ACTU MERCATO
OL : la folie des flambeurs
Après s'être serré la ceinture tout un été, l'OL vient de boucler un mercato hivernal gargantuesque. Laissé tranquille par la DNCG, John Textor a montré qu'il avait les moyens et, apparemment, les solutions.
Il y a quasiment sept mois, l’OL s’offrait Clinton Mata, en échange d’un chèque de cinq millions d’euros. Depuis, l’international angolais a prouvé que le costume de recrue la plus chère du mercato estival n’était pas trop grand pour lui. Cinq patates pour un joueur, c’est le maximum que pouvait s’autoriser Lyon en son propre nom. En seulement un semestre, les Rhodaniens sont passés d’une force de frappe de ventre mou à celle d’un candidat à l’Europe. Gift Orban, Malick Fofana, Adryelson, Lucas Perri, Nemanja Matić, Orel Mangala (qui deviendra la recrue la plus chère de l’histoire du club)… Les Gones n’ont pas chômé cet hiver, et ont claqué un peu plus de 70 millions d’euros, en comptant les options d’achat qui devraient être levées. L’OL conclut donc ce mercato hivernal en étant le club le plus dépensier d’Europe. Et les 88 millions d’euros (mal) dépensés à l’été 2019 seront surpassés, si Saïd Benrahma, qui devrait coûter 20 millions d’euros, complète bien son arrivée dans la capitale des Gaules.
Des garanties et des millions
Cette puissance financière soudaine, voire insoupçonnée en juillet dernier, est principalement due à la décision de la DNCG de desserrer l’étreinte concernant l’ogre des années 2000. Obligé d’opérer des stratagèmes fumeux en passant par Molenbeek pour dépenser un peu de pognon l’été dernier, comme ce fut le cas pour Ernest Nuamah (25 millions), John Textor a cette fois pu montrer que lui et sa holding Eagle Football avaient vraiment de l’argent. « Quand vous dépensez plus de 50 millions d’euros lors du mercato d’hiver, d’un point de vue économique, c’est rassurant », assure Luc Arrondel, économiste du sport, directeur de recherche au CNRS. Si le gendarme financier du football français a été plus clément avec l’OL, c’est parce que Lyon a refinancé sa dette (et donc trouvé de nouveaux investisseurs) et que son propriétaire a fourni des garanties. En plus d’avoir vendu pour quasiment 100 millions d’euros l’été dernier, l’Américain a promis de vendre pour une cinquantaine de millions OL Reign, la franchise américaine de foot féminin détenue par le club.
Mais il avait aussi garanti de se séparer de Rayan Cherki pour une coquette somme. Ce qui n’a pas eu lieu cet hiver. « C’était un plan budgétaire, pas un plan footballistique… Et les projets footballistiques ont la priorité. Cherki peut nous aider à gagner, et nous avons besoin de victoires plus que de ventes. Si cela signifie que nous risquons de perdre une opportunité économique, nous devons prendre ce risque », assurait-il dans une interview parue dans L’Équipe, mardi. Il y avait également évoqué « des décisions stratégiques que nous avons prises pour vendre des actifs importants qui ne sont pas essentiels à notre mission de football ». Le boss lyonnais parlait ici de la vente d’une partie de la flambant neuve LDLC Arena, qui jouxte désormais le Groupama Stadium. Une manœuvre symbolique, puisque c’est l’héritage de Jean-Michel Aulas, mais aussi utile financièrement. Alors qu’il a confirmé ce vendredi en conférence de presse que la DNCG attendait du club rhodanien qu’il vende pour 20 millions d’euros, Textor a expliqué qu’il existait plusieurs manières de faire entrer de l’argent et donc qu’il n’était pas obligé de vendre des joueurs.
🗨 "L'OL ça ne se refuse pas" 🔴🔵
La première interview d'Orel Mangala est à retrouver ici ⤵
— Olympique Lyonnais (@OL) February 2, 2024
Ce changement radical de moyens illustre surtout que le Floridien n’avait pas bien saisi l’importance de la DNCG l’été dernier. « Le foot européen et les sports collectifs américains sont vraiment deux mondes complètement différents. C’est très régulé là-bas, alors qu’en Europe, vous faites un peu ce que vous voulez jusqu’à l’arbitrage de la DNCG. Peut-être que John Textor n’avait pas compris son fonctionnement. Aux États-Unis, tout est décidé en amont », tente d’expliquer Luc Arrondel. « Je suis content de notre relation avec la DNCG. Je pense que nous prenons les mesures nécessaires pour améliorer la santé financière de l’entreprise, comme ils le souhaitaient », répondait Textor dans L’Équipe. Le discours qu’il a tenu dans la salle de presse du Groupama Stadium ce vendredi semble assez rassurant concernant la santé financière de son club et les moyens dont il disposera l’été prochain. Encore faut-il que l’OL se sauve sur le terrain, afin de rester le club phare de la galaxie Eagle.
Par Léo Tourbe
Propos de Luc Arrondel recueillis par LT.