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De Gea, les gants tout propres

Par Antoine Donnarieix
4 minutes
De Gea, les gants tout propres

Ça y est, l’Espagne est éliminée de la compétition, piégée par la Russie. Si la finition n’était pas au rendez-vous pour la Roja dans ce huitième de finale, la Selección possède déjà un coupable tout trouvé : la passoire De Gea.

Il y a des statistiques plus frappantes que d’autres, des chiffres pouvant réellement interpeller sur le bien-fondé d’une décision. Pour cette Coupe du monde en Russie, l’Espagne va s’arrêter à quatre rencontres disputées, barrière russe oblige. Sur ces quatre rencontres, les hommes de Fernando Hierro ont encaissé six buts, soit 1,5 but par match. Pour une équipe qui souhaitait être championne du monde le 15 juillet à Moscou, cela faisait beaucoup. Mais là n’est pas le plus incroyable : ajouté à ces six buts pris dans la musette, David de Gea n’a stoppé qu’un seul tir cadré. Et s’il faut être bien exact, le gardien de Manchester United a dû s’incliner 10 fois sur 11 dans sa compétition, puisque sur les cinq penaltys frappés par les Russes, De Gea s’est fait trouer cinq fois. Oui, cette statistique est bel et bien frappante pour un gardien estimé à 75 millions d’euros par les Red Devils.

Hierro : « Ne pas avoir peur de remplacer De Gea »

Durant ce match au couteau contre la Russie, le portier ibérique n’aura tout bonnement servi à rien. Battu d’un contre-pied parfait par Dzyuba à la suite du penalty concédé par Gerard Piqué (1-1, 41e) et très peu confiant au moment de sortir de sa ligne de but pour aller chercher des ballons aériens sur corner, les 192 centimètres du bonhomme soi-disant taillé pour la Premier League étaient invisibles au pays des Tsars. Comme quoi, la confiance peut s’en aller en deux temps, trois mouvements. Le temps de prendre un penalty de CR7, puis de foirer sa prise de balle sur un tir anodin de ce même CR7, en l’occurrence. Depuis ce 3-3 face au Portugal, De Gea n’était clairement plus le gardien souvent admiré en Angleterre. En conférence de presse d’avant-match, Hierro était d’ailleurs très clair sur le sujet : « De Gea prend des ballons entre les jambes sur des tirs de loin et ça n’aide pas, évidemment. Si cela continue de la sorte contre la Russie, ce sera clair. Le principal est de ne pas avoir peur de le remplacer. »

Conditionné par son capitaine Sergio Ramos et une tape sur les fesses de Jordi Alba pour la fatidique séance de tirs au but, De Gea n’aura fait illusion que le temps du premier penalty. Parti du bon côté, il touche la frappe de Fyodor Smolov sur sa droite, mais ne peut que dévier le cuir dans son petit filet. Le reste ? Trois nouveaux contre-pied, dont deux sont des tirs frappés en force au milieu par Aleksandr Golovin et Denis Cheryshev. Une étude publiée par Le Monde récemment expliquait la peur du ridicule face au penalty raté par le fait que si le gardien plongeait, c’était pour ne pas rester à ne rien faire au milieu, et démontrer son effort mental d’opter pour un côté. Mais d’un point de vue mental, De Gea était aux fraises, tandis que Golovin et Cheryshev n’ont pas mis des plombes à réfléchir : une patate au milieu, et ficelle.

Zéro pointé

Il y a deux ans, De Gea était en concurrence avec Iker Casillas pour le poste de gardien numéro un de sa sélection à l’Euro 2016. Finalement, le Mancunien avait succédé à la légende madrilène dans les buts, pour la suite que l’on connaît : une élimination logique contre une Italie roublarde, regroupée, unie. Ironie du sort, c’est tout à fait l’impression que la Russie a donné ce soir à Moscou, pour faire douter l’Espagne et rappeler à De Gea que le spectre de l’élimination lui pendait au nez. Pour faire simple, son destin était le suivant : soit héros, soit zéro. Le voilà donc auréolé d’une jolie bulle… Face caméra, Hierro, déjà éliminé comme joueur par la Corée du Sud en 2002 dans l’épreuve des tirs au but, simplifiait le dénouement du match : « Les tirs au but, c’est la loterie. » Non, les tirs au but, c’est aussi, parfois, posséder un gardien avec de la prestance dans les cages. Ce qu’Akinfeev, pourtant gardien bien moins coté que son homologue espagnol, a réussi à avoir.

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