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De la cohérence du projet technique du PSG

Par Markus Kaufmann
6 minutes
De la cohérence du projet technique du PSG

En matière de résultats, le Paris Saint-Germain réalise un départ canon et se lance vers une quatrième saison riche en trophées. Sur le plan du jeu, en revanche, les hommes de Laurent Blanc ne parviennent pas à épanouir un potentiel qui tutoie pourtant les sommets européens. Faut-il accabler le choix des joueurs ? Le niveau de ces derniers ? Le coaching ? Certes, certaines grandes rencontres des Parisiens se sont décidées sur des erreurs tactiques ces deux dernières années. Mais alors que Laurent Blanc est la cible des critiques, c'est bien toute la cohérence de la stratégie sportive du club qui pourrait être remise en question.

Et si le football était un tango ? Sur la piste, habillé de son costume d’homme autoritaire et charmeur, c’est l’entraîneur qui dirige, donne le tempo et annonce les changements de rythme. Déterminé et convaincu par son idée du mouvement, c’est lui qui persuade sa partenaire de la direction à prendre. Les joueurs, eux, sont cette partenaire chargée de mettre en mouvement ces consignes, de les faire vivre. Ils peuvent y ajouter de la fantaisie, à condition de suivre le rythme dicté. En fonction de leur talent, la danse peut ainsi prendre une dimension plus ou moins fabuleuse, mais l’essentiel est ailleurs : c’est la cohérence entre les consignes données et le potentiel de la partenaire à les réaliser qui décide de la grandeur de la danse. Ailleurs, un beau football est aussi le résultat du mariage entre une idée de jeu et le potentiel des joueurs à la réaliser.

Peu importe le style de la musique, les attaques placées ou les contres éclair, le public apprécie toujours la symbiose, la cohérence, l’intelligence. Au-delà du niveau tactique de l’entraîneur et bien au-delà de la maîtrise technique de ses interprètes, la cohérence prime avant tout : c’est la fameuse « fonctionnalité » des joueurs. Quand Arrigo Sacchi répond à la question « d’où est sorti votre grand Milan ? » , la réponse est claire : « C’est venu grâce à la réunion de nombreux facteurs. Avant tout grâce à un club ambitieux, bien organisé, patient, et aussi compétent, qui nous a fait travailler dans les meilleures conditions possibles. Un club où le projet technique a pu prendre plus de place que les intérêts qu’imposent le merchandising et le marketing, un projet qui a fait comprendre qu’il fallait prendre les joueurs les plus fonctionnels pour le jeu que nous voulions réaliser. »

Boucs émissaires et crise du jeu

Cette saison, le potentiel du groupe du PSG est immense. Verratti, Ibrahimović, Pastore, Di María, Thiago Motta, Thiago Silva, Matuidi, Cavani, Marquinhos, Aurier, Maxwell, Lucas, Lavezzi, Rabiot, Trapp, Sirigu… À vrai dire, si ce groupe ne possède pas la qualité et l’expérience pour remporter la C1, qui la possède ? Seulement, sa production collective s’avère décevante. Son apogée ? Le huitième de finale de l’édition 2014 de la Ligue des champions, à Leverkusen. Car depuis, la progression dans le jeu semble enrayée. En une demi-saison, Laurent Blanc avait réussi à imposer des principes édifiants : un contrôle du jeu maîtrisé, l’influence créative de Zlatan dans le troisième quart du terrain, les courses de Matuidi, Lavezzi et Cavani… Aujourd’hui, en revanche, le jeu parisien a moins de fluidité. Mercredi soir au Parc contre le Real, comme contre Marseille, le PSG s’est parfois retrouvé coupé en deux, n’a pas réussi à porter le ballon dans le camp adverse et a mis en scène une attaque sans solution. Comment une troupe de danseurs étoiles peuvent s’éloigner autant du bon rythme ? Comme il fallait s’y attendre, le public de l’opéra parisien n’a pas tardé à chercher des boucs émissaires. La première victime serait Ibrahimović, l’étoile la plus prestigieuse. Historiquement, après tout, la France aime couper les têtes les plus puissantes. Les critiques tombent aussi sur Di María parce qu’il vient d’arriver et que sa saison à Manchester le rend peut-être plus vulnérable que d’autres. Enfin, Laurent Blanc ne convainc pas. Paris lui crie, à raison, que Pastore doit être titulaire. Paris lui crie, à tort, qu’Ibra doit aller s’asseoir. Mais peu importent Ibra, Pastore et Di María : le PSG ne traverse pas un problème de choix d’interprètes. La capitale vit une crise de jeu.

