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De Bruyne et le plan anti-Kevin
Depuis quelques semaines, Kevin De Bruyne n'échappe pas à de nombreuses tentatives de découpage. Mais pourquoi cet acharnement sur les Kevin ?
« Je ne comprends pas trop. Qu’ils me tirent plutôt le maillot s’ils veulent m’arrêter, c’est plus efficace et moins dangereux. L’arbitre m’a dit qu’il n’avait pas donné le rouge car McClean ne m’avait pas touché, mais c’est parce que je l’ai vu et que j’ai sauté. » Après Dele Alli et Jason Puncheon, c’est James McClean de West Bromwich Albion qui a essayé de découper la jambe de Kevin De Bruyne mercredi. Heureusement, le meneur de jeu belge est parvenu à éviter le geste de boucher et s’en est même allé marquer. Au moment de revoir les images, KDB est circonspect, ne comprenant pas pourquoi tous les joueurs de Premier League semblent vouloir sa peau laiteuse. En tout cas, le joueur de Manchester City serait inspiré de faire attention à ses arrières. Car les gens qui lui en veulent ne sont pas seulement des défenseurs agacés par sa technique balle au pied. Ce sont des personnes bien plus puissantes et bien plus déterminées, puisqu’elles projettent de mettre hors course tous les Kevin qui ont l’audace de réussir en ce bas monde.
sur le 2e but de manchester city , De Bruyne evite un tacle de FDP qui aurait pu lui casser quelquechose, mais c’est les mecs comme Neymar et ses dribbles qui dérangent dans le football pic.twitter.com/uVYEleGjCt
— Moha Fresca (@MOHA__M) 31 janvier 2018
La vague de Kevin
En décembre 1990, la France découvre un petit blondinet qui « rate l’avion » . Kevin McCallister passe les vacances de Noël seul dans sa maison de la banlieue de Chicago et se démène pour repousser deux idiots qui tentent de cambrioler sa maison. Plus de deux millions d’entrées au cinéma français pour voir le prometteur Macaulay Culkin dans Maman j’ai raté l’avion. Deux mois plus tard, c’est un lieutenant nordiste suicidaire se prenant d’affection pour un loup et se mariant avec une indienne qui déchaîne les passions. Danse avec les loups fait plus de sept millions d’entrées dans les salles françaises. Le réalisateur et interprète principal : Kevin Costner.
Suffisant pour que déferle la vague des Kevin sur l’Hexagone. En 1991, plus de 14 000 Kevin voient le jour. L’effet de mode continue tout au long du début des années 1990. Puis le prénom est frappé d’une malédiction. Kevin devient le symbole de l’adolescent attardé, beauf, issu des classes inférieures. Dans le livre La Revanche des Kevin, sorti en 2015, le personnage principal devient obsédé par son prénom : « Je connais ma place. Je suis Kevin. Un Kevin ne peut pas, n’a pas le droit d’être intellectuel.(…)Par son prénom même, Kevin indique une extraction basse. » L’Observatoire des discriminations établit cette année-là qu’à CV égal, un Kevin voit ses chances de se faire embaucher diminuer de 10 à 30 % par rapport à un Arthur.
Combat pour le trône
Il est alors temps de s’organiser. Car on est plus solidaire dans l’adversité, les Kevin de France créent dès la fin des années 2000 une société secrète. Et rapidement, grâce aux connexions établies dans les plus grands rassemblements de tuning, l’organisation devient internationale. Le « Komité d’Ède aux Vrais » (KEV) attire l’attention des Kevin des États-Unis, les vrais influenceurs. Kevin Costner, seul Kevin au monde à jouir d’une image positive, est élu à l’unanimité « Roi des Kevin » , et doit œuvrer pour le bien de la communauté. Mais le pouvoir lui monte à la tête et il devient plus préoccupé par le fait de garder son trône. Il commence par éliminer Macaulay Culkin.
Dès 2004, il place 17 grammes de cannabis, 16 mg de Xanax et 32 mg de clonazepam dans sa voiture et précipite son arrestation à Oklahoma City. C’est le début de la descente aux enfers pour l’ancien blondinet tout mignon. La folie de Costner ne cesse d’augmenter au fur et à mesure de la réussite d’autres Kevin. Surtout qu’il disparaît peu à peu de la circulation au profit d’un autre Kevin du cinéma américain, bien plus populaire. Lors d’une assemblée générale en 2015, Kevin Spacey prend le pouvoir, appuyé par le gang des sportifs, Kevin Love, Kevin Mayer, Kevin Trapp et Kevin De Bruyne. Costner pète un plomb et décide de se venger de tout ce beau monde, trop populaire à son goût.
« Qui va à la pêche la repêche »
Il commence par s’attaquer gentiment à Kevin Trapp en faisant chanter Unai Emery pour qu’il perde sa place de titulaire. Pour le décathlonien Kevin Mayer, il détériore sa perche lors des championnats du monde d’athlétisme de Londres en 2017. Heureusement, le Français s’en rend compte avant son dernier essai et parvient à décrocher sa médaille d’or. Pour le chef Spacey, la sanction est exemplaire puisqu’il opère en sous-marin pour faire ressortir les dossiers d’agressions sexuelles le concernant. Selon les textes de la Constitution du KEV qui stipulent que « qui va à la chasse perd sa place, qui va à la pêche la repêche » , il récupère sa couronne après la chute de Spacey. Mais sa soif de vengeance n’est pas encore apaisée et il compte bien pourrir la vie de tous les Kevin qui ont l’audace de réussir dans la vie. Récemment, l’intérieur des Cavaliers Cleveland, Kevin Love, s’est fracturé la main avec pour conséquence de rater le All Star Game. Coïncidence ? Bien sûr que non. Mais celui qui lui fait le plus d’ombre en ce moment n’est autre que Kevin De Bruyne, qui roule sur la Premier League avec Manchester City. Pas de doute, un contrat est bel et bien placé sur la tête du divin roux.
Par Kevin Charnay