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Débiles et image

Par Matthieu Pécot
Débiles et image

Fédération française de football, anciens sponsors, joueurs, politiciens, médias, supporters de toujours et du dimanche. La France a continué de creuser sa tombe pendant le Mondial brésilien, plaçant la sacro-sainte image des Bleus avant tout le reste, y compris le jeu et la facette purement sportive de l'événement. Où l'on reparle de ce pays qui n'aime pas le foot.

La France se cherche et a cru qu’à force d’appuyer frénétiquement sur son klaxon les soirs de victoire contre le Honduras ou le Nigeria, elle allait finir par se trouver. Alors la France va bien, merci pour elle, et son équipe de foot est magnifique. Voilà le schéma jeanpierrepernautien qui a englouti une masse qui dit « j’aime » quand on lui demande de dire « j’aime » et qui sort les crocs quand on lui suggère de le faire. Dans un entretien accordé à L’Équipe moins de 48 heures après l’élimination des Bleus face à l’Allemagne (0-1), Noël Le Graët ne laissait que peu de place à l’analyse du match et à une tristesse qui aurait été légitime, trop occupé à se féliciter de la reconquête de monsieur tout-le-monde. « Cette réconciliation avec notre public est essentielle. Elle est presque aussi importante à mes yeux que les bons résultats obtenus » , pointait le président de la FFF, omniprésent pendant le tournoi. L’homme aux deux trémas s’est montré bavard pour ne pas dire encombrant, très à l’aise pour s’exprimer sur des banalités ( « Je trouve beaucoup de savoir-vivre aux joueurs (…) Les gars sont restés ensemble quarante-sept jours et je n’ai pas vu un mouvement d’humeur. C’est à peine s’ils s’engueulent quand ils jouent aux cartes » ) qui, mises bout à bout, relèvent du matraquage. Et c’est peu dire que cela a porté ses fruits.

Les gros sabots

Plus d’une semaine après la fin du Mondial tricolore, l’ancien président de Guingamp et de la Ligue sait qu’il a bouclé plus vite qu’il ne l’envisageait son principal chantier : le lavage des cerveaux, plus connu sous le nom de « restauration de l’image des Bleus » . Un travail de sape entrepris aussi par les gros sabots d’Adidas et sa campagne publicitaire #allin. Même si Nike est l’équipementier des Bleus depuis 2011, la marque aux trois bandes, victime directe du fiasco sud-africain en 2010 alors que son nom était encore contractuellement lié à celui de la FFF, a tenté de redresser la pente en multipliant les déclarations d’amour aux anges bleus. Sur Twitter – puisque l’époque a décidé que tout se passait sur ce ring –, la marque allemande a ainsi obligé ses signatures hexagonales les plus clean (Teddy Riner, Nicolas Batum, Jo-Wilfried Tsonga…) à encourager Karim Benzema et ses coéquipiers avant les matchs.

Au vrai, Adidas avait commencé son Mondial avant tout le monde avec un coup de comm’ : le 27 mai, devant quelque 400 privilégiés invités dans une casse de la Courneuve, une réplique du fameux bus était détruite. « Le bus de Knysna, c’est le symbole fort d’un boulet qui empêche l’équipe de France d’aborder sereinement la Coupe du monde au Brésil. C’est pour cette raison que nous avons décidé de le détruire » , indiquait alors Guillaume de Monplanet, directeur d’Adidas France. Plouf. Pour ce qui est des réseaux sociaux, Didier Deschamps avait un temps suggéré à ses joueurs de ne pas communiquer par ce biais au Brésil. Il s’est finalement ravisé, se contentant d’en réguler l’utilisation. On est encore à quelques kilomètres de la Corée du Nord, mais tout de même.

TF1 mon amour

Le débat autour de l’exemplarité des joueurs ayant déjà fait ses preuves en matière de débat sans fin et ayant surtout donné trop d’espaces d’expression aux personnages publics mal intentionnés pour s’y engouffrer, c’est sur la simple nature humaine que le curseur doit être déplacé. Au même titre qu’une personne que l’on croise dans la rue a le droit d’être conne, malpolie ou charmante, un joueur de foot international a le droit de faire des choix. Et refuser de s’infliger une séance photo avec un enfant, un fan hystérique ou un mec de la sécurité, en est un. Mais qui diable est ce mystérieux supporter français pour exiger quoi que ce soit de son prochain ? En marge des conférences de presse qu’il doit se coller, un joueur n’a pas pour devoir de répondre favorablement à des demandes d’interview ou de faire un clin d’œil amical à un journaliste quand il le croise. Dieu soit loué, le comportement des joueurs a été encensé par cette presse bienveillante cet été. Peut-être aussi parce que les journalistes français n’avaient pas trop d’avis sur la question, bien trop préoccupés par une collecte de selfies originaux réalisés aux abords du Maracanã ou devant le Christ Rédempteur.

Reste que la presse française, sportive ou généraliste, a basé son travail sur le sempiternel « état d’esprit » retrouvé d’une « bande de copains » , comme si l’amitié était la clé du bon fonctionnement d’une équipe. Faut-il rappeler qu’à titre de comparaison, au sein d’une sélection des Pays-Bas qui a offert bien plus de frissons à son pays ces dernières années, les gifles, crachats au visage et autres tacles rugueux, sont échangés régulièrement aux entraînements sans que cela empiète sur le résultat le jour du match ? Après l’élimination face à la Mannschaft, un pays qui aime le foot se serait fait entendre, aurait réclamé (à tort) la tête de Deschamps, posé un tas de questions autour de l’utilité d’avoir cramé Benzema contre l’Équateur, la gestion de la blessure de Mamadou Sakho ou l’entrée si tardive de Giroud contre l’Allemagne. On a préféré se peinturlurer les joues de bleu-blanc-rouge et accueillir à l’aéroport du Bourget (ou le cul collé au canapé) une bande de mecs officiellement gentils en héros, comme s’ils venaient de découvrir l’Amérique (ce qui était peut-être le cas pour certains). Le JT de 13h de TF1 a fait le reste, consacrant alors un généreux quart d’heure à ce non-événement. Comme si deux jours plus tôt, aucune institutrice de 34 ans n’avait été poignardée à mort par une mère d’élève. Une scène qui en dit pourtant beaucoup plus sur la France qu’un quart de finale de Mondial sans émotion. Ce n’est pas une honte de sortir à ce stade de la compétition contre l’Allemagne. C’en est une de vouloir tout contrôler en foutant du barbelé autour des sentiments.

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Par Matthieu Pécot

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