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De l’art de préparer une finale de Ligue des champions

Par Martin Grimberghs et Raphael Gaftarnik
De l’art de préparer une finale de Ligue des champions

Ce soir, c'est la finale de la Ligue des champions, ce soir c'est aussi la 59e finale de la C1. Pourtant, un peu plus d'un demi-siècle plus tard, la ferveur autour de l'événement est toujours la même. Une passion qui excite, transcende et paralyse même parfois les principaux intéressés. De quoi nous donner l'envie de se plonger dans l'intimité des préparatifs. Entre grosse déconne et mises au vert prolongées.

Il est des consécrations européennes qui passionnent plus que les autres. À l’heure où les électeurs des 28 états membres s’apprêtent à désigner les représentants d’une assemblée dont ils n’ont jamais compris l’utilité ni le fonctionnement, d’autres suivront avec le plus grand intérêt les débats qui accoucheront du vainqueur de la Ligue des champions. Au moins, cette finale ne sera jamais marquée par l’abstention. Parce qu’elle réunit la crème du football mondial, parce que son hymne fait frissonner dès les premières notes, parce que les larmes de Sammy Kuffour restent comme l’une des plus émouvantes déceptions jamais filmées, cette Ligue des champions demeure une compétition à part. Une compétition convoitée de tous qui, depuis des décennies, a sacré les plus grands sans oublier de les faire trembler. Car bien loin des joutes du championnat, cette finale est un moment singulier et chargé d’histoire. Entre la surexposition médiatique, la pression populaire et l’envie de se hisser sur le toit de l’Europe, chaque joueur supporte sur ses épaules le poids d’un mastodonte. De Ludovic Giuly à Bruno Germain, en passant par Bernard Casoni et Jean-Marc Ferreri, tous ont connu l’attente qui précède ces 90 minutes de summum footballistique. Ces journées interminables passées à cogiter. Seul ou en bande, à la maison ou à l’hôtel. Entre stress et excitation, entre l’envie d’en découdre enfin et la peur de mal faire surtout. Bref, un moment de latence unique.

La bande de potes

Déconnecter ou rester sous tension ? Se relâcher ou maintenir les esprits en alerte ? S’il n’est pas de solution miracle pour aborder au mieux une rencontre si décisive, les dirigeants marseillais avaient en 93 fait le choix de l’isolation : « On s’était mis à la campagne en mise au vert, mais vraiment au vert. On était à 30 ou 40 kilomètres de Munich, perdus en pleine Bavière. Je me souviens de la volonté de Bernard Tapie de dédramatiser l’événement. Donc on avait un climat vraiment très convivial, ça rigolait beaucoup. On était vraiment très bien. On parlait du match entre joueurs, mais pas tellement avec le staff » , se souvient Jean-Marc Ferreri. Une tactique heureuse qui sourit cette année-là aux Olympiens. Onze ans plus tard, c’est au tour des Monégasques de s’essayer à la détente, comme le confirme Ludovic Giuly : « C’était vraiment de la déconnade en 2004. Le but, c’était de ne pas penser à cet évènement. Je me rappelle, on était en Allemagne, on avait trois ou quatre jours de stage. On parlait de tout sauf de ça. C’était une obligation. » Avant de mettre en exergue le retour de bâton : « Le problème, c’est que quand arrive le jour J, tu te prends tout dans la gueule. Tu vois tous les gens autour, tu vois le prince qui arrive avec son père, la ferveur dans les rues, ça arrive à grands pas. Tu reçois des textos, des encouragements. Et tu sais plus faire autrement que d’y penser. »

Étrillé par Porto (3-0), l’ancien joueur de l’ASM n’en garde pas moins de beaux souvenirs : « On vivait le truc au naturel. Il n’y a pas eu tricherie. Comme tu vois dans le DVD, on était nous-mêmes… » D’ailleurs, preuve que chaque expérience est unique, Ferreri rappelle que lui et ses compères phocéens avaient un goût prononcé pour la déconne à quelques encablures de l’évènement : « On était très décontractés et je me souviens même que TF1 était venu pour un reportage avec Roger Zabel et on lui avait lancé un seau sur la tête pendant qu’il faisait son émission. C’était super convivial. Ça devait être à deux jours du match… » 48 heures plus tard, l’OM remportait sa première Ligue des champions contre le Milan (1-0). Et faisait subir d’autres douches, de champagne cette fois-ci.

