- Ce jour-là
Delem : l’oeil brésilien de River
Le point commun entre Ortega, Gallardo, Saviola, D´Alessandro, Aimar, Solari, Crespo, Mascherano, ou Falcao ? River Plate, bien entendu. Mais aussi, le Brésilien Delem, grand dénicheur de talents pour le club à la diagonale rouge, décédé il y a tout juste quatre ans.
« Nous disposons d’une organisation efficace à l’intérieur du pays, River paie neuf personnes chargées de collecter des informations sur les joueurs qui se distinguent dans un championnat, ou dans le club de leur village. Par exemple, Pablo Aimar a été découvert par Jorge Busti, qui nous l’a recommandé sans attendre » . Quand Vladem Lazaro Ruiz Quevedo, dit Delem, prend en charge en 1989 la direction des divisions inférieures de River Plate, il ne révolutionne pas les méthodes de détection, mais son flair ajouté à sa préoccupation pour le bien-être des jeunes recrues, vont donner des résultats spectaculaires.
Ortega, l’insoumis
Certains voient d’ailleurs dans son licenciement en 2001, conséquence de l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante, le début de la fin pour River. Le rendement de la cantera baisse, et les jeunes talents sont vendus trop rapidement. Pour Delem, tout devait être entrepris pour que les pépites en herbe se sentent illico à leur aise chez les Millionarios. Les entraîneurs devaient se comporter en « véritables pères. » Quand le Brésilien voit débarquer Ariel Ortega, 15 ans, de sa lointaine province du Jujuy, il lui accorde ainsi une nuit de repos avant de passer son audition balle au pied. Mais l’ado est rebelle et rejette l’attention : « Je suis venu pour jouer, et je veux jouer maintenant. »
Le début de la relation entre Delem et les Millionarios remonte au début des années 60. River vit alors une crise de résultat et décide de recruter à l’étranger pour développer un football spectaculaire. Débarquent alors l’Uruguayen, Domingo Pérez, l’Espagnol, Pepillo et les Brésiliens Moacir, Roberto, et Delem. Ce dernier, milieu gauche offensif acheté à Vasco de Gama, sera le seul à défendre durablement l’uniforme à la diagonale rouge.
Un bar de Buenos Aires, théâtre de son dernier souffle
De 1961 à 1967, Delem inscrit trente-cinq buts en près de cent matches pour River. Les Millionarios se trouvent alors au coeur de leur historique traversée du désert, ces 18 années sans titre. En 1966, ils atteignent bien la finale de la Copa Libertadores, mais s’inclinent face à Peñarol. Quand il raccroche les crampons, Delem, sept capes avec la Seleçao, revient à River, en tant qu’assistant de son compatriote, Didi. Sa carrière d’entraîneur l’enverra prendre en main une bonne demi-douzaine de clubs albiceleste, dont l’Argentinos Junior, où il dirige le jeune Maradona.
Une fois éjecté de River, Delem va faire bénéficier de son oeil à Ferro Carril Oeste et participé au programmé télé « Camino a la gloría » , qui donnait une opportunité à un jeune argentin de passer un essai au Real Madrid. Le 28 mars 2007, à 71 ans, le Brésilien adopté par l’Argentine s’effondre définitivement dans un bar de Buenos Aires. En ce jour anniversaire, Ariel Ortega, Hernan Crespo, Marcelo Gallardo, Matias Almeyda, Pablo Aimar, Javier Saviola, Santiago Solari, Martin Demichelis, Andres D’Alessandro, Gonzalo Higuain, Maxi Lopez, Javier Mascherano, et Radamel Falcao, entre autres, doivent avoir une pensée pour lui. Les fans de River aussi.
Par Marcelo Assaf, avec Thomas Goubin.