- Angleterre
- Premier League
- 16e journée
- Arsenal/Newcastle
Debuchy, le gentil casse-cou
Arsenal contre Newcastle, c'est un peu le duel des french connections. Illustration récente de l'amour des Gunners et des Magpies pour les Français depuis la fin des nineties, Mathieu Debuchy va faire son retour sur les pelouses de Premier League après trois mois d'absence. L'occasion de revenir sur le parcours cabossé d'un vrai Chti, kamikaze mais dévoué.
« Ici, personne ne m’appelle Mathieu. C’est « La Bûche », ou même« Bûche » tout court, ça dépend des fois. » Dans un troquet comme dans un club de foot, le sobriquet est souvent un truc de taulier. À Lille, à défaut d’être le pilier d’un bar où il dégusterait une 3 Monts, sa bière préférée, Mathieu Debuchy était un mur porteur. En 2011, les départs de Stéphane Dumont et de Yohan Cabaye font du gamin qui a paraphé sa première licence au LOSC en 1993 la dernière caution « chti » des Dogues. Deux ans plus tard, et après une décennie passée dans le club de son cœur, la Bûche s’en est allée à son tour. En Eurostar. Puis en bus, à la quête d’une carrière qu’il n’était pas forcément destiné à avoir. Pourtant, ce 13 décembre, il sera le personnage central d’un classique du championnat anglais entre Arsenal et Newcastle. Blessé depuis la 4e journée de Premier League et un nul (2-2) à l’Emirates face à Manchester City, le latéral droit des Bleus pourrait débuter en défense centrale trois mois après son opération à la cheville. Idéal pour un homme habitué à la polyvalence et aux bobos.
Un Yamakachti
Pour les supporters d’Arsenal, il y aura donc Bûche de Noël avant l’heure. Et si l’histoire ne dit pas si Mathieu a conservé son surnom en bois de l’autre côté de la Manche, elle n’oublie pas l’esprit des fêtes au moment de conter la période d’indisponibilité du Gunner. Plutôt du genre famille et hyperactif, le Nordiste a pu profiter de sa convalescence pour s’investir davantage dans l’entreprise Toulet, basée à Bondues, près de Tourcoing, dans laquelle il a mis des ronds quelque temps après avoir acheté un baby-foot. Oui, « Toulet by Debuchy » , ça peut faire nom de parfum bas de gamme, mais il s’agit là d’une belle marque de tables de baby et de billard de luxe. Il faut dire qu’en billard de luxe, Arsenal s’y connaît bien. Si ce samedi, Mathieu Debuchy pourrait être aligné en défense centrale, c’est à cause de la suspension de son remplaçant polyvalent, Calum Chambers, mais aussi et surtout à cause des blessures de Nacho Monreal et de Laurent Koscielny, deux des membres de l’infirmerie gigantesque des Londoniens. Pas de quoi effrayer le Nordiste cependant. « Debuchy, c’est quand même un mec qui s’est fait les croisés des deux genoux, la cheville et qui s’est même cassé le bras. À chaque fois, il est revenu plus fort » confie sereinement Claude Puel, son ancien coach. Évidemment, comme souvent lorsque l’on parle de blessures en cascade, il y a une part de poisse. Mais pas que. « Quand j’étais gamin, c’était pire. J’en ai fait voir de toutes les couleurs à mes parents. À vélo, je me suis cassé les deux poignets en faisant le con. Au bord de la piscine, j’ai voulu faire un salto, je me suis cogné contre le rebord et je me suis pété le nez. Bref, tu vois le genre… » se rappelle Debuchy, quelque part entre la honte d’un homme qui a grandi et la malice d’un éternel gamin, au tempérament toujours foufou.
Polyvalence et Confessions Intimes
Toutefois, comme beaucoup de gamins kamikazes, Mathieu a le mérite d’être un grand courageux. Symbole de cette force de caractère, un match face à Rennes en 2010 : « Il ne me restait plus beaucoup de temps, le coach m’a demandé si je voulais continuer. Pour l’équipe, je me devais de rester. J’avais très mal, mais après la douche, c’était pire. Après la partie, j’ai été indisponible un mois et demi parce que j’avais deux côtes cassées et un décollement de la plèvre. » Évidemment, ce jour-là, Lille s’est imposé 2-1 grâce à un but impulsé par Bûche, animé par l’amour de son équipe, mais aussi de sa région. « Je suis fier de mes racines, mais des trucs commeConfessions intime, c’est quand même pas le top. C’est marrant, mais en fait, c’est un peu saoulant parce que ça se passe presque toujours ici et que ça donne une version biaisée de ce qu’est vraiment le Nord » , regrette-t-il notamment. C’est là, dans sa région qu’il aime, qu’il a longtemps cherché le footballeur qu’il était vraiment. « À la base, Mathieu a une formation de milieu défensif. Mais je trouvais qu’à ce poste-là, il allait être un peu juste, donc je l’ai mis milieu droit. Là, il pouvait percuter, déborder et centrer. Avant que je parte de Lille, je l’avais fait jouer quelques matchs au poste de latéral droit. J’avais dit que c’était à ce poste qu’il prendrait une autre dimension. Celle d’international » , avoue Claude Puel. Oui, avant d’envoyer des passes décisives à Benzema et Cazorla, la Bûche essayait péniblement de trouver Moussilou et Fauvergue. Et quelque part, c’est cela qui fait sa force : la Bûche restera toujours la Bûche, peu importe le sapin et les cadeaux qui l’entourent.
Par Swann Borsellino