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De Bergame à Watford, le duel Mazzarri-Conte se poursuit
Watford-Chelsea, c'est aussi et surtout l'affrontement des deux coachs italiens, Walter Mazzarri et Antonio Conte. Ce n'est évidemment pas la première fois que les deux s'affrontent. Leur première confrontation remonte au 6 janvier 2010. Conte est alors sur le banc de l'Atalanta, tandis que Mazzarri est à la tête du Napoli.
Une curiosité entre Antonio Conte et Walter Mazzarri. Les deux hommes ne se sont jamais affrontés en tant que joueurs sur un terrain de football. On dirait même qu’ils se sont évités. Conte débute sa carrière en 1985 à Lecce. À cette époque-là, Mazzarri évolue à Empoli et pendant trois années, leur route ne se croise jamais : quand Lecce est en Serie A (1985-86), Empoli est en Serie B, et quand Empoli revient en Serie A (1986-87, 1987-88), Lecce tombe en B. Et quand Lecce remonte à nouveau en Serie A (1988-89), Mazzarri se tire d’Empoli et signe à Licate, en… Serie B. Et quand Antonio signe à la Juve, en 1991, Walter est déjà descendu dans les méandres de la Serie C1 et C2.
Il faudra donc attendre leur deuxième vie, celle d’entraîneur, pour que leurs chemins se croisent enfin. Entre 2006 et 2009, Conte est coach en deuxième division, d’abord à Arezzo puis à Bari. Une époque où Mazzarri évolue déjà dans l’élite, à la Reggina puis à la Sampdoria. C’est finalement lors de la saison 2009-10 que les deux entraîneurs se retrouvent au même étage. Le 6 janvier 2010, jour de l’Épiphanie, Antonio Conte et Walter Mazzarri pénètrent sur la pelouse du stadio Atleti Azzurri d’Italia de Bergame. Le premier s’assoit sur le banc de l’Atalanta, l’autre sur celui du Napoli.
Deux coachs virés
À cette époque-là, Conte n’est pas encore l’entraîneur mondialement reconnu qu’il est aujourd’hui. C’est évidemment à la Juventus qu’il va acquérir sa notoriété, en même temps que ses premiers trophées de coach. À l’Atalanta, l’histoire n’est pas la même. Conte a remplacé Angelo Gregucci le 21 septembre et a clairement comme objectif d’amener le club bergamasque au maintien. Mais la tâche est difficile. À la trêve hivernale, Conte vante un bilan de trois victoires, quatre nuls et cinq défaites, l’Atalanta étant alors relégable, à deux points de la Lazio, premier non-relégable.
Tout l’inverse de Walter Mazzarri. Après une saison magique et un maintien inespéré obtenu avec la Reggina en 2007, le coach a réalisé deux saisons correctes avec la Sampdoria, ponctuées par une finale de Coupe d’Italie perdue aux tirs au but contre la Lazio. Comme Conte, il est lui aussi nommé coach du Napoli au pied levé, en remplacement de Roberto Donadoni, viré après la 7e journée de Serie A. L’osmose avec le club partenopeo est immédiate. Mazzarri enchaîne les succès et arrive à la trêve hivernale invaincu, en ayant permis au Napoli de remonter de la 14e à la 6e place. Arrive alors ce déplacement à Bergame pour le premier match de l’année 2010, qui peut permettre aux Napolitains de se hisser à la quatrième position en cas de succès.
Une rixe et une démission
La rencontre débute par un éclair. À peine le temps de prendre ses marques que Fabio Quagliarella, alors à la pointe du Napoli (Hamšík et Lavezzi sont déjà là, mais Cavani ne débarquera que quelques mois plus tard en provenance de Palerme), décide de faire parler sa patte droite. À 30 mètres des cages, le natif de Naples envoie un missile qui vient se loger dans la lucarne du pauvre Coppola. Un Eurogol qui met déjà Conte et l’Atalanta dans de bien mauvaises dispositions. La suite est un monologue napolitain, avec Coppola qui retarde longuement l’échéance en s’opposant aux tentatives de Lavezzi et Quagliarella. Visiblement, Conte n’a pas encore mis au point sa méthode permettant à ses joueurs de tout donner sur la pelouse. Son Atalanta est molle et sans caractère, et c’est en toute logique que le Napoli double la mise avant l’heure de jeu par Pazienza, sur corner. La seule vraie occasion atalantina intervient à la 85e minute sur une frappe écrasée de Guarente.
2-0, le Napoli se hisse à la quatrième place, tandis que l’Atalanta dégringole à l’avant-dernière place de Serie A. À la fin de la rencontre, le chaos explose. Les tifosi atalantini attendent les joueurs à la sortie du stade, et se mettent à entonner des chants injurieux envers l’équipe et Conte. Le coach ne le prend pas franchement bien, sort du stade et veut directement venir se confronter aux ultras. Il est retenu par cinq policiers qui l’empêchent d’en venir aux mains. Cet épisode est la goutte d’eau : le lendemain, Conte démissionne de son poste d’entraîneur. « Mon bilan n’est pas catastrophique, j’ai pris 13 points en 13 matchs. Une tache dans ma carrière ? Non, la tache, c’est ce qui s’est passé hier avec les tifosi. » La décision de Conte est extrêmement mal vécue par le président de l’Atalanta, Alessandro Ruggeri. « Hier, nous n’avons pas seulement perdu un match, nous avons été ridicules. Avec Conte, nous nous sommes quittés en très mauvais termes, car un entraîneur ne peut pas s’en prendre aux tifosi, qui sont un patrimoine du club. Son comportement est inadmissible. » L’Atalanta sera finalement reléguée en fin de saison, tandis que le Napoli terminera à la 6e place. Conte rebondira à Sienne, puis, un an plus tard, à la Juventus.
Par Éric Maggiori