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De Paris à Glasgow
Dans la mythique enceinte d'Ibrox, trois jeunes Français se mesuraient, ce mardi soir, aux Glasgow Rangers. Après un an de stage en Écosse, Tony, Raffi et Jean-Guy ont eu la chance d'intégrer l'effectif professionnel d'un club de quatrième division, l'Annan Athletic. Une belle surprise pour ces jeunes footballeurs, plus habitués aux terrains d'Île-de-France qu'aux antres grondants.
Il y a un an, aucun d’entre eux ne s’imaginait affronter Joey Barton lors d’un match de coupe à Glasgow. Et pourtant. Ce mardi soir, trois Frenchies étaient titulaires sur la pelouse d’Ibrox pour essayer d’embêter le plus longtemps possible la formation de Mark Warburton, celle-là même qui vient de rejoindre l’élite du football écossais. Malgré la défaite (2-0), ces trois-là ne sont pas près d’oublier la fabuleuse expérience qu’ils viennent de vivre. Depuis Glasgow, Tony et Raffi racontent ce match incroyable et reviennent sur leur parcours hors du commun qui les a menés de l’Île-de-France jusqu’aux terres du royaume d’Alba. Un parcours qui a pris une tournure inattendue lorsqu’ils se sont engagés à passer une année complète à Glasgow sous la houlette de l’Edusport Academy, avec pour seul objectif d’allier pratique du ballon rond et de la langue anglaise. Il y a quelques semaines, c’est pourtant bien un contrat professionnel qui est venu récompenser la belle année des trois jeunes joueurs qui ont dû s’adapter à l’accent des Écossais. Une sacrée performance.
De la DSR à la Scottish Football League Two
Avant de poser le pied en Écosse, Tony et Raffi ont connu des trajectoires similaires. « À la base, je jouais dans un petit club de district, puis je suis parti à Montrouge. J’ai fait plusieurs années là-bas : les 19 ans, les seniors en première division puis en deuxième division, en DSR » , explique Raffi, défenseur central de formation. Même son de cloche chez Tony : « À 14 ans, j’avais arrêté le football pendant deux ans pour me focaliser sur les études. Ensuite, j’ai repris à Créteil, puis à Morangis, à côté de chez moi. Comme Raffi, j’ai joué en DSR. » Suite à leurs belles années franciliennes, les deux garçons ont saisi l’opportunité de partir à l’étranger. Grâce à des amis et aux renseignements fournis par Internet, Tony et Raffi se présentent aux détections de l’Edusport Academy de Chris Ewing, ancien footballeur écossais. Sélectionnés, les deux joueurs sont toutefois conscients qu’ils ne s’envolent pas vers le monde professionnel, mais vers une expérience unique en son genre, alliant quotidiennement pratique du football et apprentissage de l’anglais.
« À la base, je n’y allais pas du tout pour le football. Moi, je ne parlais pas du tout anglais, donc c’était mon objectif principal. J’ai bien progressé. Et puis j’ai eu la chance de rencontrer une fille ici, alors forcément, j’ai beaucoup progressé » , explique Tony, rapidement rejoint par Raffi sur ce point : « Maintenant, je comprends l’anglais et même l’accent écossais ! Je me fais comprendre sur le terrain aussi. Les gens font attention à nous parce qu’on est français. (Rires) » À Glasgow, ils font la connaissance de Gim Chapman, entraîneur de l’Annan Athletic FC et de l’Edusport Academy. Aucune promesse n’est formulée, mais ce dernier décèle rapidement les qualités des trois Frenchies. « Les coachs ne nous ont fait aucune promesse. On savait bien que le côté professionnel, c’était pour quelques-uns, mais que ce n’était pas du tout le but premier de cette année à l’étranger » , raconte Tony. « Je me suis renseigné sur Internet et je me suis présenté aux détections. Le côté éducatif m’avait plu, en plus du côté sportif. En commençant, il faut être honnête, je ne pensais pas avoir un contrat professionnel à la fin » , poursuit Raffi.
The blue sea of Ibrox
Après un an passé à écumer les terrains écossais, entrer sur la pelouse de l’Ibrox Park est un accomplissement phénoménal, mais pas une fin en soi. Quand on leur demande de nous raconter le match, Tony et Raffi parlent d’abord du football avant d’évoquer l’ambiance, signe d’une attitude professionnelle déjà bien développée. « Sur le terrain, c’était extrêmement difficile physiquement. Il y avait quand même trois divisions d’écart et ça se sentait ! » dit l’un. « C’était un match de très haut niveau. On a découvert le top du football écossais. C’était intense. C’était un match très compliqué. Ils ont rapidement pris le dessus. On s’en doutait. Moi, c’était la première fois que je jouais devant autant de personnes. C’était incroyable. Je n’ai pas eu le trac, j’étais très concentré. Le monde, ça te motive. Franchement, c’était très bien et je n’ai qu’une envie : ne jouer que des matchs comme celui-ci » , confirme l’autre.
Loin de leurs familles, Tony, Raffi et Jean-Guy vont devoir maintenant voler de leurs propres ailes dans un championnat qu’ils ne connaissent pas encore pour espérer encore progresser. Tous sont d’accord pour souligner l’état d’esprit écossais, qui facilite forcément l’intégration. « On a la confiance du coach, tous les trois, et il n’y a pas vraiment de concurrence entre les joueurs. L’état d’esprit est vraiment super cool ici en Écosse » , détaille Tony, 24 heures après avoir affronté Joey Barton dans le rond central d’Ibrox. « C’est difficile de quitter la famille, mais je pense que c’est bénéfique pour moi et pour eux aussi. Ils me voient progresser. Ici, on vit vraiment bien. Les gens sont beaucoup plus accueillants qu’à Paris. C’est une culture complètement différente, beaucoup plus décontractée » , poursuit-il. Maintenant, il ne reste plus aux trois Français qu’à progresser, faire monter leur nouveau club en troisième division et prendre l’accent de Glasgow.
Par Gabriel Cnudde