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De Rome à Milan, la revanche de JM7
L'ancien attaquant du Paris Saint-Germain retrouve ce samedi Rome et la Roma où il a évolué pendant trois saisons. Désormais à Milan, Jérémy Ménez entend bien prendre sa revanche sur un club qui ne lui a pas fait que des cadeaux.
Jérémy Ménez a 27 ans. 27 ans, un CV déjà bien fourni et une carrière qui ne cesse de s’enrichir à mesure que passent les saisons. À Milan depuis cet été, l’homme que l’on a coutume d’appeler par ses initiales et son numéro de maillot semble vivre une seconde jeunesse en Lombardie, après trois années en dents de scie au PSG. Titulaire et plébiscité sous Kombouaré puis Ancelotti, Ménez a ensuite difficilement négocié les arrivées des monstres Ibrahimović, Cavani, Lavezzi et Lucas, ne récoltant que des bribes de matchs sous l’égide de Laurent Blanc. Parti vexé de la capitale, JM a posé bagages à Milan au début de l’été, lassé d’être devenu la doublure des stars parisiennes. Six mois et un demi-championnat plus tard, le Français a retrouvé les terrains, le sourire et surtout la confiance d’un entraîneur. Devenu indispensable au onze de Pippo Inzaghi, Ménez se remet à planter, à dribbler et à faire lever les stades. Ce soir, sous ses nouvelles couleurs et dans la peau du vice meilleur buteur de Serie A, Jérèm retrouve l’Olimpico et les tifosi romains. Trois ans après les avoir quittés. Vénère, comme très souvent.
Truand de la galère
L’histoire de Jérémy Ménez est faite de hauts, de bas, de coups de gueule, de coups de génie, d’insultes, d’embrouilles, puis de nouveau des hauts, des bas, des coups de gueule… Comme un cycle qui s’achève et reprendrait exactement de la même manière. Août 2008. Pour la première fois de sa carrière, Jérémy, 21 ans, quitte la France et le Rocher où il évolue depuis deux saisons pour rejoindre Rome et l’équipe de Luciano Spalletti. Le projet est alléchant. Le résultat ? Plutôt moyen. Sa première année, l’enfant de Longjumeau la passe la plupart du temps sur la touche. Ménez termine souvent les matchs, mais ne les commence jamais. Ou inversement. Vučinić et Totti font la loi, Jérémy observe et attend son heure. Saison 2, épisode 1. Le club à la peine, Spalletti prend la sage décision de quitter le navire giallorosso. Claudio Ranieri débarque en août 2009 et change radicalement les plans. Quatre ans après la fin de ses exploits sochaliens, Jérémy Ménez connaît enfin le succès avec un grand d’Europe.
Petit à petit, le coach lui donne sa chance, le fait jouer de plus en plus et se fendra même de quelques dithyrambes dans la presse italienne : « Il progresse à pas de géant depuis l’an passé. Plus important que les résultats, c’est le feeling qu’il y a entre nous. Il a compris que ce que je lui disais, je le disais pour son bien. Tout le monde l’aime et c’est très important pour lui, car c’est un garçon sensible. Il se pose beaucoup de questions, il doit être encore plus serein. Il a encore une grosse marge de progression, nul ne sait jusqu’où il pourra aller. » Réponse : dans le mur. Suite à de mauvais résultats et après un odieux revers 4-3 face au Genoa, Ranieri met les voiles à son tour. Nous sommes en février 2011 et la Louve est sixième de Serie A. Vicenzo Montella prend l’intérim et la procédure de divorce s’enclenche. Ménez regoûte au banc de touche, s’énerve et, logiquement, se prend le bec avec l’entraîneur. Coup de grâce : après une défaite en finale de Coupe d’Italie contre l’Inter (1-0), la voiture du Français se fait caillasser alors qu’il regagne tranquillement son domicile avec le frangin. C’en est trop, le vase déborde. JM parle de « fous » , de « ville de merde » et ne cache plus son désir de déguerpir. Personne ne le retiendra, et surtout pas Montella.
La dolce vita
Quelque trois années après ce départ houleux, voici Jérémy de retour sur les prairies italiennes. Désormais papa de deux beaux enfants et fou amoureux de la bimbo Émilie Nef Naf, l’ex-Parisien semble apaisé, posé et de nouveau heureux. Neuf fois sur dix titulaire dans le Milan de Super Pippo, JM7 enchaîne les matchs pleins et les prestations de haute volée. Encensé par la Gazzetta après cette talonnade dantesque face à Parme en début de saison, le Français a connu un léger passage à vide avant de revenir très fort depuis novembre. Avec ses huit réalisations en quinze matchs, Jérémy a déjà fait mieux que lors de ses trois saisons romaines réunies (7 buts marqués pour 84 apparitions en Serie A avec la Roma). En plus de retrouver le chemin des filets, Ménez a aussi récupéré sa place de prédilection : celle de faux numéro 9, là où il fait parler sa vitesse, son sens inouï du dribble et de l’anticipation.
Exit les quarts de match, les sifflets du public, les parpaings dans le pare-brise, les 4-3-3 de Laurent Blanc et les matchs passés à être le bouffon du Z. Bref, exit les galères. Son départ du Paris Saint-Germain a semble-t-il fait un bien fou à Jérémy Ménez qui retrouve du tonus et du temps de jeu chez les Rossoneri. Non sélectionné en Bleu depuis le 26 mars 2013 et la défaite 1-0 face à l’Espagne en phase de qualification pour la Coupe du monde, JM7 pourrait réintégrer le groupe France dans les prochains mois, à condition de s’investir et de ne pas penser qu’à soi. « Il n’est pas venu au Mondial, car il jouait peu et était souvent blessé, mais il fait partie des 50 joueurs que je suis. J’aime les joueurs à forte personnalité, mais il doit comprendre qu’en sélection, le collectif vient avant les individualités, je ne sais pas s’il changera de ce point de vue » , déclarait récemment Deschamps dans la Gazzetta dello Sport. Et si le changement, c’était finalement maintenant ?
Par Morgan Henry