- Euro 2016
- 8es
- Italie-Espagne
Del Bosque : le réveil de la force ?
Personnage tout en rondeurs, Vicente del Bosque n'a jamais été du genre à pousser des gueulantes. Après trois matchs où il est apparu très effacé, « El Marqués » doit faire des choix marquants face au redoutable 3-5-2 d'Antonio Conte. Les fera-t-il ?
Depuis la défaite contre la Croatie, pas facile de s’y retrouver. Un jour, la presse espagnole annonce un changement de système, de nouveaux joueurs, un milieu et une attaque recomposés de fond en comble. Un autre, ce serait le statu quo. Si bien qu’à quelques heures du huitième de finale contre la Nazionale, on ne sait toujours pas quels sont les plans de Vicente del Bosque. Le sélectionneur a toujours été du genre cachottier. Pour l’anecdote, même ses fils ne savaient pas qui de David de Gea ou d’Iker Casillas serait titulaire. Par instant, on retrouverait des réminiscences de Roger Lemerre qui avait lancé : « Si mon chapeau savait pour qui je vote, je le brûlerais. » Sauf que là, ce serait plus la moustache.
Du neuf ou le statu quo ?
Malgré une qualification pour les huitièmes de finale après deux matchs, « El Marqués » n’a pas fait tourner contre la Croatie. Remplie de certitudes, la Roja a quitté Bordeaux avec des nœuds au cerveau. Certains ont évoqué la température (30 degrés) et l’humidité pour expliquer la contre-performance. Un brin tiré par les cheveux. En conférence de presse, Juanfran a reconnu qu’ils s’étaient relâchés en cours de match et que la sanction est tombée. Au-delà de ça, Del Bosque a aussi pris le risque de se couper d’une partie de son effectif. Le groupe vit bien, paraît-il. VDB et Jordi Alba ont accusé la presse d’inventer des disputes. Piqué en a remis une couche en partageant sur son compte Twitter une vidéo humoristique. Mais comme dirait Caïus dans Kaamelott, le poisson sur la berge remue plus que dans l’eau…
— Gerard Piqué (@3gerardpique) 25 juin 2016
C’est peut-être pour récupérer son groupe qu’ « El Bigote » a effectué plusieurs essais tout au long de la semaine, sans que l’on sache encore s’il effectuera des changements dans son XI de départ. Au cours des différents entraînements, il a testé Bellerín, Mikel San José, Koke et Aduriz, avant de revenir à son équipe type, avec Busquets devant la défense et Morata en pointe. Il a préféré s’entraîner une dernière fois à Saint-Martin-de-Ré, plutôt que de reconnaître la pelouse du Stade de France. Pour l’heure, on n’est pas plus avancé.
Insister sur les ailes
Contre les Pays-Bas en 2014, l’Espagne avait coulé face à une défense à trois. Opposé au 3-5-2 de Conte, Del Bosque veut faire mal sur les côtés, d’autant que la BBC est sous le coup d’un deuxième carton jaune synonyme de suspension pour un éventuel quart de finale et que Candreva est forfait. Silva est indéboulonnable à droite. Nolito sera-t-il titulaire à gauche ? Pas sûr. Mais même s’il a été moins en vue offensivement que prévu, il effectue un énorme travail de récupération. Il est même le meilleur attaquant de l’Euro dans ce domaine. Difficile de s’en passer.
Néanmoins, le sélectionneur a essayé un système avec Morata à gauche et Aduriz en pointe. Cette éventualité rappelle le match contre… l’Italie en amical en mars dernier (1-1). En sortie de banc, Lucas Vázquez aurait plus la cote que Pedro, qui a eu la bonne idée de se plaindre publiquement de son rôle dans l’équipe. Il a même été question que le Madrilène soit titulaire.
Trop tard pour tout changer ?
Reste également, en suspens, la question du milieu de terrain. Doble pivote ou pas ? L’aficion le réclame en tout cas. VDB avait fait ce choix lors de l’amical en mars (San José – Thiago). Koke pourrait compléter Busquets afin de donner plus d’assise au centre du jeu. Surtout, cela permettrait de mieux protéger Iniesta, peu en vue contre la Croatie. Certes, Fàbregas a réalisé son meilleur match à Bordeaux. Le réel problème, c’est que Del Bosque se déjugerait par rapport au premier tour. Tout bouger passerait-il pour un aveu de faiblesse ?
Incorporer un peu de furia au tiki-taka comme le suggère Koke dans AS paraît indispensable. Fàbregas a parlé des « huevos » espagnols. Pour autant, Del Bosque n’a pas trouvé que son équipe avait mal joué contre la Croatie. Bluff ou aveuglement ? Une chose est sûre : elle n’était pas prévue au programme et l’idée de jouer avec les même onze titulaires a pris du plomb dans l’aile. À force de ne pas choisir, le sélectionneur s’est peut-être mis tout seul dans le rouge. Favorite mais sans certitude, un paradoxe dont la Roja se serait bien dispensée.
Par FM Boudet, à Madrid