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Dejan Lovren, la passion est allée trop loin ?
En difficulté depuis le début de saison, Dejan Lovren a sombré contre Tottenham il y a deux semaines. Le début du cauchemar pour le Croate, depuis menacé de mort par un supporter alors qu'il joue sous anti-inflammatoires depuis le début de la saison à cause de problèmes au dos et au tendon d'Achille.
Ce 22 octobre à Wembley, Dejan Lovren a probablement vécu la pire demi-heure de sa carrière de footballeur professionnel. Trente minutes de souffrance face à Tottenham, avec en conclusion la décision de son coach Jürgen Klöpp de le sortir du terrain sans autre forme de procès. Un choix ambivalent tant il pouvait, à ce moment du match, apparaître comme une sanction à l’égard d’un joueur qui a failli, ou au contraire un acte de grande merci pour un homme en souffrance. Depuis ce funeste jour, l’international croate a pris cher, tant dans les médias que sur la sphère Internet. Toujours très mesuré et sérieux, le Guardian a même parlé de « art of un-defending » pour qualifier des prestations toujours plus inquiétantes de l’ancien Lyonnais, pourtant prolongé à Anfield en avril dernier, substantielle augmentation salariale à la clé.
Lovren, menacé puis cambriolé
En échange de cette rallonge financière conséquente, le board de Liverpool et ses supporters étaient donc en droit d’attendre certaines garanties. Mais depuis le début de la saison, Lovren n’a fait que s’enfoncer, à tel point que les critiques se sont donc transformées en menaces il y a quelques jours. « Je vais tuer ta famille, sale Croate » a cru bon de déclarer un supporter anonyme en commentaires sur le compte Instagram du joueur. Et susciter par là même la réaction indignée du joueur sur son compte personnel, photo à l’appui : « Certaines personnes sont horribles. Je m’en fous qu’on dise de la merde sur moi, cela en dit plus sur les gens (que sur moi) ! Mais c’est impossible à ignorer quand ma famille est menacée. Je ne peux l’accepter. Dégoûté. » Difficile de donner tort au joueur qui, loi des séries oblige, a vu son domicile visité par des cambrioleurs le soir de Liverpool-Maribor en Ligue des champions. Un match auquel il assistait, mais ne pouvait jouer pour cause de blessure.
Sous anti-douleur depuis plusieurs semaines
Depuis la révélation de ces menaces néanmoins, un élément de solidarité a commencé à émerger du côté d’Anfield. Via Jürgen Klopp d’abord, qui a pris publiquement position pour son joueur : « Ce n’est bien sûr pas la plus belle semaine de la vie de Dejan, mais ce n’est que du foot. On ne devient pas une meilleure ou une moins bonne personne à cause d’une erreur lors d’un match de foot. Quand je pense à Dejan, j’ai bien plus de choses positives que de choses négatives à dire. » Du côté des supporters, la sympathie est loin d’être unanime, mais a malgré tout permis à Dejan Lovren d’être nommé joueur du mois par les supporters avec 33% des suffrages, à égalité avec Mohamed Salah, le vrai favori des fans liverpuldiens ces derniers mois.
Pour le Croate, ce titre honorifique a le mérite de récompenser un joueur qui, à défaut de briller, a fait quelques sacrifices pour ses couleurs ces dernières semaines. Notamment en acceptant de jouer sous anti-douleur – il prendrait cinq pilules avant chaque match et ne s’entraînerait presque plus – pour supporter des élancements récurrents au dos et au talon d’Achille. Une situation qui rappelle le triste exemple de Daniel Agger, défenseur à Anfield pendant neuf saisons, avant de tirer sa révérence quelques semaines après son départ d’Angleterre, à cause d’un organisme qui n’en pouvait plus d’ignorer la douleur. Pour Lovren, elle n’est plus seulement physique.
Par Nicolas Jucha