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De Camargo : « Si tu n’es pas au top contre Ramos… »
Ancien international belge évoluant aujourd'hui à l'APOEL Nicosie, Igor de Camargo reçoit le Real Madrid ce mardi soir. Dans sa Chypre adoptive qu'il adore, et sans aucun complexe d'infériorité. Surtout que Sergio Ramos, son principal cauchemar du match aller, ne sera pas de la partie.
On t’a quitté en 2016, quand tu étais encore en Belgique, à Genk. Comment ça se passe depuis en Chypre ? Il fait beau et chaud ?Écoute, ça se passe bien ! Là, l’hiver débute. Le soir, on descend à 15°C. Il fait un peu froid ! Sinon, on est toujours aux alentours de 24-25°C.
Qu’est-ce qui t’a poussé à signer à l’APOEL Nicosie alors que tu évoluais dans ton pays, celui où tu as débuté ta carrière ?C’est simple : l’entraîneur ne comptait plus sur moi. Chose que je n’ai pas trop comprise parce que je crois que j’étais le meilleur buteur de l’équipe. Donc j’ai parlé avec eux, je leur ai dit que je n’aimais pas les polémiques et que je voulais juste partir en bons termes. Et ça s’est bien terminé.
Tu vis à Nicosie même ?Oui. C’est magnifique. De toute façon, Chypre est magnifique. C’est tellement agréable de travailler et vivre sur une île si belle… (Les cris de sa fille se font entendre.) Avec sa famille ! Ma petite vient de se réveiller, tu vois. Non vraiment, je n’ai pas à me plaindre.
Il y a des choses qui t’ont frappé quand tu es arrivé ? Des habitudes de vie auxquelles tu n’étais pas habitué ?Le soleil. Déjà, ça change beaucoup. Ensuite, il faut se méfier un peu niveau politique. Je suis à Nicosie, la dernière capitale divisée dans le monde. Ça, tu le ressens fortement ici.
C’est-à-dire ? Il y a des endroits où il ne faut pas mettre les pieds ?C’est ça. Dès que je suis arrivé ici, on m’a averti d’éviter d’aller de l’autre côté, celui tenu par les Turcs. J’ai tout de suite compris qu’il fallait faire attention, et ne pas trop parler de ça. Et puis la politique, ce n’est pas mon truc.
Passons au ballon, alors. À quel niveau tu situes le football, là-bas ? En France, ton championnat ne fait pas forte impression. Il est même considéré comme faible…Bon. Pour être franc, ce n’est ni la Belgique, ni l’Allemagne, ni la France. Mais je peux dire que notre club compense un peu, quand même. L’APOEL est obligé de jouer une compétition européenne, que ce soit pour le domaine financier ou sportif. Et si le foot chypriote était si mauvais, on ne verrait pas d’équipes de ce pays en Coupe d’Europe. Aujourd’hui, il y en a deux : Nicosie, qui est en Ligue des champions, et Limassol, qui est en Ligue Europa. Ça prouve quelque chose.
En 2017, vous avez sorti une grosse saison, avec un titre de champion et une finale de Coupe. Vous vous y attendiez ?Pour ma première année ! Ce qui nous a permis de nous qualifier pour la Ligue des champions. Mais ça semble un peu normal, car l’APOEL est la grande équipe, ici. Ça fait déjà cinq années d’affilée que le club dispute une Coupe d’Europe. Et ça veut dire beaucoup. En réalité, je n’en attendais pas moins. On peut dire que c’était prévu, en quelque sorte. Même si on ne peut rien prévoir dans le football. C’est là tout son intérêt, d’ailleurs.
Du coup, les objectifs actuels sont de faire aussi bien ?On a eu un peu de mal au début, mais on revient bien, là. On a trois matchs de retard sur le premier, mais si on gagne tout, on repasse dans le peloton de tête.
Contrairement à l’année passée, vous avez cette fois réussi à passer les barrages de C1. Vous avez dû disputer trois duels aller-retour. C’est énorme.Effectivement, six matchs, ça fait beaucoup…
Tu trouves que les petites équipes ont un accès à la Ligue des champions trop compliqué ?Oui. Mais ça ne concerne pas seulement l’APOEL. Il n’y a pas si longtemps, la Belgique connaissait le même problème : le champion n’était pas directement qualifié pour la phase de groupes de C1. Bien sûr, j’aimerais que ça change. C’est nécessaire si les petites équipes souhaitent devenir compétitives. Nous, on a besoin de ces tournois pour garder un bon niveau.
