- Coupe du monde 2014
- 1/4 de finale
- Pays-Bas/Costa Rica (0-0, 4tab2)
Défaite Krul pour le Costa Rica
Une folie furieuse. Entré en jeu dans les ultimes instants de la prolongation, Tim Krul, troisième gardien des Pays-Bas, a envoyé les siens en demi-finale au terme d'une séance de tirs au but. Les Oranje verront bien le dernier carré.
Si ce n’est pas un coup de génie, c’est au moins un coup de poker. Une folie batave signée Louis van Gaal. Une folie payante. On dispute les ultimes instants de la prolongation à Salvador de Bahia quand Tim Krul, troisième gardien des Pays-Bas, tombe le jogging. Lui, coupeur de citrons parmi les coupeurs de citrons, entre en jeu à la place de Cillissen au moment le plus important de cette Coupe du monde 2014 pour les Oranje. Tout en intox, en psychologie et en mental, le portier de Newcastle pourrit les Costariciens, sort deux tirs au but et envoie les siens en demi-finale. Une image à la hauteur d’une rencontre totalement dingue. Une partie qui aurait pu ne pas voir la prolongation sur une barre tranversale de Robin van Persie dans les ultimes instants du temps réglementaire.
L’architecte Sneijder, le coffre-fort Navas
Il n’a pas construit les stades brésiliens, mais il aurait pu. Ne serait-ce qu’avec une poignée de ballons longs. Chef d’orchestre d’une équipe hollandaise qui s’en remet trop souvent à Arjen Robben pour boxer son adversaire, Wesley Sneijder dessine des courbes enivrantes ça et là sur le rectangle vert. Tantôt pour Kuyt, tantôt pour Van Persie, parfois pour Robben, le cocu du Ballon d’or 2010 rappelle, à coups de gestes élégants, qu’il reste un joueur d’exception. Un footballeur souvent détesté, mais prêt à sauver sa nation et qui a trouvé quelqu’un pour lui donner la réplique : Keylor Navas, un nom d’acteur et de larges épaules qui portent très bien le costume du héros. Impressionnant depuis le début de la compétition, le gardien de Levante est une nouvelle fois impeccable face à Robin van Persie puis Memphis Depay et permet aux siens de rester dans la partie. Dominés mais du genre à jouer le moindre coup comme des morts de faim, les Costariciens se procurent quelques occasions. Quand ce n’est pas un coup franc lointain de Bolaños, c’est un contre éclair ou une accélération de Joel Campbell. Rien de bien inquiétant pour Cillessen. Juste ce qu’il faut pour maintenir les Oranje sous pression. 59e minute, première passe loupée du maître Wesley. Sapés comme des RP d’ING Direct, Louis van Gaal et Patrick Kluivert portent la cravate orange et la gueule des mauvais jours. Ce quart a des airs de traquenard. Hors-jeu les trois quarts du temps, Robin van Persie utilise les 25% qui restent à jouer en une touche. Une vie de déviation, de remise et de jeu dos au but tout en justesse, mais parfois en manque d’égoïsme.
Les fourberies d’Arjen
Les Oranje sont en mode altruistes, à l’image d’un Arjen Robben aussi souvent à la recherche de la passe que de l’exploit individuel. Étrange. De fait, les Costariciens parviennent à exister. Toujours en contre, la sensation de ce Mondial ne rechigne jamais au moment de tenter de renvoyer les Pays-Bas à leur lose. Dans ce duel à la vie à la mort, les héros qui croisent le fer sont les mêmes. Auteur d’un coup franc splendide, d’une caresse aussi délicate que violente, Wesley rencontre un autre métal : le poteau droit de Keylor Navas. Sauvé par son montant, le portier costaricien est à la parade quelques instants plus tard face à Van Persie. Même trio, même duel quand, dans la foulée, d’un ballon piqué tout en douceur, Sneijder cherche un RVP bien loin de celui qui avait puni l’Espagne d’une tête à la limite de l’humain. Ils auraient pu être nombreux à se partager l’affiche, mais ils ne seront que deux. Keylor et Wesley, deux hommes qui aiment la tragédie et qui ont envie de donner à des quarts de finale jusqu’ici décevants ce qu’ils méritent : un peu de suspense. Prolongation donc, entre Keylor Navas et les Néerlandais. Une parade sur une tête de Vlaar pour entamer les 30 minutes de rab et une frayeur : un genou douloureux suite à une sortie loupée. Les ultimes minutes de la rencontre sont celles du cinquième arbitre de la rencontre : Arjen Robben. Toujours aussi vif, toujours aussi fourbe, le Munichois agace, régale, brise des reins et gratte des fautes. Serein, le sélectionneur du Costa Rica papote avec Robben pendant que Ureña, d’un rush totalement fou, manque de peu de planter le but du K.O. Mort imminente toujours, Sneijder profite de l’ultime minute de la prolongation pour envoyer une incroyable mine sur la barre transversale de Keylor « Baraka » Navas. Un gardien génial qui vient de se faire voler la vedette par un gardien fou. En même temps, n’est-ce pas le propre d’un portier ?
Par Swann Borsellino