- C1
- Quarts
- City-Dortmund (2-1)
De Bruyne, Mister Robot
Vainqueur minimaliste du Borussia Dortmund ce mardi (2-1), Manchester City a surtout fait la différence grâce à Kevin De Bruyne, presque effrayant de perfection dans l'entrejeu. La machine à passes des Skyblues a même relégué loin des projecteurs Erling Haaland, ce mardi soir. Et si le vrai cyborg du football mondial était citizen, roux et milieu de terrain ?
Kevin De Bruyne n’a jamais eu le sourire facile. Parfois, quand il marque un but, on peut seulement l’observer plisser légèrement les lèvres, taper dans quelques mains amicales, puis trottiner sereinement vers sa partie de terrain pour se replacer. C’est peu ou prou ce qu’il a fait ce mardi soir, après avoir initié puis conclu l’action qui a permis à Manchester City d’ouvrir la marque, face au Borussia Dortmund. Un match où Kevin De Bruyne a souvent flirté avec ce qui ressemble à une forme de perfection. C’est assez sublime à regarder, et tout le monde risque encore une fois de s’en émouvoir. Tout le monde, sauf peut-être le principal intéressé.
La machine du milieu
Manchester City, qui n’a dompté Dortmund que 2-1 grâce à un pion de Foden à la 90e minute, a pourtant tout sauf livré un grand quart de finale de C1. Les Skyblues étaient un peu en dedans, comme freinés par la force de l’enjeu ou par le poids de leur statut de grandissime favori. Un seul homme a fait comme d’habitude. Kevin De Bruyne, évidemment. Outre son but, le Belge a été aussi l’architecte du second pion des siens, en mettant hors position la défense de Dortmund d’un amour de passe longue à l’orée du temps additionnel. Quinze minutes plus tôt, il avait aussi mis le turbo sur le coté droit et servi idéalement Foden, qui avait perdu son duel avec Hitz à cinq mètres de la cage. Mais ce ne sont là que des séquences isolées, quand c’est la prestation d’ensemble de KDB qu’il s’agit de saluer. Tantôt meneur de jeu, tantôt faux numéro 9, on l’a vu à la fois coordonner et lancer le pressing des siens, comme distribuer le jeu avec la précision et le timing implacables d’une horloge suisse. En un mot, De Bruyne a été parfait. Aucun geste superflu, aucune émotion accessoire. Le bonhomme reste toujours impassible, quand ses passes ciselées finissent inlassablement dans les pieds de ses équipiers.
Trop bon, trop seul
La force de l’habitude, sans doute. On dit qu’Erling Haaland est un cyborg, mais voilà des années que Kevin De Bruyne semble avoir transmuté la chair de ses pieds en quelque chose de trop absolu pour être organique. Le règne de cet homme-là sur le jeu de City est devenu presque totalitaire. L’éteindre, c’est débrancher la matrice. Hacker le système dans son ensemble. Plus facile à dire qu’à faire : des soirs comme celui-ci, on a l’impression que KDB ne sait plus rater un match, alors même que ses équipiers ne sont pas au niveau attendu. Le bonhomme en deviendrait presque effrayant de maîtrise.
Dortmund pourra-il débrancher la prise De Bruyne au match retour ? KDB, après tout, a aussi été le superbe cache-misère d’une équipe qui a montré face au Borussia qu’elle manquait de poids, d’agressivité et de maîtrise dans les deux surfaces. De sérénité, aussi, alors que Marco Reus, d’une frappe sèche à la 84e minute, a un temps permis aux Jaune et Noir d’égaliser. Manchester City, boosté par la suprématie écœurante de De Bruyne, n’a cependant pas tardé à reprendre les devants pour l’emporter. Ce mardi soir, un homme a fait la différence. À Dortmund dans une semaine, les Citizens devront sans doute montrer autre chose. Une quasi-certitude demeure : Kevin De Bruyne et son logiciel de passes métronomiques seront encore au niveau attendu.
Par Adrien Candau