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De Bilbao à Marseille, Zubis ?
En trois petites saisons à la tête de la direction sportive de l’Athletic Bilbao, Andoni Zubizarreta a posé les jalons des succès actuels des Leones. Un travail de fond qu’il a dirigé vers la formation basque et que l’OM espère, aujourd’hui, qu’il répète.
« J’espérais pouvoir jouer sur la proximité de toute ma famille vivant à Bandol, mais l’OM nous a conseillé plutôt Toulouse, qui est plus proche. Mais Toulouse a refusé, alors Aymeric est parti à Bilbao. » Nous sommes en 2007, et l’Olympique de Marseille réalise un nouveau couac quant au recrutement pour son centre de formation. Car en refusant Aymeric Laporte pour d’obscures raisons de règlement, ce que confirme son paternel à La Provence, le club phocéen fait le bonheur de l’Athletic Bilbao, prompt à recruter la promesse d’Agen quelques mois plus tard. Un fait rare pour les Leones, puisque la signature du Français engendre une profonde remise en question de la politique 100% basque. Une venue qui ne se serait d’ailleurs jamais produite sans le passage d’Andoni Zubizarreta au poste de directeur sportif des Zuri-Gorriak entre 2001 et 2004. Principal instigateur du changement de cap de la cantera de Lezama, il est l’une des clés de compréhension des succès récents de l’Athletic. Les Marseillais peuvent donc se prendre à rêver de l’émergence de leurs minots, eux dont la formation est en déliquescence depuis des lustres. Seul mot d’ordre : patience.
À Bilbao, le labeur de Zubi paye aujourd’hui
Cette casquette de directeur sportif, Andoni Zubizarreta la retrouve donc pour la troisième fois de sa carrière. Après sa re-fondation de la politique sportive de Bilbao, celui qui cumule le plus de minutes dans l’histoire de la Liga prend la route de l’autre stade, après San Mamés, dont il défend les cages : le Camp Nou. Entre ces deux expériences espagnoles, les tâches qui lui incombent divergent très largement, ce qui ne l’empêche de conserver un œil tout particulier sur les canteras. Mais quand, en Catalogne, il retrouve une Masia fleuron mondial des centres de formation, celle de Lezama, dans la banlieue campagnarde de Bilbao, lui renvoie des airs d’obsolescence. Si bien que juste après sa nomination, suivant l’élection de Javier Uria, il plonge les mains dans le cambouis et dessine les contours du « plan Dena » , une sorte de plan Marshall basque. L’objectif n’est autre que de chambouler la formation des Leones, mais surtout la détection des jeunes pépites d’Euskadi : « À cette époque, je ne m’occupais pas de superviser des pros, mais de faire en sorte que le club ne rate aucun talent dans le Pays basque. »
D’abord au service de Jupp Heynckes durant ses premiers exercices, il milite pour la montée en grade de l’entraîneur de la filiale, Ernesto Valverde. Malgré des saisons précédentes décevantes, la faute à un jeu longtemps basé sur la grinta, mais désormais désuet – et un flirt de quelques exercices avec la zone rouge –, le pari des bancs de touche se retrouve gagnant. Grâce à une cinquième place qualificative pour la Coupe de l’UEFA, le novice Valverde réussit la transition générationnelle impulsée par Andoni Zubizarreta, inflexible quant à la direction à suivre. Car quand l’entraîneur des Leones milite pour l’arrivée de renforts, le directeur sportif tranche dans le vif : « Le club sait quelle est la situation des joueurs susceptibles d’être recrutés par l’Athletic, mais il est clair pour nous que les premiers renforts doivent venir de la cantera. » Un centre de formation qui, sous son impulsion, signe nombre d’accords de filiation avec des clubs de la région, élargit les frontières officieuses du recrutement et assouplit les conditions d’entrée à Lezama. Autant de mesures polémiques mais décisives dans l’évolution prochaine de l’Athletic.
McCourt : « Nous avons besoin de joueurs formés chez nous »
Bien que limogé à la fin de son troisième exercice, Andoni Zubizarreta a laissé son héritage à San Mamés. Depuis le passage de Marcelo Bielsa et l’éclosion d’Iker Muniain, Javi Martínez, Aymeric Laporte, De Marcos et Fernando Llorente, tous recrutés grâce aux partenariats qu’il a initiés, l’Athletic Bilbao récolte toujours les fruits de sa politique sportive. Sa seule faute, ne pas faire partie des promesses de campagne de Fernando Lamikiz, fraîchement élu par les socios basques à la tête du club – son licenciement de Barcelone découle de raisons politiques similaires. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Andoni Zubizarreta trouve une quiétude nouvelle dans cet OM américanisé où les élections n’existent pas. Quand le nouveau big boss déclare que « c’est inacceptable d’être le 22e club au classement de la formation » et avoir « besoin de joueurs formés chez nous » , il mise sur le bon cheval en choisissant le Basque. Entre ses expériences à l’Athletic, basée sur la cantera, et au FC Barcelone, fondée sur des transferts mirobolants (cf. Luis Suárez), Zubi pourrait bien être l’homme du renouveau marseillais.
Par Robin Delorme