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De l’importance du slip dans le football
Gourcuff, Valbuena, Ronaldo, Beckham, Balotelli, Neymar, Ginola : on ne compte plus le nombre de joueurs qui ont un jour été immortalisés avec un cache-sexe comme seul apparat. Mais qu'est-ce qui pousse les footballeurs à tomber le bas plus que de raison ?
Ce week-end, pendant que Pascal Dupraz faisait une nouvelle fois dans la dentelle en conférence de presse post-victoire contre le PSG – « J’ai tremblé tout au long de la partie, c’est pour ça que je porte un slip marron ce soir » – la team communication d’Évian Thonon Gaillard finissait de réfléchir à un nouveau coup marketing bien ficelé. Lundi, l’ETG Boutique a mis en vente un boxer homme et un shorty femme aux couleurs du club savoyard, en association avec la marque de sous-vêtements No Publik, « partenaire sexy » de l’ETG. Cette initiative relativement WTF, tout du moins plus WTF qu’une parure de lit PSG, soulève de nombreuses questions : où vont-ils chercher toutes ces idées et ces slogans incroyables ( « Supporter jusqu’au bout » , « Marquage à la culotte » ) ? La gent féminine peut-elle décemment porter des shortys siglés ETG ? Pascal Dupraz va-t-il jouer les modèles aux côtés de Daniel Wass ? Autant de questions pour une seule certitude : plus que tout autre sport, le football cristallise un véritable amour pour le slip sous quelque forme qu’il soit. Bon sang, mais pourquoi ?
Parce que c’est l’attribut n°1 du sportif. Et donc du footballeur.
Normalement, en dessous de toute tenue de sport se cache un slip ou un boxer (exception faite des sports aquatiques et des joueuses de beach volley qui, on se demande encore pour quelle raison, ont décidé de faire les malins). Parce que courir avec un caleçon, c’est un grand non. Dans ce contexte, le football est le sport le plus regardé autour du monde. Donc celui qui produit le plus d’image. Donc celui où les joueurs, habitués à voir circuler des objectifs sur chaque mètre carré de pelouse voire dans les vestiaires, peuvent dans un moment de relâche se retrouver en slip devant des millions de téléspectateurs sans véritablement le savoir. Comme dans Les Habits neufs de l’Empereur. Ou presque. Pas vrai, Mario Balotelli ?
Parce qu’on peut se faire du fric dessus
Hormis acteur, sportif est sans doute l’unique métier où l’on se sert de son corps comme d’un outil de travail. Avec, une nouvelle fois, la tripotée de caméras qui accompagne les joueurs dans leurs moindres faits et gestes. Or, pour porter le slip, il faut avoir les formes qui suivent et on sait tous au fond de nous-mêmes que le caleçon, c’est comme le plat du pied. De fait, avec leurs corps d’Apollon, les footballeurs peuvent se muer très rapidement en ambassadeurs du slip et jouer les hommes-sandwich pour une marque. La leur, souvent. Mathieu Valbuena avec les boxers « Pull-inesque » de la marque Kahmo Sutra, Cristiano Ronaldo qui affiche le service trois-pièces en quatre par trois dans toute l’Europe avec sa collection CR7 Underwear ou encore son équipier James Rodríguez et sa gamme griffée J10 en sont les meilleurs exemples. Une classe au-dessus, David Beckham avait été choisi à l’époque pour porter les créations d’Emporio Armani ou H&M.
Parce que tomber le haut, c’est surfait
Beaucoup de caméras, donc, mais aussi une propension à se mettre en calebar très rapidement une fois la fin du match sifflé, comme en témoigne la série de clichés pris lors de la montée en Serie A de Parme en 2009 avec le président Tommaso Ghirardi pas loin de nous faire un remake de la blague de Toto en slip. C’est la liesse, alors qu’est-ce qu’on fait ? On se met en sous-vêtement. Lorsque des mecs sont capables de se prendre sciemment un carton jaune parce qu’ils viennent d’enlever leur maillot dans le seul et unique but de célébrer un pion, la désinhibition du corps public monte d’un cran. Même les entraîneurs s’y mettent : Ronny Deila, l’actuel coach du Celtic, avait célébré en 2009 une victoire de son ancien club de Strømsgodset en faisant des pompes en slip devant le kop des supporters.
Parce que c’est d’un mauvais goût certain
En plus de faire des pompes en slip, Deila avait enchaîné avec la blague du string en remontant hyper haut le derrière de son falzar. Et là, on touche du doigt quelque chose de très important. Sans vouloir entrer dans des considérations hâtives et de médiocres jugements de valeur, il faut bien reconnaître que le footballeur est plus souvent sujet au mauvais goût que n’importe quel autre sportif. Qu’on parle de coupes de cheveux, de look vestimentaire, de voitures et autres biens matériels. Le slip en tant que tel n’est pas de mauvais goût. Mais sa façon de l’utiliser, oui. Ce ne sont pas les sous-vêtements extrêmement distingués de Rémy Cabella, dont un magnifique boxer Grand Theft Auto, qui diront le contraire.
Parce que le public s’en fiche complètement, en fait
Clairement, l’inhibition inhérente à la bienséance de certains sports ne s’appliquent pas au football. Un joueur qui vient communier avec ses supporters en slip, ça n’a jamais eu l’air de gêner qui que ce soit. Surtout pas les supporters qui ont parfois tendance à finir dénudés eux aussi. Le 21 février, Rafael Nadal, lui, s’est aperçu qu’il avait mis son short à l’envers. Il a dû le remettre dans le bon sens en direct et sur le court de l’Open de Rio avec une serviette autour de la taille. Pas étonnant de la part d’un sport où les filles portent des shorts sous leurs jupes. Alors que David Ginola est tellement à l’aise quand il tient le manche en slip.
Par Matthieu Rostac, en slip