Après ces barrages, vous tombez sur le groupe de la mort, avec Tottenham, le Borussia Dortmund et le Real de Madrid… Quel est le sentiment qui prédomine dans cette situation ? Vous êtes contents de jouer de grosses équipes dans les meilleurs stades européens ou vous craignez de vous faire croquer tout cru ?Croquer tout cru, je ne pense pas, non. Bien entendu, personne ne veut tomber dans ce genre de poule. Après, en Ligue des champions, il faut s’attendre à des grosses affiches et à croiser les meilleurs de la planète. Pour moi, ça m’était égal de tomber avec Barcelone, la Juventus, le Bayern, Benfica… De mon point de vue, c’est la même chose. C’est pour se mesurer aux meilleurs qu’on a envie de participer à cette épreuve.
Le stade était rempli quand vous avez accueilli le Borussia ?Oui, comble. L’ambiance était bonne. Contrairement à ce qu’on peut croire, ce n’est pas relax, ici. Surtout chez nous. Lorsqu’il y a une grosse affiche, les supporters de l’APOEL font les fanatiques. Il y a énormément de vie et d’atmosphère dans le stade.
Et comment est la ville à l’heure d’accueillir l’immense Real Madrid ?C’est la grande affiche que tout le monde attend. Mais avant le week-end, les médias ont plutôt parlé du gros rendez-vous du championnat : le derby contre l’Omonia Nicosie, notre plus grand rival. Dans les journaux et dans la ville, c’était Omonia, Omonia, Omonia. Parce qu’on a le droit de perdre contre n’importe quelle équipe… Sauf celle-là ! Toutes proportions gardées, c’est un peu Real Madrid-Barcelone, ou Dortmund-Schalke. Mais dès la fin du match, on a parlé que du Real.
Question langue de bois : est-ce que vous avez cru un instant à la qualification ? Et avec cinq points de retard sur Madrid, est-ce que vous y croyez encore ?Comme je le disais tout à l’heure, on ne sait jamais ce qui va se passer dans le foot. Là, il y a deux équipes qui galèrent, nous et le Borussia Dortmund… Mais pourquoi pas ? On a pris deux points contre Dortmund, qui n’est pas une petite écurie. Le reste… Gagner contre le champion en titre… La meilleure leçon qu’on a reçue ces derniers temps, c’est celle de Neymar. Quand il a dit que s’il y a 1% de chance de le faire, il fallait y croire à 99%. Je pense que la beauté du foot, elle est là.
Vous qualifier pour la Ligue Europa sera déjà une jolie prouesse !Ah c’est clair ! Ce serait magnifique, même.
Un mot sur tes statistiques. Tu as planté trois buts lors des barrages, mais tu n’as pas encore marqué en phase de groupes. C’est impossible d’échapper à Sergio Ramos ?Pas évident… Je suis là pour marquer des buts, mais je ressens la différence de niveau. Sergio Ramos, c’est quand même le défenseur qui m’a fait la plus grosse impression, pour le moment. En même temps, il s’agit du meilleur défenseur du monde, même pour la FIFA. Si tu n’es pas au top contre lui, ça ne sert à rien d’entrer sur le terrain.
Et tu penses que tu peux être rappelé en sélection si tu t’offres un triplé ?Bah écoute, moi je me sens bien ! Si le sélectionneur considère que ça vaut encore le coup de me donner une chance, qu’il me trouve en forme… Même pour essayer, tester quelque chose de différent ou faire le nombre, comme ça. Je suis toujours là. Je sais bien que c’est la fin des éliminatoires, qu’il y a une forte concurrence…
Mais tu aimerais marquer ton but pour les Diables rouges.Voilà. C’est un des trucs que j’aimerais beaucoup pouvoir faire. Car c’est la seule équipe pour laquelle je n’ai pas marqué.
Propos recueillis par Florian Cadu