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Décadence avec les Loups
Vice-champion d'Allemagne et vainqueur de la Coupe en 2015, le VfL Wolfsburg collectionne actuellement les galères en tout genre et ne pointe qu'à la 15e place du classement.
Wolfsburg, samedi dernier. Cantonné au banc de touche depuis 78 minutes, Julian Draxler foule enfin la pelouse de la Volkswagen Arena. Pour accompagner son entrée en jeu, le public ne lésine par sur les sifflets. Pourquoi ? Parce que depuis cet été, le Weltmeister ne peut s’empêcher de crier sur les tous les toits son envie de quitter le club. S’il n’est évidemment pas le seul footballeur à vouloir aller voir ailleurs, Julian Draxler a en plus décidé d’arrêter de se bouger sur le terrain. Un an et quelques mois après son arrivée, le transfuge de Schalke 04 est en quelque sorte en grève. Dans le magazine Kicker, sa moyenne de notes (4,15 ; 6 étant la pire) atteste de son piètre niveau de jeu. Son attitude peu professionnelle lui vaut, depuis le début de la saison, les remontrances publiques d’une bonne partie du staff du VfL.
Cette semaine, c’est son entraîneur Valérien Ismaël qui s’y est collé. Dans une entrevue privée, le technicien français aurait dit ses quatre vérités au joueur allemand. L’ancien Strasbourgeois a évidemment tenté de calmer le jeu en conférence de presse, en évoquant un entretien « normal » avec Draxler. Cependant, il a aussi assuré que le joueur était « en grande partie responsable de ce qui se passe en ce moment » . « Il doit sortir de cette phase, il y a toujours moyen de rectifier le tir en effectuant une bonne performance » , a-t-il par ailleurs ajouté. Ce week-end, après une semaine à avoir fait la une des journaux allemands, Julian Draxler n’aura même pas l’occasion de squatter le banc. Il ne fait tout simplement pas partie du groupe. Et bien que son cas devrait être réglé dès cet hiver – un départ étant quasiment inévitable -, son comportement n’aura fait qu’aggraver les affaires d’un club qui n’avait pas vraiment besoin de ça.
Nouveau coach, mais pas d’électrochoc
Si le champion du monde est bien évidemment au centre des discussions entourant le club dans la presse, il n’est finalement qu’un problème parmi tant d’autres. Depuis la vente de Kevin De Bruyne l’année dernière, le VfL peine à retrouver son lustre de la saison 2014/2015. Pire, en quelques mois, la situation s’est même franchement dégradée. Après un début de saison calamiteux (une victoire en sept matchs), Dieter Hecking, en poste depuis décembre 2012, est remercié le 17 octobre dernier. En presque quatre ans, l’ancien entraîneur de Nuremberg avait pourtant réussi à relever le club qui pataugeait depuis son titre en 2009. Avec 50% de victoires à son actif, une Coupe d’Allemagne remportée en 2015 et un quart de finale de Ligue des champions en 2016, il était avec Felix Magath le meilleur coach qu’ait connu le VfL. Mais son absence d’idéologie tactique lui aura été fatale. Problème : à sa place, son successeur ne fait pas mieux. Nommé comme intérimaire puis conforté dans sa position, Valérien Ismaël, ancien coach des U23, est à la peine. En six rencontres, l’ancien défenseur central lensois n’a pris que quatre points – contre six points en sept matchs pour Hecking.
Le week-end dernier, la défaite face au Hertha Berlin sur penalty dans les dernières minutes de jeu a marqué les esprits et prouvé une nouvelle fois que le problème ne venait sans doute pas du coach. Cet été, Wolfsburg a dépensé 47,6 millions sur le marché des transferts. Les recrues Yannick Gerhardt (ex-Cologne, 13M) et Jeffrey Bruma (ex-PSV, 11,5M) ou encore Jakub Błaszczykowski (ex-Dortmund, 5M) font certes partie des meilleurs joueurs du VfL cette saison, mais ce n’est pas franchement un compliment. La plupart des cadres semblent complètement démotivés depuis un bon moment déjà. Ricardo Rodríguez, pourtant impeccable durant des années, est l’un de ces nombreux joueurs. Mario Gómez, arrivé pour un million en provenance de la Fiorentina, via Beşiktaş, où il avait réalisé une superbe saison (26 buts et 6 passes décisives en 33 rencontres), n’arrive pas à s’imposer. Alors que Bild rapporte que Klaus Allofs serait déjà à la recherche d’un nouveau coach (Bruno Labbadia, Paulo Sousa, ou encore David Wagner seraient sur les tablettes du club), le directeur sportif des Loups ferait mieux de faire attention à son poste, où l’on annonce Horst Heldt, l’ancien de Schalke O4.
Des lendemains qui s’annoncent difficiles
Aux problèmes sportifs s’ajoutent évidemment des problèmes financiers. À la suite des révélations de l’année dernière concernant l’utilisation de différentes techniques frauduleuses visant à réduire les émissions polluantes, le groupe VW se retrouve avec plusieurs procès sur le dos. Obligé de faire plus de 3,7 milliards d’économies, le géant automobile va devoir supprimer jusqu’à 30 000 postes d’ici 2021, dont une grande partie en Allemagne. Le VfL va forcément pâtir de cette restructuration. Le projet d’un nouveau centre d’entraînement prévu pour 2017 a d’ores et déjà été mis aux oubliettes. Et si le budget pour l’équipe première devrait rester inchangé pour les saisons à venir, et si le club a annoncé son envie de se recentrer sur la formation, les prochaines années risquent d’être plutôt difficiles. Interrogé il y a peu sur ses problèmes avec sa direction par la chaîne de télé Sky, Julian Draxler déclarait que d’une manière générale « le club et l’entreprise avaient de plus gros problèmes que [son] possible transfert » . Une déclaration lucide. Car si des milliers de personnes affiliées à VW continuent à perdre leur boulot, le VfL ne sera bientôt plus qu’un souvenir. En effet, même si le football possède une place à part outre-Rhin, le travail est le fondement de la société allemande contemporaine. Dépenser des millions dans un club de football, alors que des gens sont foutus à la porte risquerait de faire tache. Bien plus que de truquer des moteurs.
Par Sophie Serbini