- C3
- Finale
- Atalanta-Bayer Leverkusen (3-0)
Leverkusen, le dur retour sur terre
361 jours et 51 matchs plus tard, le Bayer Leverkusen n’est officiellement plus invincible. Face à une éblouissante Atalanta, le Werkself a enterré ses rêves de triplé historique. C’est dur, mais cela ne signifie pas non plus que tout doit être jeté aux oubliettes.
Robert Andrich : « C’est extrêmement dur, et nous avions évidemment espéré autre chose. Mais nous devons être honnêtes envers nous-mêmes : le résultat d’aujourd’hui est mérité. » Xabi Alonso : « Ce n’était pas notre jour et nous devons l’accepter et féliciter l’Atalanta pour sa victoire méritée. Nous n’avons pas su jouer notre jeu et ils nous ont été supérieurs en tout point. » Granit Xhaka : « Depuis le début, on s’en foutait de la série. Ce qui compte, c’est le match. C’est comme ça que fonctionne le football. » On pourrait continuer comme ça longtemps, mais il serait malvenu de remuer le couteau dans la plaie. Après la déconvenue subie face à l’Atalanta en finale de Ligue Europa ce mercredi soir, c’était un profond sentiment d’amertume qui dominait dans les rangs du Bayer Leverkusen. À quatre jours près, le Werkself atteignait la barre symbolique d’un an d’invincibilité en match officiel. Mais la Dea de Gian Piero Gasperini en a décidé autrement, sans peur et sans reproche, de telle sorte qu’il faudrait davantage souligner la victoire parfaitement maîtrisée des Bergamasques plutôt que la défaite des Leverkusener.
Quand le naturel revient au galop
D’autant plus qu’il ne faut pas chercher très loin pour expliquer cette nouvelle désillusion du Werkself dans une finale européenne, 22 ans après l’annus horribilis cuvée 2002, et qui peut s’expliquer très simplement : hormis quelques changements classiques cette saison en Ligue Europa (Matěj Kovář dans les buts, pas de vrai 9 devant, mais une paire Adli-Frimpong devant Florian Wirtz…), Xabi Alonso a lancé les hostilités sans prendre de risques inconsidérés (seule la titularisation d’Exequiel Palacios à la place de Robert Andrich au coup d’envoi pouvait poser question). Mais au vu du nombre incalculable d’erreurs techniques et individuelles, de passes ratées et de duels perdus face à un pressing étouffant, pas d’autre explication, sinon celle que ses protégés ont fini par craquer mentalement, comme cela aurait dû arriver un jour ou l’autre.
Coupable sur le premier but de Lookman, Alejandro Grimaldo a été méconnaissable, autant que Granit Xhaka, totalement déposé par le Nigérian au moment où celui-ci inscrit le but du break. Et alors que l’on pouvait croire à une petite remontée au score comme les Rouge et Noir s’en sont fait une spécialité cette saison, le coup de grâce porté par l’ancien du RB Leipzig a fini d’achever Florian Wirtz, remplacé quelques minutes plus tard et venu rappeler qu’il n’a que 21 ans et que son manque d’expérience est insuffisant pour porter seul son équipe – si séduisante soit-elle – surtout face à une machine aussi bien rodée que l’est l’Atalanta d’un Gasperini qui y officie depuis maintenant 385 matchs.
Voir « Lever » à moitié vide ou à moitié plein ?
Bref, on peut sans hésiter parler d’un non-match de la part du Bayer Leverkusen. Dommage que celui-ci se soit justement produit lors de la soirée qui lui aurait permis de cocher la deuxième case de son tiercé gagnant en matière de trophées. Cela signifie-t-il pour autant qu’il faille jeter la saison écoulée à la poubelle ? Non, à en croire les dires de Granit Xhaka, mais pas sûr que les supporters soient du même avis que lui, tant l’objectif paraissait réalisable. Il n’empêche : ce coup de grisou ne doit pas faire oublier que le Werkself restera à jamais le premier club allemand à remporter la Bundesliga sans aucune défaite dans la musette, ce qui n’est déjà pas rien, eu égard au palmarès du Bayern lors de la décennie écoulée. Et surtout, comme le rappelait Xhaka après la rencontre : « Nous avons une autre finale à disputer samedi prochain. » Ce sera contre Kaiserslautern, pensionnaire de D2, pour soulever la Pokal au stade olympique de Berlin. En cas de victoire, Leverkusen deviendrait le sixième club seulement à réaliser le doublé Coupe championnat en Allemagne, après Schalke 04, le Bayern Munich, le FC Cologne, le Werder Brême et le Borussia Dortmund. « L’équipe a réalisé une incroyable saison, et nous le montrerons une fois de plus à Berlin », se consolait pour sa part le directeur sportif Simon Rolfes. À juste titre car, même si l’époque favorise la culture de l’instant, il ne faudra pas oublier que, malgré cette défaite, le Bayer Leverkusen a déjà réalisé l’une des plus grosses performances footballistiques du XXIe siècle.
Par Julien Duez