- L1
- OM/Saint-Etienne
Dédé éprouvette
Impensable il y a encore un mois, André-Pierre Gignac a l'occasion face à Sainté de passer seul meilleur buteur de l'OM. Il vaudrait mieux pour les Olympiens. Car depuis le début de l'année, la courbe de Marseille suit celle de son attaquant.
« Quel est le vrai poids d’André-Pierre Gignac ? » « Pour être aussi lent, que mange André-Pierre Gignac ? » « André-Pierre Gignac a mangé Paul Le Poulpe ! » « Les Panini de Gignac » . « Chez Gignac, tout est lourd, sauf sa frappe » . « Avant de le faire rentrer sur le terrain, on va d’abord essayer de le faire rentrer dans son short » . En octobre-novembre-décembre, les Guignols de l’Info ont fait leur beurre sur le ventre du Marseillais. Malheureusement pour eux, l’ancien buteur du Téfécé a pris deux bonnes résolutions pour la nouvelle année. La première, déménager. Le Martégal a quitté Fos-sur-Mer et toute sa smala pour la banlieue de Marseille. Le but : remettre le foot au centre et ainsi, s’éviter de filer à l’anglaise après les entraînements au centre RLD pour engloutir au plus vite les trois-quarts d’heure de trajet. La deuxième, assumer. Sa conférence de presse surprise du mardi 11 janvier 2011 restera peut-être comme un tournant bien involontaire de ce championnat de France de Ligue 1. « Si je ne venais pas avant, c’est que je n’avais rien à vous dire. Là, je suis venu pour faire mon autocritique par rapport à ma première partie de saison.[…] Alors je vous le dis ce club est fait pour moi, je vais tout faire pour réussir et je vais y réussir, je vais à nouveau marquer des buts…il est inconcevable que ça se passe autrement » .
Couillu et payant. Avant : un but en cinq mois de championnat. Après : quatre buts en quatre matchs. Au-delà de l’introspection, APG pourrait d’abord expliquer son retour en force par la résorption de cette blessure vieille de plus d’un an, puis par son judicieux repositionnement sur la gauche de l’attaque phocéenne. Ainsi Deschamps lui a fait comprendre qu’il n’y avait pas que le but dans la vie, mais le collectif et la passe aussi. Et comme par enchantement, son pouce a retrouvé le chemin de sa bouche. Car Gignac ne joue jamais aussi bien que quand il est spontané. A l’image de ses deux buts contre Sochaux. Combien de temps qu’il n’avait pas passé sa spéciale Thierry Henry : repique intérieur pour l’enrouler dans le petit filet opposé ? Que dire enfin de sa volée comme elle vient et tout en réussite. Ces deux réalisations sont le symbole même de la fameuse confiance retrouvée du joueur de football professionnel. Une métamorphose qui n’a pas échappé à un Lucho d’une logique imparable : « Chacun sait que c’est un joueur de grande qualité qui avait juste besoin de mettre quelques buts pour prendre confiance. Alors on est tous contents car si c’est bon pour lui, c’est bon pour l’équipe » .
Didier Deschamps l’a dit. Pour être champion, il faut un réel buteur, capable de conclure sa saison avec au moins 15 unités au compteur. Didier Deschamps dit vrai. Arrimé aux places d’honneur, l’OM s’est fait une place sur le podium dès qu’André-Pierre a retrouvé la définition de scoreur dans le dictionnaire. Depuis début 2011, Marseille a pris 10 points sur 12 possibles. Soit la meilleure moyenne de L1, à égalité avec le LOSC. Malgré tout, l’attaque marseillaise tient plus du château de cartes que de la pyramide. Gignac n’est efficace que si et seulement si Brandao se coltine le sale boulot dans l’axe. On a vu ce que ça donnait à Monaco quand le Brésilien était suspendu. Une tannée pour Rémy et le pire match de l’année, juste derrière Bordeaux-Rennes. C’est dire. Face à Sainté, Dédé aura la Brandade à ses côtés et tout le loisir donc de faire oublier la dernière réception contre Arles-Avignon. Car devant, Lille et Lyon, leurs buteurs, eux, ils les ont.
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