Les tours de l’esprit

La bonne ambiance ne suffit pourtant pas à évacuer tous les démons. Car si, en apparence, le groupe vit bien, il n’empêche pas chacun de cogiter plus ou moins. Dès lors, chacun sa méthode : « Le stress, surtout pas, en tous les cas, il faut l’éviter. Non, c’est l’excitation. C’est le maximum de concentration, de plaisir aussi. Celui de disputer une finale de Champions League. Ça excite plus que ça stresse. C’était une bonne pression, parce qu’à ce moment-là, tu es content d’appartenir au plus grand club français. C’est dans ces moments-là que tu fais en sorte d’être encore meilleur » , analyse Bruno Germain, participant malheureux de la finale 91 face à l’Étoile rouge. Bernard Casoni, qui a connu les deux finales européennes de l’OM, n’a pas la même approche : « Il n’y a pas de stress, ni de l’excitation, parce que l’excitation c’est pas bon, et le stress, ça veut dire que tu es trop. Alors que tu dois être concerné, tu dois être concentré sur ce que tu fais. Pour être pro et performant au haut niveau, il faut passer par là. Si tu te fais prendre par les émotions, t’es mort. » Moins maître de ses émotions, Ludovic Giuly concède avoir parfois cédé aux démons de la projection : « Tu rêves de tout. Du positif. Que tu fais un bon match, que tu marques, que tu gagnes, que tu soulèves la coupe. Forcément. Et puis tu te poses plein de questions : « Est-ce que tu vas être bon, comment ça va se passer ? » » Pour Casoni, c’est bien là que se situe le danger : « Le plus important, c’est de rester dans l’action. Une finale de Coupe d’Europe, c’est une finale, mais c’est pas pour ça qu’il faut tout changer non plus. Il faut se concentrer sur ce que tu sais faire. Pas se dire : « Putain, je vais faire ça ! » Il ne faut pas faire le match à l’avance. Surtout pas. » Finalement, Jean-Marc Ferreri tempère le débat : « De toute façon et inévitablement, le jour du match, la concentration, elle est là. C’est comme tous les grands matchs, c’est un mélange de stress et d’excitation. »

De l’importance de l’expérience

Ces grands matchs, rares sont ceux à avoir pu les appréhender plusieurs fois dans leur carrière. Certains, armés d’une précédente expérience, ont pu aborder leur nouvelle opportunité avec plus de recul. C’est le cas de Ludovic Giuly qui, après sa campagne monégasque, a connu les fastes de l’Europe sous le maillot blaugrana : « La première, c’est l’inconnu. Je me rappelle à l’échauffement, j’étais tendu. Tu regardes les parents ou la famille pour te détendre, mais ça ne venait pas. Tu dormais mal toute la semaine et puis j’ai eu la chance de pouvoir faire la même chose avec Barcelone. Et alors là, j’ai été vraiment plus détendu la semaine, au niveau de l’échauffement j’avais mon corps qui était vraiment relâché. Je prenais mon temps pour respirer. J’avais appris à mieux gérer la pression. » Bernard Casoni était des deux campagnes de l’OM en 91 et 93. Lui aussi se souvient : « C’étaient deux finales et deux contextes très différents. C’est pour ça que ce n’est pas évident. Contre Belgrade, c’est très fermé, la deuxième contre le Milan, c’est beaucoup plus cool. La première, on était favoris, la deuxième on n’était pas favoris, ça joue déjà. Et puis la deuxième, on est aussi en pleine affaire OM-VA, donc ça a permis de masquer un peu la pression. » Un dernier souvenir qui confirme à lui seul qu’une finale se joue souvent à un détail.

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