, la délégation australienne qui a pris la direction de Tokyo cet été comptait son lot de stars dans nombre de disciplines. Et parmi elles, un jeune footballeur né en France et plutôt inconnu du grand public, mais bien décidé à briller, alors que les Socceroos n’avaient pas vu Londres ni Rio. Son nom ? Denis Genreau. « Avec la Covid, on n’était pas dans le village, donc on n’a pas eu toute l’expérience olympique. Le plus beau c’était peut-être de se qualifier, retrace l’intéressé, qui a tout de même saisi l’opportunité de se mesurer au plus haut niveau. Contre l’Espagne, je devais faire un marquage individuel sur Pedri. Ça, c’était difficile, lui il m’a vraiment impressionné. » Le moment fort d’un été particulièrement chargé pour le jeune Australien qui, après avoir découvert l’Asie, a posé le pied sur le Vieux Continent, en s’engageant avec le TFC dans la foulée.
Australie, nous voilà
Un monde qui ne lui était pourtant pas inconnu, puisque s’y trouvent ses racines. « Mes parents sont français. Ils sont allés en Australie pour leur voyage de noces il y a 30 ans, ils ont visité le Queensland, Melbourne, Sydney, ils sont allés voir la grande barrière de corail, énumère l’intéressé. Ils ont adoré, donc ils ont décidé de s’y installer quand j’avais deux ans. Ils adorent la nature et les grands espaces et il n’y en a pas beaucoup à Paris. » Marc et Sophie Genreau, employés dans le secteur bancaire et des assurances, ont en effet décidé de partir faire leur vie sur le pays-continent, avec leur petite famille dans les bagages.
C’est quoi ce raffut !
Une double culture assumée pour celui qui rentrait régulièrement en France voir le reste de sa famille pendant son enfance. « Je ne me rappelle pas trop la France. Pour moi, grandir en Australie, c’était normal, j’avais l’école et tous mes copains. La seule chose différente par rapport aux autres enfants, c’est que nos parents nous forçaient, ma sœur et moi, à parler français à la maison, se remémore-t-il. J’ai été vraiment chanceux, c’est grâce à eux que je suis bilingue. » Et qu’il rêve désormais de disputer une Coupe du monde vêtu du maillot jaune et vert, après avoir vu la FIFA l’autoriser à jouer pour le pays dans lequel il a grandi en novembre 2017.
Foot européen et virées en surf
Imbibé par les traditions australes, le jeune homme se passionne pourtant pour le ballon rond. « En Australie, il y a beaucoup de sports, du rugby au cricket… Moi, j’ai fait un peu de basket et de foot australien à l’école, mais en dehors je ne faisais que du foot, assure-t-il. Quand on allait à la plage, au parc ou des choses comme ça, mon père amenait toujours un ballon de foot. » Un paternel qui lui fait découvrir les joutes européennes. « J’ai toujours adoré le Barça. Il me montrait aussi beaucoup de vidéos de Saint-Étienne d’il y a longtemps et il adorait l’Ajax. Il m’a montré l’équipe de France de 1998, on a regardé ensemble quand ils sont allés en finale, en 2006. Quand j’étais jeune, on se réveillait tôt le matin pour voir les matchs européens. »
Quand il n’est pas sur un terrain à tâter le cuir, Denis Genreau aime profiter de son environnement pour s’évader. « On allait souvent surfer ensemble, témoigne son ancien coéquipier au MacArthur FC, Loïc Puyo. Il habitait au sud de Sydney, on a fait pas mal de route tous les deux pour aller sur des spots excentrés à l’extérieur de la ville. Il n’était pas un mauvais surfeur. On a partagé beaucoup de choses là-bas en Australie, ça restera d’excellents souvenirs. »
Un Socceroo au pays de l’ovalie
Pur produit du centre de formation de Melbourne City, Genreau manque de rallier l’Europe et Clermont Foot en 2019, dans la foulée d’un prêt à Zwolle. « Il me posait beaucoup de questions sur comment était le football en France, poursuit Loïc Puyo, dont les conseils semblent avoir porté leurs fruits. Je lui disais qu’il avait sa place dans un grand club de Ligue 2. » Et c’est finalement Toulouse qui a raflé la mise cet été, faisant de lui le premier Australien de l’histoire du club, dans une ville plutôt habituée à voir débarquer des Wallabies adeptes du ballon ovale. « Il y a d’autres Australiens qui jouent au Stade toulousain, non ? » lance Genreau, visiblement peu au fait de la diaspora aussie. Ils sont quatre pour être précis : Zack Holmes, les jumeaux Richie et Rory Arnold, ainsi qu’Emmanuel Meafou. L’occasion d’un clin d’œil appuyé de la part du club lors de sa signature.
Un Australien ?? à Toulouse !Sans rancune aux copains du @StadeToulousain et @PFouyssac, cette fois, c’est sous nos couleurs que le Socceroos s’engage ?????????? Denis #Genreau ?#Mercato ✍️ pic.twitter.com/GvRTSyabBj
— Toulouse FC (@ToulouseFC) August 2, 2021
Lui préfère s’exprimer balle au pied, de préférence dans l’entre-jeu. « Je pense que je suis un box to box, plutôt un 8. J’aime bien faire partie de la construction et être impliqué dans le mouvement offensif. Faire la dernière passe, c’est une des parties de mon jeu que j’aime le plus », décrit le Verratti du Téf’. Le tout grâce à une technique au-dessus de la moyenne. « J’ai tout de suite vu que c’était l’un des seuls à avoir un style à l’européenne, assure encore Puyo. Il arrive à courir énormément avec des courses à haute intensité. » Reste désormais à s’imposer dans la Ville rose, avec peut-être la chance de devenir un jour le premier Australien à fouler les pelouses de Ligue 1 depuis le passage de Mile Sterjovski à Lille, à l’orée des années 2000. Nul doute que de l’autre côté du globe, sa famille n’a pas fini de se lever aux aurores pour suivre les exploits du jeune expatrié.
Par Tom Binet
Tous propos recueillis par TB.