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  • 2 juillet 2000
  • Euro
  • Finale
  • Italie/France
  • Interview

Delvecchio : « J’ai encore beaucoup de mal à parler de cette finale »

Propos recueillis par Valentin Pauluzzi
Delvecchio : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai encore beaucoup de mal à parler de cette finale<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il aurait pu être le héros. Celui qui offre l'Euro 2000 à l'Italie. À 13 secondes près. Marco Delvecchio, immense buteur de la Roma des 90's, revient sur son parcours. Et, évidemment, sur cette finale maudite.

Rotterdam, il y a pile 15 ans. Finale de l’Euro 2000. La talonnade de Totti passe entre Lizarazu et Zidane et trouve un Pessotto parfaitement lancé le long de la ligne de touche. Celui-ci adresse un centre au cordeau et à mi-hauteur. Desailly tente bien de sortir le ballon, mais il est trop court. Dans les six mètres, Marco Delvecchio a échappé au marquage de Vieira et Thuram, le plat du pied est parfait et trompe un Barthez impuissant. On joue la 53e minute, l’Italie ouvre le score et résistera jusqu’à 13 secondes du coup de sifflet final…

Vidéo


Marco, toi, tu as été remplacé à la 86e par Vincenzo Montella, alors que l’Italie menait encore 1-0…

(Rires) Tu sous-entends que je n’ai rien à me reprocher, c’est ça ? C’est un travail d’équipe, donc je suis « coupable » comme les autres. La rencontre devait bien se terminer pour tout le monde, pas que pour moi.

On est en plein dans les commémorations en France, Lizarazu, qui avait d’ailleurs quitté le terrain en même temps que toi, a récemment déclaré que les Italiens parlaient trop et que vous chambriez les Français, tu confirmes ?

Pas du tout, je me souviens juste qu’on était prêts à fêter la victoire, parce qu’il manquait vraiment quelques secondes. Nous étions debout, bras dessus, bras dessous et puis ce but de Wiltord qui nous a tués… Mais il n’y a eu aucune provocation de notre part.

Tu disputes trois matchs durant cette compétition, mais tu as été titularisé seulement en finale.

Et pourtant, il n’y avait que Conte blessé et Zambrotta suspendu, puisqu’il avait pris un rouge en demies, donc je n’étais pas une solution de secours. Tous les joueurs offensifs étaient à disposition. J’étais entré en jeu contre les Pays-Bas à la place d’Inzaghi et j’avais même failli marquer plusieurs fois. Ma bonne prestation avait tout simplement convaincu Dino Zoff de me titulariser.

Sur le papier, c’était une belle équipe d’Italie, mais la préparation fut compliquée.

C’est exact. Il y a eu beaucoup de joueurs qui ont été contraints de déclarer forfait les semaines précédentes. C’était le cas de Bobo Vieri, Diego Fuser, Giuseppe Pancaro, Dino Baggio. Gigi Buffon s’est même blessé lors du dernier amical contre la Norvège, tandis que Paolo Maldini était incertain jusqu’au bout. Mais bon, les joueurs qui les ont remplacés ont fait le boulot, la preuve, on a été à deux doigts de remporter cet Euro. Moi, la Nazionale, je l’avais intégrée plutôt sur le tard, d’ailleurs. J’avais fait mes débuts fin 1998, puis je suis revenu dans le groupe en mars 2000, je n’ai même pas disputé une seule rencontre de qualif, mais j’ai répondu présent.

Pour beaucoup, la faute de cette défaite revient à Del Piero puisqu’il loupe deux belles occasions de doubler la mise.

On ne peut pas en faire le bouc émissaire, c’est une question de chance aussi. Des fois, tu frappes n’importe comment et tu marques. Inversement, parfois tu t’appliques pour tirer le mieux possible, et ça ne rentre pas.

Quel était votre état d’âme après l’égalisation in extremis de Sylvain Wiltord ?

On avait tout simplement compris qu’on avait perdu… N’oublions pas qu’on restait sur une demi-finale dantesque contre les Pays-Bas, à 10 pendant 100 minutes, avec prolongation et tirs au but. Tout ceci face à un des deux pays organisateurs. Une fois que Wiltord a égalisé, on n’avait plus rien dans les jambes et on attendait le coup de grâce d’un moment à l’autre…

Et dans les vestiaires après la défaite ?

Personne n’avait envie de parler, il n’y a pas grand-chose à dire dans ces moments-là. Certains joueurs pleuraient, d’autres étaient complètement désespérés. Que pouvait-on se reprocher ? Il nous manquait juste un brin de chance. Zoff n’a pas fait de grands discours non plus, c’était inutile.

Paradoxalement, tu marquais ce soir-là le but le plus important de ta carrière…

Oui, et c’est un paradoxe dont je me serais bien passé. D’autant qu’à l’époque, l’Italie ne gagnait plus l’Euro depuis déjà 32 ans. Là, il y a quinze autres années qui sont passées et toujours pas de titre européen malgré une autre finale en 2012. Je fais partie des quatre joueurs italiens ayant marqué dans une finale européenne, les autres sont ceux de 68, Riva, Domenghini et Anastasi.

