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De l’histoire d’amour de Diego Simeone

Par Markus Kaufmann
De l’histoire d’amour de Diego Simeone

Les histoires d'amour doivent-elle toujours finir mal ? Dans le bonheur ou dans les pleurs, l'histoire fusionnelle entre l'Atlético Madrid et Diego Simeone devra bien se terminer un jour. Alors que la troupe affamée du Cholo revient dans une compétition qui l'a fait rêver plus que jamais la saison dernière, quelle peut-être la suite de l'aventure ? Un mariage pour toujours ? Une rupture soudaine ?

Le jour d’après

Imaginons. Ce soir, l’Atlético Madrid du Cholo s’incline de justesse à Leverkusen, et ne parvient pas à arracher autre chose qu’un match nul à domicile dans quelques semaines au match retour. Le Vicente-Calderón, qui rêvait de nouvelles épopées européennes, meurt avec les muscles contractés. Pas de nouvelle finale de Ligue des champions. Pas même de nouvelle victoire en Ligue Europa, parce que c’est trop tard. En Liga, l’équipe est déjà larguée par les voisins prétentieux et les Catalans présomptueux. Inévitablement, le reste de la saison s’annonce amer, sans titre ni saveur. En plus, Griezmann et Mandžukić se sont blessés sur un coup de tête simultané en tentant de marquer dans les cages vides à l’ultime seconde. Saison terminée pour les deux recrues. Et pourtant, le ballon a dépassé la ligne et aurait dû offrir la qualification aux Madrilènes, mais l’arbitre ne l’a pas vu.

Car au même moment, Spahić découpait la barbe et le genou d’Arda Turan d’un tacle aiguisé à l’autre bout du terrain. Carton rouge, but refusé, et saison terminée pour le Turc, sorti le menton et le ménisque en sang. Une triste histoire de destinée, de malchance et d’acharnement pour un club qui a bien trop bousculé l’ordre du football mondial ces dernières années. Mais le pire est à venir. Noyé dans cet immense cocktail de cruauté, Diego Simeone sort sous les sifflets de son propre stade, dégoûté par le dépit qui sort de la bouche de ces 55 000 enfants qu’il avait adoptés en décembre 2011. Expulsé pour avoir taclé Stefan Kiessling sur une contre-attaque allemande au coup de sifflet final, Simeone a dépassé les limites. Il a déçu les siens, il leur a même fait un peu honte. Et pourtant, il « n’a pris que le ballon » , dira-t-il plus tard en conférence de presse, incrédule. Le lendemain, la démission est inévitable. Simeone vient chercher ses affaires et laisse l’Atlético seul au Calderón, dans l’amertume et le vide que fait respirer l’absence du chef absolu. Évidemment, le temps de quelques rumeurs, les Colchoneros s’exciteront à l’idée de vivre leur vie de célibataire. Mais la réalité rattrapera vite les fantasmes. Et l’Atlético ne sera plus jamais le même.

Lune de miel sans fin

Si ce scénario est si difficile à imaginer, et pourtant en phase avec l’histoire tortueuse de l’Atlético Madrid, c’est parce que Diego Simeone a complètement bouleversé le club depuis son arrivée il y a trois ans, au point d’en faire un modèle unique. De jeu, d’abord : l’Atlético joue toujours de la même façon, en 4-4-2 ou 4-2-3-1, avec Falcao, Diego Costa ou Mandžukić, avec intensité, cœur et surtout organisation tactique. Si l’Atlético veut presser ou laisser jouer, récupérer haut ou bas, et garder le ballon plus ou moins longtemps, il le fait avec les idées claires. De victoire, ensuite : avec une mentalité transformée, l’Atlético est devenue une bête de coupe. En match à élimination directe, le groupe du Cholo ne perd jamais, sauf quand la barre est vraiment beaucoup trop haute. Contre le Real Madrid en finale de C1 sans Diego Costa ni Arda Turan, par exemple. Contre le Barça en Coupe du Roi dans un mois de janvier irrespirable, aussi. Mais pour le reste, le bilan de Diego Simeone est exceptionnel : Ligue Europa et Supercoupe d’Europe 2012, Coupe du Roi 2013, Supercoupe d’Espagne et finale de C1 2014… Et puis, la Liga 2014. L’Atlético vient à peine d’humilier son rival éternel 4-0 à la maison. Ainsi, ce scénario catastrophe ne devrait pas arriver : la rupture, ce n’est pas pour tout de suite. Mais c’est pour quand, alors ?

Jusqu’à quand l’Atlético peut-il réussir à réaliser des saisons exceptionnelles, se renouveler sans se ruiner et imprimer cette intensité folle à chaque rencontre ? Après tout, si le club a survécu aux ventes de Sergio Agüero, Falcao et Diego Costa, il ne devrait pas avoir de mal à trouver des remplaçants dociles pour occuper les postes de Griezmann et Mandžukić, n’est-ce pas ? Certes. Mais les ressources humaines ont des limites. L’envie, principalement. La fatigue, aussi. Et la qualité de la cohabitation entre le coach et la direction, également. Pour son premier passage à Chelsea, José Mourinho avait tenu trois saisons et demie avant de voir son histoire d’amour battre de l’aile. Au Barça, Pep Guardiola était resté à bord du navire durant quatre années intenses, avant de s’exiler outre-Atlantique. À Turin, Antonio Conte n’a tenu que trois saisons… Mais pour le moment, cette série de succès donne l’impression que Diego Simeone a réussi à casser le mystère de l’amour. Pour sa quatrième saison, la passion est encore intacte, en attestent les dernières victoires contre le Real Madrid… Quelque part, c’est comme si l’Argentin parvenait à enchaîner les lunes de miel sans jamais redescendre de son nuage.

Et si… ?

Combien de saisons passeront donc avant que Diego Simeone ait d’autres envies ? Il le répète à chaque entretien, son cœur et sa parole finiront tôt ou tard par le ramener à l’Inter et à la Lazio. Sans parler de la sélection argentine, avec laquelle il est éternellement lié. Chaque mois, de nouveaux clubs s’intéressent forcément à un tel amant ayant la victoire dans le sang. Manchester City, le Paris Saint-Germain… Tout club ayant des moyens, en fait. Et puis, Diego Simeone a aussi promis de revenir au Racing de Avellaneda, « son » club, celui qu’il n’avait porté qu’à la deuxième place du championnat argentin en 2011…

Mais alors, l’histoire madrilène doit-elle vraiment se terminer ? Et si c’était pour toujours ? Et si le Cholo pouvait devenir un Don Diego habitant les rues de Madrid pour les trente prochaines années, à l’image de Sir Alex dans le Nord de l’Angleterre ? Non, c’est impossible. Parce qu’il faut bien que ça se finisse, non ? Mais pourquoi, d’ailleurs, tiens ? Et comment ? Comment partir alors que son équipe lui appartient autant ? Comment partir alors que cet Atlético et ce Simeone ont eu tant d’enfants ensemble ? Doit-il d’abord connaître l’échec pour considérer que son temps est fini à Madrid ? Un désastre à Leverkusen peut-il tout faire oublier ? Faut-il si peu de choses pour gâcher une si belle histoire ? Comme une sorte de déclic ? Et si cet Atlético n’avait pas encore atteint son toit ? N’a-t-il pas d’autre 4-0 sous le capot ? Et s’il allait gagner cette Ligue des champions contre son rival en finale ?

Dans cet article :
Roberto De Zerbi, apprentissage incontrôlé
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Par Markus Kaufmann

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