- Libertadores
- Flu/America (3-2)
Deco sauve le Fluminense
Menés deux fois au score face à l'América de Mexico, les champions du Brésil s'imposent 3-2 grâce un but de l'international portugais qui revenait tout juste de blessure.
Dernier du groupe C de la Copa Libertadores avec seulement deux points en trois matchs (dont deux à domicile), le Fluminense était dans l’obligation de l’emporter contre l’America, qui l’avait battu 1-0 à Mexico. Pourtant, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’équipe était loin d’être dans les conditions idéales pour disputer une telle rencontre. Il y a dix jours, Muricy Ramalho, le coach qui les a amenés au titre de champion national l’année dernière, a décidé de se faire la malle. Pour se justifier, il a mis en cause les structures du club, beaucoup trop vétustes à son goût. Pire, il a même déclaré dans la presse qu’il lui arrivait de croiser des rats dans le vestiaire.
La perspective de croiser ces sympathiques rongeurs a dû effrayer les candidats à sa succession, qui étaient loin de se bousculer au portillon. Finalement, l’heureux élu n’est autre qu’Abel Braga, passé par l’OM en 2000. C’était loin d’être le premier choix, mais les dirigeants semblent tellement désespérés qu’ils ont même accepté qu’il ne vienne qu’on fois qu’il aura honoré son contrat avec le club qatari Al-Jazira, qui court jusqu’en début juin. Du coup, l’équipe, qui a déjà été dirigée par le préparateur physique (!) samedi dernier lors de la défaite 2-0 contre Boavista, s’apprête à passer plus de deux mois sans entraineur! Enfin presque : Enderson Moreira, embauché la semaine dernière pour s’occuper des équipes jeunes, a accepté de faire le bouche-trou. Le Flu doit donc aborder ce match décisif drivé par un coach dont les principales lignes du CV se résument à quelques bons résultats obtenus avec la réserve de l’Inter Porto Alegre. Les médias brésiliens espéraient surtout que les joueurs décident enfin de se prendre en main. Hier, le quotidien sportif Lance titrait même « Fred prend les rênes de l’équipe » .
Au final, l’ancien Lyonnais a montré beaucoup de bonne volonté, mais il s’est surtout distingué en se fritant sans arrêt avec l’arbitre et les défenseurs adverses. Mais il semblait écrit que Fluminense aurait besoin d’une star pour se sortir de ce mauvais pas. Et c’est celui qu’on attendait le moins qui a sauvé les siens à trois minutes de la fin. Deco, écarté des terrains pendant deux mois à cause d’une énième blessure à la cuisse, a signé son grand retour d’un lob subtil du bout du pied à l’entrée de la surface. Grâce à cette victoire, le Flu quitte la dernière place et revient à un point de son adversaire du soir, qui reste calé en deuxième position.
Les guerriers sont de retour
Pourtant, le match avait très mal commencé pour les Cariocas. Dès le quart d’heure de jeu, Digão bouscule le gardien Ricardo Berna sur une balle aérienne anodine. Ce dernier relâche la gonfle dans les pieds de Sanchez, tout heureux de la pousser dans le but vide. Cinq minutes plus tard, Gum égalise d’un coup de boule rageur sur un coup-franc de Conca. Le stade Engenhão s’enflamme, mais sera vite refroidi devant le manque d’inspiration de la formation brésilienne, beaucoup trop brouillonne pour inquiéter les Mexicains. Les joueurs de l’América, pour qui le nul serait déjà un bon résultat, se contentent de défendre, mais qui contrairement à leurs hôtes, ils ont le mérite se sortir le ballon proprement en passes rapides dès qu’ils le récupèrent. Si bien qu’ils parviennent même à reprendre l’avantage à la 72e sur un autre but gag. Sanchez, encore lui, foire complètement son centre, mais Ricardo Berna se troue lamentablement. Digão, déjà fautif sur le premier but, essaie bien de dégager de la tête sur sa ligne, mais il ne trouve rien de mieux que de propulser le ballon dans ses propres filets.
Mais le vrai tournant du match a lieu juste après la pause. Le latéral droit Mariano se blesse et demande à sortir. Au lieu de le remplacer poste pour poste, Enderson Moreira décide de lancer Deco et de faire reculer l’ancien parisien Souza. Pari gagnant. Avec l’international Portugais, le jeu gagne en fluidité. D’autant plus qu’après le second but Mexicain, celui qui n’est là que pour chauffer le siège d’Abel Braga décide de lancer l’artillerie lourde, en faisant rentrer deux attaquants de plus, Rafael « Musclor » Moura, puis Araujo, un petit gros sorti de sa pré-retraite au Qatar pour venir prêter main forte aux tricolores. Et c’est justement ce dernier qui va égaliser de la tête à dix minutes de la fin, sur une merveille de centre de Deco.
Le stade explose littéralement et se met à scander « Time de guerreiro » ( « l’équipe de guerriers » , le chant qui a rythmé la folle épopée de 2009, quand le Flu s’est sauvé miraculeusement alors qu’il se trouvait dans une situation similaire à celle d’Arles-Avignon en L1 à mi-championnat. Même s’il ne compte que 13 000 spectateurs sur 40 000 possibles, l’Engenhão prend des allures de chaudron et Fluminense devient irrésistible. Et c’est finalement Deco, décidément dans un grand jour, qui fait chavirer pour de bon le public à trois minutes de la fin. C’est seulement son deuxième but en dix-huit rencontres, mais sûrement le plus important du club depuis le début de la saison.
Louis Génot, à Rio de Janeiro
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