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Déjà éliminée de la Ligue des champions, la Juventus n’a plus toute sa tête

Par Tristan Pubert
Déjà éliminée de la Ligue des champions, la Juventus n’a plus toute sa tête

Défaite ce mardi soir sur la pelouse de Benfica (4-3) et éliminée de la Ligue des champions avant même le dernier match de la phase de groupes, la Juve s’enfonce encore un peu plus dans la crise.

« Qui paye les dégâts ? » Avec une photo de Massimiliano Allegri en fond, voilà ce qu’affiche en Une le quotidien turinois Tuttosport ce mercredi matin. Une nouvelle fois, la Juve a déçu, une nouvelle fois, la Juve a montré qu’elle n’était plus au niveau, une nouvelle fois, la Juve s’est effondrée. Après cette défaite sur la pelouse du Benfica (4-3), la Vieille Dame est donc officiellement éliminée de la Ligue des champions, une première en phase de groupes depuis la saison 2013-2014. La semaine prochaine, la bande à Massimiliano Allegri devra donc batailler à distance avec le Maccabi Haïfa pour arracher une place en Ligue Europa. Un objectif bien loin des attentes initiales.

Alors qu’elle était la meilleure ambassadrice italienne en Europe ces dernières années, la Vecchia Signora en est aujourd’hui la risée. En Serie A, les partenaires d’Adrien Rabiot ne font pas mieux et pointent actuellement à une pitoyable 8e place, à dix longueurs du Napoli après seulement onze journées. Largués en championnat, déclassés en Europe, les Turinois risquent de vivre une saison des plus pénibles. Alors, à qui la faute ?

Un échec avant tout institutionnel

Le 10 juillet 2018, Cristiano Ronaldo débarque dans le Piémont pour près de 117 millions d’euros. En trois saisons sous la tunique bianconera, le plus célèbre des numéros 7 impose sa loi dans la Botte avec 101 buts en 134 matchs. « Il n’a jamais été payant de miser sur un seul joueur, sans un projet collectif autour. Un joueur ne peut pas faire le travail d’un collectif. Ronaldo n’a pas ramené la Champions à la Juve, il est là, le constat », tempérait toutefois Arrigo Sacchi. Avec le recrutement du quintuple Ballon d’or, la direction turinoise a quelque peu dérogé à ses fidèles principes en misant sur une forte individualité, au détriment du collectif. Un choix qui a entravé la progression de cette équipe à fort potentiel avec des individualités qui se sont éteintes sous l’ultradépendance à CR7, comme Paulo Dybala ou encore Douglas Costa.

Réputée pour opérer un recrutement malin et en cohérence avec l’ADN du club (Matuidi, Mandžukić, Vidal), la Juve n’est plus une référence dans ce domaine. Les dirigeants bianconeri sortent le chéquier sans trop réfléchir. L’exemple de Matthijs de Ligt est plutôt frappant : recruté pour 85 millions d’euros en 2019, le défenseur néerlandais n’a jamais convaincu et a été vendu au Bayern Munich cet été, contre 67 millions d’euros. Après son départ, le Batave n’hésite pas à tacler la direction piémontaise : « J’ai choisi d’aller à la Juve avec l’idée de jouer un football plus offensif, car l’entraîneur était Sarri : il a une grande réputation. Malheureusement, après un an, il est parti. » Au-delà du mercato, l’instabilité sur le banc (trois entraîneurs différents en trois ans) ne permet pas à cette formation de construire un projet viable. À l’été 2021, le trio Agnelli-Nedvěd-Arrivabene décide de rappeler un certain Massimiliano Allegri. « Je suis optimiste, il veut faire les choses bien », déclare d’ailleurs la plus belle tignasse blonde lors du retour du Mister à Turin.

« Cette élimination n’est pas un échec »

Un an et demi après son retour dans le Piémont, Massimiliano Allegri présente un bilan des plus catastrophiques. En 2021-2022, la Juve arrache de justesse la quatrième place, en partie grâce à un certain Dusan Vlahović, auteur de sept buts en quinze matchs. Sur la scène européenne, les hommes de Massimiliano Allegri se font sortir sans gloire par Villarreal en huitièmes de finale de la C1.

« Le football est simple, c’est le plus fort qui gagne. » C’est ce que déclarait Massimiliano Allegri en mai 2019, pour annoncer son départ de Turin. Pour le tacticien italien, « remporter un match signifie mettre un but de plus que l’adversaire, et pour marquer, il faut faire des bonnes passes à son coéquipier. »Une philosophie des plus pragmatiques qui agace les tifosi turinois. L’ancien entraîneur du Milan est aussi le roi de la dédramatisation : « Cette élimination n’est pas un échec », lâche-t-il dans le plus grand des calmes en conférence de presse d’après-match ce mardi soir. Pourtant, son équipe n’a aucun fonds de jeu, ni caractère. C’est simple, dès que l’adversaire met de l’intensité, les Bianconeri se retrouvent désemparés, comme en témoignent ces onze buts concédés en cinq matchs de C1. Face à l’élite du football italien et européen, la Juve est devenue un poids plume, les défaites face au Benfica, au PSG, au Milan ou même face au Maccabi sont là pour en témoigner. « Allegri est en retard sur ses concurrents Sarri, Spalletti ou encore Mourinho, qui démontrent la valeur de leur travail depuis un an », analysait Fabio Capello lors de l’émission Sky Calcio Club. Tacticien qui n’innove pas et ne se remet pas en question, Massimiliano Allegri version 2022 n’est tout simplement plus à la hauteur d’un club comme la Juve.

Certes, « ce n’est pas l’entraîneur qui perd ses duels », comme le soulignait Andrea Agnelli, mais difficile pour les joueurs de se montrer performants avec une direction qui ne donne aucune ligne directrice et un entraîneur qui est devenu incompétent. La Juve garde tout de même un effectif de qualité, avec des éléments talentueux comme Dušan Vlahović, Manuel Locatelli, Fabio Miretti ou encore Federico Chiesa, qui devrait revenir de blessure dans les prochaines semaines, sans oublier évidemment Paul Pogba. Des individualités qui ces derniers temps affichent un niveau très en dessous de leurs standards habituels. C’est le cas de Locatelli. Le champion d’Europe 2021, réputé pour sa combativité et sa capacité à multiplier les efforts aussi bien en phase offensive que défensive, n’est que l’ombre de lui-même, enchaînant les piètres prestations. Le symbole du désarroi turinois. Néanmoins, la saison est encore longue, et la Vieille Dame peut encore réparer les pots cassés. Et, qui sait, une belle épopée en Ligue Europa pourrait offrir un joli lot de consolation.

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Par Tristan Pubert

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