- Euro 2016
- 8es
- Espagne-Italie (0-2)
Del Bosque est tombé tout seul dans le piège italien
On a beaucoup parlé de la maîtrise tactique de Conte. Mais si l'Italie a plié une Roja sans âme, c'est aussi à cause de la gestion de Vicente del Bosque.
Dès 17h, l’affaire était déjà entendue. À l’annonce de la composition du XI espagnol, l’Italie était déjà en quarts de finale contre l’Allemagne. Pour la quatrième fois, Vicente del Bosque a aligné le même système et les mêmes joueurs. Celui qui aura fait vaguement illusion en phase de groupes. Plus les jours avançaient, plus la possibilité de voir des joueurs frais titularisés s’amenuisait. Les médias espagnols ont essayé d’y croire, mais « El Marqués » et son staff se sont embourbés. Une équipe est souvent le miroir de son entraîneur. Italie-Espagne a été un modèle du genre. D’un côté, un Antonio Conte bondissant, rugissant. De l’autre, un VDB engoncé dans sa guérite, tentant vainement de remonter son équipe. Mollement. Del Bosque n’a rien transmis à son effectif. Cet Italie-Espagne, c’était une équipe contre 11 joueurs. Du choix des 23 au fracas de Saint-Denis, la Roja a essayé de masquer l’évidence : il y a un problème interne profond. Depuis 2014, rien n’a été fait en ce sens. Les attaques des joueurs sur le rôle de la presse sont souvent un indicateur précis de la réalité. Il fallait du sang neuf à la tête de la Selección. Del Bosque n’était pas trop chaud pour rester. Ángel María Villar, le président de la Fédération, l’en a finalement persuadé. Le pire, c’est que l’Espagne n’a pas tellement de solution de rechange et VDB pourrait rempiler 2 ans.
La faillite prévisible du milieu
Face à cette Italie bien plus talentueuse qu’il n’y paraît, il ne faut jamais au grand jamais être mené au score. Sa défense est sa meilleure arme, sa rampe de lancement. Pendant toute la première période, l’Italie a marché sur la Roja. C’en était indécent. Rentrer au vestiaire avec seulement un but de retard tenait presque du miracle. En l’espèce, Conte n’a pas fait un « coup » . Il a juste appliqué son plan parfaitement rodé. C’était au sélectionneur espagnol de porter ses « huevos » et d’innover. Sans doute étourdi par le match potable de Cesc Fàbregas contre la Croatie, Del Bosque a de nouveau fait confiance au Catalan. Grosse erreur. De Rossi, Parolo et Giaccherini s’en sont donné à cœur joie au milieu. Une véritable humiliation. En refusant de choisir, VDB a creusé la tombe de l’Espagne. En complément de Sergio Busquets, Koke aurait été bien meilleur, lui dont le sens tactique aiguisé a souvent été mis en avant dans la presse locale. Fàbregas n’a pas été le seul a être aux fraises. La Roja manquait de jus. Il fallait faire tourner contre la Croatie, mettre Iniesta au frigo et le ressortir tout frais. Non seulement son match contre la bande à Modrić avait été discret, mais en plus Ante Čačić avait montré à Conte la marche à suivre pour museler le génie ibérique. Découpez le long des pointillés.
Bricolage et reniement
Après le match contre la Turquie, aucune dithyrambe n’était assez forte pour qualifier le jeu de la Roja. Un dragster sans Vincent Perrot, mais avec Andrés Iniesta à son bord. Le parfait trompe-l’œil. Mieux que personne, les Espagnols savent que sans tactique, il est impossible de gagner un grand tournoi. La fin de match a reflété ce qu’est réellement la Roja : un bordel. Dans la précipitation, au lieu de sortir Fàbregas, c’est Nolito qui a été sacrifié à la mi-temps pour passer à un système à deux pointes, avec Aduriz pour épauler le très discret Morata. Une combinaison qui avait fonctionné contre l’Italie en amical en mars. La MSN, « LE » choix de Del Bosque a vécu. Elle a explosé dès le premier écueil. À 19h, elle était cliniquement morte. Certes, l’Espagne a pressé plus haut dans cette nouvelle configuration et a gêné les sorties de balle transalpines. Mais sincèrement : y a-t-il eu un seul moment où l’Italie n’a pas été en contrôle ? Le manque de profondeur de banc a fini d’achever la Selección quand Aduriz a dû sortir. Avec Morata cramé comme prévu après une heure de jeu, Lucas Vázquez (1 sélection) était la solution numéro 1. Sans l’attaquant de Bilbao, VDB s’est retrouvé à poil, contraint de faire entrer Pedro qui, après ses déclarations tapageuses concernant son manque de temps de jeu pendant cet Euro, aurait dû être attaché à un arbre le long d’une départementale de l’Île de Ré. À Valence, l’aficion a dû rire jaune. Il ne fallait pas se priver de Paco Alcácer… Cette fois, Gerard Piqué n’a pas sauvé les apparences.
Les Espagnols qui ont tant vanté le tiki-taka s’en sont remis aux coups de pied arrêtés et aux frappes lointaines. Tout simplement, « El Marqués » s’est enferré dans le piège tendu par Conte, et ses joueurs n’ont pas été au rendez-vous. Ramos, Fàbregas et Silva sont au centre des critiques. Malgré son palmarès exceptionnel, le départ de VDB est plus que souhaitable pour l’Espagne. Dans les prochains jours, plusieurs joueurs majeurs devraient également mettre le clignotant à gauche (11 joueurs sur 23 ont entre 28 et 32 ans), à moins que la Fédération ne trouve un sélectionneur suffisamment sexy pour remotiver les cadres, ce qui est encore loin d’être gagné. Un homme de la trempe de Del Bosque aurait mérité de meilleurs adieux, mais de toute évidence, il était impossible de réussir dans un tel contexte et avec de tels non-choix. Désormais, la Selección entame un nouveau chapitre. Le futur de la Roja doit à présent s’écrire sans lui.
Par FM Boudet