- Liga
- J3
- Barcelone-Espanyol (5-0)
Dembélé, entrée princière
Successeur attitré de Neymar dans les cœurs catalans, Ousmane Dembélé a honoré sa première cape sous le maillot du FC Barcelone lors du derby contre l’Espanyol, hier (5-0). Remplaçant au coup d'envoi, le jeune homme de 20 ans qui pèse 145 millions d’euros vient de prouver en vingt-cinq minutes ce qu’il peut apporter au Barça : une nouvelle harmonie offensive et des passes décisives.
Qu’on se le dise, ce début de saison du Barça en Liga était poussif. Deux victoires aux forceps à domicile contre le Betis Séville et en déplacement à Alavés. Deux victoires 2 à 0. Sans prendre de but certes, mais sans démontrer non plus une hyperpuissance offensive. Deux victoires pour se remettre de la double leçon subie en Supercoupe d’Espagne face au Real Madrid. Deux victoires qui, malgré la venue de plus en plus certaine d’Ousmane Dembélé au Barça, laissaient encore un arrière-goût de rancœur et de tâtonnements. Dans cette troisième journée de championnat, l’Espanyol de Barcelone avait tout pour venir embêter son voisin mal-aimé, puis faire ressortir les doutes quant à la friabilité actuelle du Barça. Ces doutes, Lionel Messi s’est dans un premier temps chargé de les chasser.
Comment ? En inscrivant un triplé. Amusé par la performance de son futur camarade aux côtés d’Ernesto Valverde, Dembélé sourit et applaudit. Dembouz est là, au bord du Camp Nou, en train de toucher son rêve. Dans une poignée de secondes, l’international tricolore va remplacer Gerard Deulofeu et commencer à écrire son histoire au Barça qui a déjà démarré par trois chiffres : 1,4, et 5. Comme 145 millions d’euros.
L’ovation en Marseillaise
Mais ce soir, c’est bien avec le numéro 11 que Dembélé foule pour la première fois la pelouse du stade dans lequel il a toujours voulu jouer. Pourquoi ? Sûrement parce qu’à 12 ans, le Normand voyait déjà Messi conquérir l’Europe face à Manchester United à Rome, d’une tête croisée imparable pour Edwin van der Sar. Sans doute parce qu’à 14 ans, il voyait ce même Argentin marquer un but du pied gauche pour battre une nouvelle fois Van der Sar, cette fois dans l’enceinte de Wembley. Et ce 9 septembre 2017, après avoir enflammé la Ligue 1 pendant six mois et la Bundesliga durant une saison, le voilà qui débarque en Liga dans l’un des plus grands clubs du monde, avec comme partenaires d’attaque Luis Suárez et Lionel Messi.
Alors forcément, le fait de voir Valverde placer Ous’ sur le banc était d’abord une incompréhension générale pour tous les socios du Barça. Pourquoi s’embêter à faire entrer l’ancien Rennais en cours de jeu plutôt que de le mettre directement dans ses onze titulaires ? Pour Valverde, ce choix était une façon de marquer au fer rouge l’entrée de Dembélé dans les plans culés. Lui laisser le souvenir de sa première au Barça, avec tout ce que cela implique. De l’héritage du numéro de Neymar au Barça à son entrée sous le chant de la Marseillaise, entonnée par le public du Camp Nou. Ému, Dembélé n’aura finalement joué que vingt-cinq minutes contre l’Espanyol, temps additionnel inclus. Pourtant, ses premiers pas sont symboliques de son rôle futur au sein du club.
Le cadet de Messi, l’antidote de Suárez
De Messi, Dembélé gardera le souvenir de la première passe de La Pulga, premier de ses coéquipiers à lui avoir adressé une passe en match officiel. Au fur et à mesure de ses accélérations, Dembélé se fond dans le jeu de ses nouveaux partenaires du Barça, à commencer par le latéral droit Nelson Semedo, élément à fort potentiel et bientôt fondamental dans la réussite du prodige en ailier droit. Aussi, le Barça sait que Dembélé sera un atout considérable dans la création d’une symbiose offensive. Pour prouver son respect envers ses aînés, Dembélé se plie volontiers à travailler pour eux, comme Suárez a pu le constater en fin de rencontre. Muet depuis le début de saison du fait de sa blessure en Supercoupe d’Espagne, El Pistolero aura buté sur Pau López durant toute la rencontre, avant de voir son compteur but s’ouvrir. Grâce à qui ? Grâce à Dembélé, auteur de sa première passe décisive en Liga. Du droit, en une touche de balle. Suárez court derrière le but, vient remercier Dembouz pour son offrande, et Messi vient compléter le trio enfin unifié. De façon unanime, le Barça acclame son petit prince.
Par Antoine Donnarieix