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De la Bombonera à la Bérézina
Disqualifiés de la Copa Libertadores après le scandale de la Bombonera, Boca Juniors se voit ainsi privé de son principal objectif. Mais les incidents ont aussi provoqués une crise interne, dont le probable départ d'Osvaldo et les déclarations du président Angelici ne sont que la partie émergée de l'iceberg.
Cet été, lorsque Boca Juniors investit environ 10 millions d’euros pour s’offrir, entre autres, Nicolás Lodeiro et Pablo Osvaldo, les supporters xeneizes se sont remis à rêver. Privé de titre depuis 2012 et une Coupe d’Argentine totalement dépréciée par le public argentin, Boca vient de dire adieu à son principal objectif de la saison : la Copa Libertadores. Après les incidents de la Bombonera, la CONMEBOL a décidé d’éliminer le club entraîné par Rodolfo Arruabarrena. Outre la (légère ?) sanction et une défaite sur tapis vert contre le rival historique de River Plate, Boca voit son avenir s’assombrir.
Le championnat, et puis c’est tout
C’est d’abord le président Daniel Angelici qui s’est montré très pessimiste sur sa candidature aux prochaines élections en décembre. Critiqué par les supporters de Boca, Angelici pâtit de la mauvaise relation qu’il entretenait avec l’idole du club, Juan Román Riquelme. Après le scandale du Superclásico, le président de Boca a aussi affirmé qu’il quitterait son poste de vice-président de l’AFA (Fédération argentine) : « J’assume ma responsabilité et je pense à démissionner, parce que nous n’avançons pas du tout » . Angelici, qui visait aussi une place dans le comité exécutif de la CONMEBOL, risque d’abandonner cette idée, après les sanctions de l’entité représentant le football sud-américain. Au niveau économique, le club se voit aussi privé d’une source importante de revenus.
Si une page se tourne dans les bureaux de la Casa Amarilla, le groupe ultra élargi de Boca (34 joueurs sous contrat) risque de subir quelques modifications. Les départs de cadres tels qu’Osvaldo, Martínez, Chávez, Calleri et Meli sont quasi actés, au mercato d’été. Le cas d’Osvaldo soulève d’ailleurs quelques interrogations : les dirigeants de Boca avaient préalablement négocié pour étendre le prêt de l’attaquant italo-argentin après août si les Bosteros se qualifiaient en quart de finale de la Copa. Mais le sosie de Johnny Depp ne semble pas chaud à l’idée de disputer uniquement le championnat argentin. La presse argentine a aussi évoqué le cas Tévez : l’attaquant de la Juventus, sous contrat jusqu’à l’été 2016, répète sans cesse son envie de retourner dans son club formateur, et ce, dès cet été. Pourtant, avec la disqualification en Copa Libertadores (la compétition s’arrête lors de la Copa América, puis reprend ensuite), l’Apache pourrait rester à Turin jusqu’à la fin de son contrat. De plus, Arruabarrena devra composer sans Cubas et Pavón, tout deux convoqués pour le Mondial des moins de vingt ans en Nouvelle-Zélande, qui débute dans dix jours. Le coach argentin est aussi dans la tourmente : malgré un bon début de saison et une victoire dans le premier Superclásico en championnat, la pression des supporters se fait sentir. Toujours premier du championnat, Boca Juniors a été éliminé deux fois de suite en compétition internationale par le rival historique. Une domination inédite (avant la victoire de River face à Boca en demi-finale de la Copa Sudamericana l’année passée, les Millonarios n’avaient jamais éliminé Boca Juniors en compétition continentale) qui ne plaît vraiment pas aux supporters de Boca.
L’éternel problème de la barra
Côté tribunaux aussi, l’enquête s’annonce interminable, et les premières conclusions de l’enquête du scandale de la Bombonera sont tombées : un des hommes qui a préparé l’attaque au gaz irritant sur les joueurs de River Plate a été identifié. C’est le journal argentin Perfil qui a divulgué son nom : Adrián Napolitano, l’un des leaders d’une faction de supporters qui s’oppose à la barra « officielle » de la Doce. Des écoutes téléphoniques ont révélé que ce groupe préparait « une surprise » pour le match. L’attaque aurait été préparée pour montrer l’influence du groupe dissident à Mauro Martín et Rafael Di Zeo, les chefs de la Doce récemment sortis de prison. L’homme qui a jeté le gaz n’a toujours pas été identifié. Un conflit interne qui vient au pire moment pour le club.
Malgré la clémence de la CONMEBOL (la Bombonera a été suspendue pour seulement quatre rencontres internationales, et le club devra payer une amende de 200 000 dollars), Boca a décidé de faire appel de ces sanctions. La présence d’Angelici lors de la réunion de la CONMEBOL au Paraguay et le fait que Boca ait déposé une plainte devant la justice argentine pour les incidents a poussé l’instance Sud-Américaine à ne pas sanctionner plus drastiquement Boca Juniors. Pendant que River Plate prépare son quart de finale de Libertadores contre les Brésiliens de Cruzeiro, les joueurs de Boca se sont vu accorder deux jours de repos. Et Pablo Osvaldo en a profité pour tacler les dirigeants de la CONMEBOL : lors de l’anniversaire de son neveu, l’attaquant de Boca a posté une photo sur son compte Twitter, accompagnée de la légende : « Cinq gros mafieux en costume ont volé l’illusion de mon neveu. » Ce dimanche, Boca Juniors affrontera Aldosivi à la Bombonera. En espérant mettre de côté la sale image montrée au monde entier lors du Superclásico.
Par Ruben Curiel