Le projet technique est-il vraiment la priorité ?

Depuis son arrivée, Blanc a clairement décrit sa danse idéale. Possession, maîtrise du ballon, contrôle du jeu, « philosophie barcelonaise » . « J’aime qu’on garde le ballon » , répète le Président. Et c’est tout à son honneur. Seulement, si le PSG parvient à garder le ballon aisément dans son camp, à l’aide des pieds exceptionnels de Verratti, Motta et Thiago Silva, il n’a jamais réussi à étendre la domination territoriale jusqu’au camp adverse avec la constance et les variations du Bayern et du Barça. À vrai dire, il ne s’en est même pas approché. Et la raison est très simple : les interprètes choisis depuis l’arrivée de Blanc n’ont absolument rien à voir avec cette idée de football placé. Il y a eu Lucas l’ailier de débordement, Cavani l’attaquant guerrier aux pieds rebelles, Cabaye le milieu à l’anglaise, Di María l’animal mourinhesque du football de contre, David Luiz le bouclier mobile, Marquinhos le défenseur à l’italienne, Stambouli la lourde sentinelle, Kurzawa et Digne les latéraux accélérateurs. Parmi tous ces grands joueurs, qui serait une cible intéressante pour les projets de jeu du Bayern et du Barça aujourd’hui ? Personne.

Aucun de ces joueurs n’est apte pour faire briller un système visant 70% de possession de balle. Aucun. Ces joueurs ont les pieds et la tête pour jouer un football direct, rapide, agressif, comme Di María au Real, David Luiz à Chelsea, Motta à l’Inter, Cavani à Naples, Cabaye en Premier League. Le PSG n’est pas allé chercher les joueurs capables de satisfaire les exigences tactiques de Blanc : le projet technique ne serait pas la priorité du recrutement ? L’ambition de recruter Cristiano le démontre aussi. Paris n’est jamais allé chercher un milieu intérieur ayant une relation fusionnelle avec le ballon, à la Iniesta, Isco, Borja Valero, Modrić, David Silva ou Herrera. Paris n’est pas allé chercher non plus un ailier sachant presser et construire, à la Pedro. Dans la lignée de la construction opérée par Leonardo et Ancelotti, le PSG a continué à construire une équipe de joueurs habiles en contre. Et le plus beau symbole en est évidemment Javier Pastore. Mais pourquoi ?

Mais qui décide ?

Cette incohérence peut être la fille de deux facteurs. La première option est une mauvaise planification tactique : le PSG essaye de faire du projet technique une priorité, mais les joueurs engagés sont mal analysés. L’exemple de Lucas est frappant : pourquoi faire venir un joueur aussi percutant pour lui demander de jouer un football de contrôle ? La seconde est une mauvaise priorisation : les joueurs ne sont pas pris pour leur fonctionnalité dans l’idée de football de Laurent Blanc. Di María et Cavani auraient été pris parce qu’ils étaient les plus gros noms disponibles sur le marché, d’où un impact marketing conséquent, Cabaye et Stambouli auraient été pris pour leur nationalité, Lucas parce qu’il était le jeune Brésilien que l’élite européenne voulait, etc. Et c’est ici que l’on revient au rôle de l’entraîneur dans ce projet. Si les joueurs ne sont pas choisis pour leur fonctionnalité dans le projet tactique de Blanc, ils sont probablement choisis sans l’accord de l’entraîneur.

Si les joueurs lui sont imposés, Blanc a donc deux options. La première – qui serait la plus logique – est d’adapter son schéma aux joueurs recrutés, abandonner le 4-3-3 et faire jouer un football direct au PSG. Mais ce n’est clairement pas la direction prise. La seconde est de s’imposer à son tour en imposant son idée de jeu, la possession et le 4-3-3. D’après cette dernière éventualité, il y aurait un bras de fer continu entre l’entraîneur et sa direction, alors que tout semble indiquer le contraire. Alors, une dernière possibilité émerge : les joueurs et l’idée de jeu sont imposés. En clair, d’après cette hypothèse, il serait imposé à Blanc de jouer à la barcelonaise avec des joueurs de contre. Ce ne sont que des hypothèses et il est impossible de juger intelligemment cette situation d’un point de vue extérieur. Mais pour le moment, et ce, depuis maintenant deux saisons, le terrain ne ment pas sur l’incohérence du projet technique parisien.

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