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De Sciglio, dans les pas de Maldini
Dans cette équipe d'Italie où brillent les étoiles de Balotelli et Pirlo, un joueur est en train de se faire une place de choix, sur son couloir gauche. Il s'agit de Mattia De Sciglio, tout juste latéral gauche du Milan AC, considéré comme l'héritier de Paolo Maldini. Rien que ça.
Peut-être est-ce juste parce qu’il joue au Milan AC. Peut-être est-ce juste parce qu’il est formé au club. Peut-être est-ce juste parce qu’il est latéral gauche. Ou peut-être est-ce un peu plus… En tout cas, depuis le début de sa carrière, Mattia De Sciglio ne peut se débarrasser de cette étiquette. L’étiquette de « successeur » de l’immense Paolo Maldini. Même poste, même maillot et, dit-on, mêmes aptitudes et qualités. Forcément, une telle comparaison n’est pas facile à assumer. Maldini est, encore à ce jour, considéré comme l’un des plus grands défenseurs de l’histoire du football italien. Mais De Sciglio, du haut de ses 21 ans, a les épaules solides, et la tête sur ces mêmes épaules. Après une saison pleine au Milan AC, il a convaincu Cesare Prandelli de miser sur lui plutôt que sur Balzaretti, dont la saison à la Roma a été extrêmement décevante. Or, pour le moment, les prestations semblent donner raison au sélectionneur azzurro. Face au Mexique, De Sciglio a été excellent, étant un danger constant sur son flanc gauche. Contre le Japon, en revanche, il a été en difficulté, mais à vrai dire, tous les vieux briscards de l’arrière-garde italienne l’ont été aussi. Ce match contre le Brésil est une nouvelle occasion pour accumuler de la confiance, face à un adversaire de renom. Nouvelle étape d’une progression constante.
La loi du 27
De Sciglio porte le maillot du Milan AC depuis toujours. Sa famille a le cœur rossonero, et lui a rejoint les jeunes du club milanais à l’âge de 10 ans, après un passage chez les poussins de Cimiano, un quartier du Nord-Est de Milan. Il fait ses armes chez les catégories de jeunes du Milan AC, et commence à être sélectionné en équipe nationale U19 dès 2010, alors qu’il n’a que 18 ans. Avec la Primavera du Milan, il remporte la Coupe d’Italie la même année. La saison suivante, Massimiliano Allegri débarque à Milanello, et De Sciglio lui tape dans l’œil. Encore une année en Primavera, et Allegri, sacré entre-temps champion d’Italie, l’amène en équipe première, où il peut alors côtoyer des défenseurs extraordinaires, comme Thiago Silva ou Nesta. Il fait ses grands débuts le 28 septembre 2011, lors d’un match de Ligue des champions contre le Viktoria Plzeň. Au cours de la saison, Allegri lui donne petit à petit du temps de jeu, jusqu’à lui offrir une place de titulaire le 10 avril 2012, lors d’un match de championnat contre le Chievo.
Avec le fiasco Taye Taiwo, Milan a résolument besoin d’un arrière-gauche, et Allegri pense que De Sciglio, malgré son jeune âge, est l’homme de la situation. Le joueur intègre donc le groupe à temps plein pour la saison 2012/13, celle de l’explosion définitive au haut niveau. L’été 2012 est donc heureux, pour lui, pour qu’il célèbre également sa première convocation en équipe nationale A, pour le match amical post-Euro contre l’Angleterre. Une parenthèse heureuse avant des mois difficiles en Lombardie. De fait, privé de ses meilleurs éléments pendant l’été, Milan vit un début de saison calamiteux, mais le latéral gauche est l’un des seuls à surnager, avec un autre jeune du Milan AC, Stephan El Shaarawy. Milan remonte ensuite la pente, De Sciglio étant désormais un titulaire indiscutable de l’équipe, aussi bien en championnat qu’en Ligue des champions. Encore une curiosité : il termine sa première saison pleine avec 27 matchs disputés en Serie A. Soit exactement le même nombre que Paolo Maldini pour sa première saison complète à Milan, en 1985-86. La Coupe des confédérations lui tend alors les bras.
L’instinct du killer
À quelques mois de cette compétition, Prandelli a besoin de tester De Sciglio. Il lui offre ainsi sa première titularisation avec la Squadra Azzurra pour le match amical du mois de mars contre… le Brésil, justement. Un nul 2-2 rocambolesque, au cours duquel le joueur dispute 74 minutes de très bonne facture. Par la suite, il dispute toutes les rencontres de la Nazionale, face à Malte (2-0), Saint-Marin (4-0) et Haïti (2-2). C’est en toute logique que Prandelli le préfère donc à Balzaretti pour le match inaugural de la Coupe des confédérations, face au Mexique. Grand bien lui en a pris. Au Maracanã, il réalise un match magnifique, tant sur le plan défensif qu’offensif. Automatiquement, les comparaisons avec Maldini reprennent de plus belle. De là à lui monter à la tête ? Certainement pas. Ce n’est pas le genre du gamin, qui sait qu’il a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre le niveau de celui qu’il considère comme « son modèle » . Déjà, la saison dernière, lorsqu’il a dû choisir son numéro de maillot à Milan (le numéro 2), il avait semblé presque gêné vis-à-vis de ces prédécesseurs. « Je vais porter un maillot vraiment important, le 2. Ce numéro a appartenu à des joueurs comme Tassotti et Cafu. J’espère vraiment être à la hauteur » , avait-il affirmé sur Milan Channel.
Qu’il ne s’en fasse pas. Mattia De Sciglio a déjà la bénédiction de celui qui compte le plus pour lui, à savoir Paolo Maldini. « J’aime le voir jouer, j’aime comment il offre des solutions et comment il se déplace sur l’aile. Il est polyvalent et peut jouer aussi bien à gauche qu’à droite. Physiquement, il peut encore s’améliorer, mais moi aussi, à son âge, je n’étais pas encore au top, et je devais encore grandir. Je suis convaincu qu’il en fera de même. Le seul point où il peut s’améliorer, c’est avec le ballon. Il doit être moins tendre et avoir l’instinct du killer » , a détaillé l’ancien capitaine du Grande Milan. L’instinct du killer, De Sciglio tentera de le mettre en application lors de ce match face au Brésil. Un match qui déterminera qui terminera en tête du groupe A et qui, du coup, se farcira l’Espagne en demi-finale. De Sciglio avait assisté à la défaite 4-0 lors de la finale de l’Euro 2012 depuis son canapé. Un an plus tard, il aimerait, si revanche il y a, en être l’un des protagonistes. À lui de s’en donner les moyens.
Eric Maggiori