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- Genoa-Roma (1-1)
De Rossi, le rouge et la Roma
Fou amoureux de la Roma, Daniele De Rossi entretient aussi une passion tenace pour les cartons rouges. Ce dimanche, face au Genoa, il n'a pas pu s’empêcher d'envoyer une tarte dans le faciès de Gianluca Lapadula. De quoi offrir un penalty au Griffon et condamner les Giallorossi à un match nul frustrant. Un pétage de plomb, un de plus, à mettre à l'actif du vieux grognard de la Louve.
Il faut croire que c’est plus fort que lui. À 34 ans, Daniele de Rossi enquille sa seizième saison de Serie A. Sa seizième sous le même maillot : celui de la Roma. Dans la ville éternelle, le milieu défensif est une icône et un vieux chef de meute. Mais même les héros ont leur point faible. De Rossi n’a jamais pu gommer le sien, malgré l’expérience et les poids des ans. Mêmes erreurs, mêmes conséquences, qui se manifestent sous une forme inchangée : celle d’un bon vieux carton rouge, qui vient sanctionner une faute évitable.
La VAR ne pardonne pas
Face au Genoa ce dimanche, De Rossi a donc offert à l’Italie du football ce qui ressemble à son pétage de plomb syndical. Alors que la Roma menait plutôt bien sa barque au Luigi-Ferraris, il dégaine dans la surface une baffe qui se veut furtive à Gianluca Lapadula. Un geste vicelard, plutôt bien exécuté : l’attaquant du Genoa s’effondre, mais personne sur le terrain n’a remarqué le geste du capitaine giallorosso, qui pique aussi une roulade sur le pré, histoire de noyer le poisson. Sauf que Lapadula reste au sol, en rajoute forcément des tonnes, alors que De Rossi s’énerve en tentant de forcer l’attaquant du Genoa à se relever. De quoi piquer la curiosité de l’arbitre. Qui n’hésite pas longtemps avant de demander de revisionner l’action grâce à la vidéo. La VAR fait son office. Voilà Daniele pris la main dans la sac. La suite coule de source. Rouge, penalty. De Rossi, furieux, proteste dans le vide, et Lapadula transforme la sentence. La Roma, plombée par son capitaine, repart de Gênes avec un nul frustrant, face au 17e de la Serie A. Un scénario aux airs de déjà-vu pour les tifosi de la Louve.
De Rossi met de platte hand ?pic.twitter.com/4zAWXrJEKm
— Tijani Goullet AD (@TijaniGoulletAD) 26 novembre 2017
Récidiviste
Tout simplement parce qu’il s’agit de la quinzième fois que De Rossi se fait expulser depuis ses débuts en professionnel. Un sacré paquet de cartons rouges, dont treize lui ont été infligés sous le maillot de la Roma. Avec la Nazionale, le Romain n’a glané « que » deux rouges, dont l’un est resté dans les mémoires. Lors du deuxième match de la phase de poules de la Coupe du monde 2006, il se fait exclure face aux États-Unis, pour avoir mis un coup de coude sur la pommette de l’attaquant américain Brian McBride et prend ensuite quatre matchs de suspension.
Une tare régulière dans la carrière de De Rossi : dans les grands moments, l’icône est imprévisible. Comme possédée par un esprit malin. Quitte à se faire hara-kiri à lui et à son équipe. Les tifosi de la Louve se souviendront longtemps des deux baffes que leur chouchou envoie en novembre 2012 dans la tronche du Laziale Stefano Mauri, alors que la Roma est en train de s’incliner dans le derby de la ville éternelle.
Plus récemment, en août 2016, De Rossi avait fait sombrer les siens face à Porto, les laissant à dix contre onze en barrages retour de qualification pour la C1. Il avait alors été exclu pour avoir visé Maxi Pereira d’une semelle aussi violente qu’inutile.
Sa torgnole infligée à Lapadula ne ressemble ainsi qu’à un énième geste imprévisible d’énervement, qui vient entacher une carrière par ailleurs exemplaire. Il y a quelques mois, De Rossi avait lui-même reconnu que le grand paradoxe de sa vie de footballeur est d’avoir été champion du monde à 22 ans avec l’Italie, sans avoir remporté un titre majeur avec la Roma. Avant de prolonger dans la foulée avec la Louve jusqu’en 2019, afin de peut-être enfin remporter une Serie A avec son club chéri. Mais ce dimanche, la Roma a perdu deux points dans la course au titre. En partie à cause de Daniele De Rossi. Et de ses vieux démons, qui semblent bien partis pour le poursuivre jusqu’à la fin de sa carrière.
Par Adrien Candau