- Euro 2012
- Quarts de finale
- Espagne/France (2-0)
Debuchy dans la colle
Aligné comme milieu droit après trois excellents matches comme latéral, le Lillois s'est fait enrhumer sur l'ouverture du score et ne s'en est jamais remis. Un pari initial risqué de la part de Laurent Blanc qui se termine comme un échec. Cuisant. À l'image de Debuchy, les Bleus n'ont rien montré.
Lloris (5,5) : Sur le premier caramel, il ne peut rien faire. Le reste du match, il n’a rien eu à faire. Ou si peu. Mais quand ça chauffe vraiment, il gicle à bon escient dans les pieds de Fàbregas au milieu de la seconde mi-temps. Comme souvent avec le bonhomme sans lèvres, ses matches en bleu sont très frustrants. Et quand ça se termine par une saloperie de penalty à la dernière minute, le capitaine français sait qu’il est maudit. Il n’a plus qu’un objectif : muer tranquille.
Réveillère (4) : La surprise du chef de Laurent Blanc. Misant sur l’expérience et le vice du Lyonnais, Blanc pensait contenir le jeu placé des Ibères avec Antho’ en latéral droit. Pas très inspiré sur l’ouverture du score, sérieusement malmené par Pedro sur l’action qui amène le penalty, Réveillère a complètement raté son match. Jamais dans le rythme, jamais dans la tendance et encore moins dans la bonne direction. Un raté sacrément burné.
Koscielny (6,5) : L’ancien Lorientais profitait de la suspension de Philippe Mexès pour se montrer. Et force est de constater que l’homme aux oreilles atypiques s’est montré très présent, incisif et propre en relance. Le vrai patron défensif, c’est lui. Difficile de savoir si l’avenir de la charnière se dessinera avec lui, mais il a marqué des points. En tout cas, on l’a beaucoup aimé. Un mec qui vient de Corrèze, en 2012, c’est tendance.
Rami (5) : Il a excité la gent féminine toute la soirée. Il a fait marrer les attaquants espagnols pendant ce même laps de temps. Toujours aussi foufou quand il récupère la gonfle, Adil remue la queue, tire la langue et semble habité par une joie d’origine narcotique, voire psychotrope. À 26 ans, on a l’impression que le Valencian est à son maximum. Et ce n’est pas terrible au niveau international. Un poil au dessus de Bruno Germain.
Clichy (5) : L’homme qui a définitivement enterré Patrice Évra. L’homme qui supporte le PSG avec un accent du Sud. L’homme qui a fauché Fàbregas à la cinquième minute de jeu sans se faire prendre par la patrouille. L’homme qui ne centre pas en première intention. L’homme qu’on aimerait détester. En vain. À la fin, Gaël a rendu une copie quelconque. À l’inverse de sa coupe de cheveux qui frôle le délit pénal dans 35 états américains dont un accepte pourtant la sodomie par épis de maïs.
M’Vila (5) : On l’avait quitté un peu timide contre la Suède, le Rennais s’est montré un peu plus à son avantage face aux cracks espagnols. Toujours aussi fort dans le premier ballon de relance, Yann n’a pas été aussi intéressant dans son rôle de ratisseur. Souvent dépassé par le jeu dans les petits espaces des Espagnols, M’Vila continue d’apprendre. Pour cette fois, il a l’excuse de la jeunesse. Pour cette fois.
Malouda (4,5) : Avec le gaucher, Blanc voulait de l’expérience, du physique et du vécu. Le milieu de Chelsea étant un joueur âgé, il lui faut du temps pour se mettre en marche. En général, on parle de soixante minutes pour enfin exploser. C’est con, Flo’ est sorti à la 64e. 4 minutes de joie. Comme la chanson de Madonna.
Cabaye (6,5) : Elle est peut-être là, la plus grande trouvaille de Laurent Blanc. Le joueur de Newcastle est le poumon de cette équipe. Son métronome. Son meneur. Son homme à tout faire. Son génie. Malheureusement pour lui, il est seul. C’est peut-être autour de lui qu’il faudra (re)construire quelque chose car l’ancien Lillois sait tout faire. Ça change des escrocs habituels.
Debuchy (4) : Placé milieu droit – comme à Lille époque Puel – par Laurent Blanc pour mieux bloquer le côté gauche espagnol, le Lillois se fait littéralement déposer par Jordi Alba sur le but. C’est con, c’était sur la première offensive espagnole et il faut tenir 70 minutes derrière. Ça vous flingue un moral. Dès lors, celui qui devait amener une réelle menace une fois lancé sur son côté a joué avec le frein à main. Tout compte fait, le Lillois est un peu tendre sur un match de cette envergure, même si sa seconde période a été bien meilleure.
Ribéry (6) : Il avait du jus, Francky Vincent. Sauf que ses débordements à l’arrache n’ont jamais trouvé Karim Benzema. Alors de deux choses l’une : soit Francky est un abruti et ne lève jamais la tête une fois dans le jus, soit les deux hommes ne parlent pas la même langue et persistent dans la débilité. Bien entendu, les deux options peuvent être cumulatives. Quoi qu’il en soit, son boulot consistait à foutre le bordel dans la défense adverse, ce fut le cas. On ne peut pas tout lui reprocher. Son Euro aura été une réussite. Surprenant.
Benzema (4,5) : Il est vraiment avant-centre, Karim ? Parce qu’à le voir jouer, si bas, si loin de la surface, on se dit que la Benz s’emmerde un peu à son poste. Après, on ne va pas se mentir, le Madrilène a beaucoup œuvré dans le jeu. Il a tenté d’insuffler quelque chose. D’accélérer le jeu. De bouger cette saloperie de bloc espagnol. En vain. En même temps, l’ancien Lyonnais a perdu un ballon sur deux. Au final, le meilleur attaquant français du moment sort de cet Euro sans aucun but au compteur. C’est bien beau de se la raconter « bananier » sur FIFA12, mais il s’agirait de le montrer sur le pré. Merci.
Ménez (9) : Une insulte – en VO, s’il vous plaît – à l’arbitre italien et c’est déjà pas mal. Qu’on se le dise, Jérémy est polyglotte.
Nasri (1) : Accélérer le jeu ? Pour quoi faire ?
Giroud (8) : La plèbe le voulait. La presse aussi. Laurent Blanc a craqué. Pour rien.
Blanc (2) : Pas de demande en mariage. Pas de touillette. Une composition de départ complètement barrée. Très peu de « À partir de là, je crois que bon… » Même les standards foutent le camp.
Par Mathieu Faure