- International
- Turquie
- Reconversion
De footballeur à patineur, la deuxième vie d’İlhan Mansız
Héros turc de la Coupe du monde 2002, İlhan Mansız a connu une deuxième vie en tant que patineur artistique.
Si vous étiez devant votre télé pendant la Coupe du monde 2002, il y a de grandes chances pour que le nom d’İlhan Mansız vous rappelle quelque chose. Auteur du but en or face au Sénégal, buteur par deux fois lors de la petite finale face à la Corée du Sud, l’ancien joueur de Beşiktaş est aussi resté dans les mémoires pour avoir humilié Roberto Carlos près de sa ligne de touche en demi-finale.
« Les gens qui me reconnaissent dans la rue me parlent directement de ce mouvement » , déclarera-t-il quelques années après les faits. Et c’est d’ailleurs dans ce coup du sombrero si élégant que l’on aurait pu entrevoir les prémices de la future reconversion du joueur turc, qui avoue sans mal être le genre de type qui aimait bien tenter des trucs « un peu fous » sur le terrain.
Danse avec les stars, sur glace
C’est lors de l’édition 2007 de la version turque de Stars on Ice qu’İlhan Mansız a découvert le patinage artistique et en est tombé amoureux. « Avant l’émission, je n’avais jamais patiné de ma vie » , déclare-t-il une fois l’émission terminée. Il faut dire que le patinage n’est pas vraiment le sport le plus populaire de Turquie, ni même d’Allemagne de l’Ouest, le pays de naissance d’İlhan Mansız. « C’est Oli qui a décelé mon potentiel pendant l’émission. » Oli, de son nom complet Olga Bestandigova, patineuse slovaque ayant participé aux JO de Salt Lake City en 2002, était la partenaire d’İlhan Mansız lors de l’émission. C’est avec elle qu’habillé tour en tour en maître zen ou en homme de la jungle, il séduit le jury et surtout le public, qui se passionne pour les nouvelles aventures de son héros de 2002. Homme de spectacle du temps où il était footballeur, İlhan Mansız ne ménage pas ses efforts pour remporter la compétition. Et si, au début, Olga n’avait pas trop envie d’être associée à un footeux, puisqu’elle a longtemps estimé qu’ils étaient « bêtes à manger du foin et juste bons à taper dans la balle » , sa rencontre avec l’ex-international turc l’a vite fait changer d’avis.
Au fur et à mesure de leur parcours, ils tombent même amoureux. Deux ans plus tard, en 2009, İlhan Mansız tente après plusieurs opérations de faire un come-back dans le football au sein de Munich 1860. Sans succès.
Il décide alors d’accompagner sa femme dans une nouvelle aventure. Leur but ? Participer au Jeux olympiques de Sotchi, dans la catégorie couple (à ne pas confondre avec la danse sur glace, elle aussi patinée en couple). « J’ai toujours voulu avoir une autre carrière sportive après le foot, mais j’avoue que je n’aurais jamais pu imaginer que cela serait le patinage de couple » , raconte İlhan. Surtout qu’avec son genou complètement bousillé, l’ancien attaquant ne semblait pas en bonne position pour faire un sport aussi physique. Sur le programme libre, celui qui compte le plus pour déterminer le classement final, un couple doit exécuter en quatre minutes une quinzaine d’éléments plus compliqués les uns que les autres, tout en ayant le sourire et en étant élégant. De toutes les disciplines du patinage, le couple est la plus nocive pour l’organisme. Mais à force d’entraînement, d’abord en Allemagne, puis aux États-Unis, Mansız retrouve toutes ses capacités. « Si vous êtes déterminé à faire quelque chose et que vous pensez y arriver ou si vous travaillez dur pour y parvenir, c’est possible, quel que soit votre âge » , assure-t-il.
La fin de la belle histoire
Malheureusement, malgré quelques années d’entraînements intensifs basés sur la technique pure du patinage, mais aussi la danse classique, la musculation et le yoga, le couple ne réussit jamais à se qualifier pour les JO. Et bien qu’ils continuent à fréquenter ensemble la glace de temps en temps, İlhan Mansız assure avoir mis ses patins de côté. « On a passé deux ans et demi à s’entraîner, j’ai beaucoup appris de cette expérience. La Fédération nous a pas beaucoup soutenus, mais bon… » , a-t-il déclaré à Fanatik en 2015. Son intention est maintenant de retrouver le monde du foot. Il ne cache pas son ambition d’intégrer un jour le staff du Beşiktaş, si possible en tant que directeur sportif « à l’européenne, avec beaucoup de pouvoir » . Mais comme le Turc n’arrive pas à rester en place, d’ici à ce qu’il se fasse sa place dans son club de cœur, il s’est trouvé une nouvelle occupation : le golf. Après quelques années sur la glace, il retrouve donc l’herbe avec plaisir. Avec peut-être US PGA en ligne de mire.
Par Sophie Serbini