On sent que 15 ans après, la pilule ne passe toujours pas…

Je confirme, c’est un très très mauvais souvenir. Aujourd’hui encore, j’ai beaucoup de mal à en parler. La blessure ne s’est toujours pas refermée et je ne sais pas si elle cicatrisera un jour.

Deux ans plus tard, lors de la Coupe du monde en Asie, l’Italie est éliminée par la Corée du Sud, à cause encore du but en or, c’est une règle que tu hais ?

Elle était très injuste, heureusement qu’elle n’existe plus. Les matchs doivent être joués jusqu’au bout et l’équipe qui encaisse un but en prolongation doit avoir l’opportunité de revenir au score. Et si la règle avait été appliquée dans le temps réglementaire ? La finale se serait arrêtée après mon but et l’Italie aurait gagné, c’est ça ? Non, la France, elle, a eu justement l’occasion d’égaliser jusqu’à la dernière seconde.

Après les récents scandales au sein de la FIFA, tu as repensé à l’arbitrage de Byron Moreno lors de ce fameux 8e de finale contre la Corée ?

C’est sûr que c’était un arbitrage discutable, comme cela est arrivé également dans d’autres rencontres. Mais ce soir-là, ce fut assez incroyable. Maintenant, on peut toujours pointer du doigt l’arbitre, mais j’estime qu’une équipe comme l’Italie devait l’emporter haut la main contre la Corée du Sud. Peu importe la prestation de l’homme en noir.

En 2002, tu étais le dernier choix d’une attaque stratosphérique.

Oui, il y avait Bobo Vieri, Pippo Inzaghi, Totti, Del Piero, Montella et puis moi. Et encore, il n’y avait pas Roberto Baggio. Quand on voit le secteur offensif de la Nazionale aujourd’hui, j’ai du mal à penser à une équipe qui réussira à remporter quelque chose, car il y a vraiment très très peu de joueurs de caractère ou charismatiques.

Parlons de souvenirs plus joyeux. Tu es resté si longtemps à la Roma qu’on en oublie que tu as été formé dans un autre grand club, l’Inter.

Et cette Inter sortait de plusieurs années difficiles. Hormis la deuxième place de 1993 et la Coupe de l’UEFA l’année suivante, on ne s’est jamais mêlé à aucun titre. Moi, je la quitte en 1995 alors que Moratti avait racheté le club quelques mois plus tôt. Il avait eu de suite l’ambition de recruter des grands champions, et effectivement, il y a eu une révolution dans l’effectif, même s’il a fallu du temps avant de gagner.

Tu signes alors à la Roma où tu restes 10 saisons en marquant exactement 83 buts en 300 matchs et avec une réputation de bourreau de la Lazio.

Et sans être tout le temps titulaire ou avant-centre, puisqu’il m’est même arrivé de jouer milieu gauche. Sur ces 83 buts, j’en colle 9 à la Lazio, c’était encore le record jusqu’au doublé de Totti en janvier dernier. Je n’ai pas besoin de décrire l’importance de cette rencontre ici à Rome, donc c’est pour cela que je suis entré dans le cœur des supporters giallorossi.

Mais Nesta te parle encore après toutes les misères que tu lui as faites ?

(rires) Bien sûr ! D’autant que c’est un très bon ami et on a partagé beaucoup de moments ensemble en Nazionale. À chaque fois qu’on se voit, je ne perds pas une occasion de le chambrer sur le sujet !

Tu as quitté la Roma il y a dix ans, Totti avait déjà 29 ans, tu t’attendais à le voir aussi longtemps sur les terrains ?

Absolument pas. D’un côté, je suis évidemment très content pour lui, mais de l’autre, j’ai des regrets parce que je me dis que si je n’avais pas eu de problèmes physiques, j’aurais pu prolonger ma carrière de quelques années. J’aurais aimé avoir sa longévité, mais j’ai dû raccrocher à 34 ans en 2007 après une dernière saison à l’Ascoli.

D’ailleurs, un an plus tard, tu as fait une pige chez les pêcheurs d’Ostia, une équipe amateur qui évoluait alors en D6, mais ça ne s’est pas forcément bien passé.

Le problème, c’est que tu penses prendre une licence comme ça pour t’amuser, mais en vérité, tu n’y arrives pas. Le style de jeu est tellement différent, et puis les arbitres veulent être un peu trop protagonistes et ont dans le viseur le joueur le plus connu. Par exemple, une protestation qui est classique en Serie A, et bien à ce niveau, ça devient une expulsion. J’ai marqué un paquet de buts, mais j’ai aussi pris pas mal de cartons rouges…

Et que fait Marco Delvecchio maintenant ?

Je profite de ma famille et de mes enfants. Je travaille un peu par-ci par-là en attendant une bonne opportunité dans le monde du football, vu que j’ai passé mes diplômes pour entraîner jusqu’en Serie A.

Tu as dansé aussi, tu as eu plus de mal à digérer la finale de l’Euro 2000 ou celle de Danse avec les stars 2012 ?

(rires) La première ! La seconde, j’ai quand même fini devant Bobo Vieri.
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Propos recueillis par Valentin Pauluzzi

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