- Coupe de France
- Finale
- Les Herbiers-PSG (0-2)
Défendre face au PSG, par Les Herbiers
Par Théo Denmat
4 minutes
On attendait la branlée du siècle, il n'en fut rien. Les Herbiers se sont inclinés ce mardi soir avec deux petits buts d'écart. Probablement grâce à une tactique défensive travaillée au ciseau... et un peu de chance. Si, quand même.
Avoir un gardien en feu
Le compte Twitter français d’Opta a lâché sa statistique comme Barack Obama laisse tomber ses micros après un bon mot de fin de discours : « Edinson Cavani a inscrit onze buts en neuf finales de coupes nationales disputées avec Paris. » Mieux : malgré son but du soir, l’attaquant uruguayen aurait pu exploser le fil de la bienséance sans une certaine dose de maladresse et un portier adverse dans la forme de sa vie. Matthieu Pichot ? Blase de caviste, du talent en grappe. Le millésime 1989 a commencé par voir pleuvoir les menaces en première période comme un gosse spectateur des vendanges, avant de s’illustrer en seconde. Premier arrêt devant Cavani, à la cinquantième. Puis à deux reprises cinq minutes plus tard (devant Cavani, une nouvelle fois, et Lo Celso). La suite, ce sont des parades à la suite des frappes sur l’homme, peut-être (notamment devant Di María à la 59e et Mbappé à la 70e), le bonhomme ayant tout de même le mérite de susciter cette remarque pleine de bon sens de Jérôme Alonzo : « Quel plaisir de sentir que l’on aimante les ballons, comme ça ! » C’était avant de faire de même avec les tibias de Cavani.
Avoir les poteaux avec soi
Dans les contes pour enfants, c’est un secret de polichinelle : une règle d’auteur susurre que tout doit précisément aller par trois. Les trois brigands, les trois petits cochons, les trois ours de Boucle d’or. Trois exemples aussi, tiens. Dans cette histoire de petit poucet qu’étaient en train de vivre Les Herbiers jusqu’à ce soir, il fallait bien une dédicace quelque part. Un signe du destin. Et puisque le PSG n’était visiblement pas décidé à claquer un 3-0 à son adversaire du soir, les Parisiens ont donc eu l’élégance de compter les poteaux. Un, deux et trois, d’entrée. Histoire de mettre ça de côté et de se concentrer sur l’essentiel. En vingt minutes, Paris avait donc eu le temps d’écrire un bel incipit via Lo Celso (cinquième), avant que les péripéties de Mbappé (huitième) ne viennent précéder la chute du jeune Argentin, encore lui (vingtième). C’est aussi ça, savoir tenir le score. On parlait d’aimants : ils étaient peut-être cachés là, dans les tubes des montants. Car même Matthieu Pichot n’a pas pu sembler y résister.
Avoir la vidéo de son côté
Mais que feront Les Herbiers de toute cette oseille ? « La campagne en Coupe de France nous rapporte 1,5 million d’euros brut et 2,4 millions en cas de victoire. Elle va être un formidable accélérateur financier pour nos projets » , déclarait récemment Michel Landreau, président du club. Suffisant pour lâcher quelques billets dans le caleçon d’un Mikael Lesage (qui ne l’est que de nom), et s’assurer les talents de Philousports pour la soirée, plume talentueuse des réseaux sociaux proclamée « Roi des Gifs » par l’Hexagone. D’un pianotage sur son clavier adapté, le bonhomme n’a d’ailleurs eu besoin que de quelques secondes pour traficoter les images du but de Kylian Mbappé après l’heure de jeu (67e), et transformer le coup d’épaule décisif de Marquinhos en bras évident. Un coup de sifflet, un coup d’œil à la vidéo « officielle » du stade de France, et le tour était joué : Les Herbiers n’avaient toujours qu’un but de retard. Quelques minutes plus tard, Matthieu Pichot n’était d’ailleurs pas exclu pour une sortie dans les pieds de Cavani qui valait plus qu’un jaune, prouvant s’il le fallait encore que le mythe du Petit Poucet a bien évolué avec les ans. Ras le bol des cailloux, c’est bien trop lourd pour de si petites poches : laisser tomber quelques billets sur son chemin est une solution plus viable pour s’y retrouver à la fin du match.
Relancer court… et prier
Ce devait être une consigne pré-établie. Un précepte de jeu travaillé depuis trois semaines à l’entraînement : « Ce soir, on ne balance pas, les gars. » Stéphane Masala avait bien fait passer le mot, à en juger par le jeu développé tout au long du match par Les Herbiers. En particulier en première période. Philippe Croizon aurait presque pu compter les ballons propulsés vers l’avant sur les doigts de sa main gauche. Quitte à parfois mettre le club vendéen en danger, maîtrisant l’art de la relance avec l’envie et l’approximation d’un ado de seize ans face à sa dulcinée. Ne pas être chiche : c’était globalement et étonnamment bien réalisé. Surprenant, d’ailleurs, de constater qu’un club qui se bat pour son maintien en National peut être capable d’assurer un jeu au sol d’une telle qualité. Et si Pichot a plusieurs fois envoyé Vanbaleghem, Marie ou Pagerie au front, c’était pour mieux les voir se dépatouiller au cœur du pressing du milieu parisien. Ne pas offrir le ballon, c’est déjà un premier pas vers la victoire. Mais attention à ne pas oublier qu’un cent-mètres se gagne surtout après les trente premières foulées. Bravo quand même, les gars.
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