Tu supportes une équipe en particulier ?
Je suis supporter des Girondins de Bordeaux. C’est maladif, en fait. Je regarde tous les matchs, souvent sur des chaînes de streaming pourries, et j’ai mon application WebGirondins. Voilà : je suis un fan de foot.
C’est quoi ton plus beau souvenir de foot ?
J’ai des souvenirs de liesse après une victoire en Coupe de France, en 1986 je crois. J’étais tout gamin, je me rappelais juste que Bordeaux était en feu. Ma passion des Girondins, ça vient de Bordeaux-Milan AC. Mon père n’avait pas Canal+, donc j’écoutais les matchs à la radio, à l’époque. Sur Wit FM. J’étais à bloc ! Un ou deux ans plus tard, j’ai passé mon permis avec Peter Luccin. Moi, je me disais à l’époque qu’après son permis, il irait s’acheter une Porsche. Alors que moi, j’allais avoir la chance de conduire la Super 5 de ma mère. Et on l’a loupé tous les deux. Je me rappelle qu’il passait son temps avec son agent, c’était pour son transfert à Marseille. J’étais dégoûté… Ensuite, c’était une blague récurrente avec mes potes. Quand on regardait L’Équipe du dimanche et qu’on parlait de lui, je ressortais à chaque fois l’anecdote. Je me rappelle que sa spécialité sur le terrain, c’était de partir de la moitié de terrain côté gauche et de faire une diagonale jusqu’à la droite du terrain adverse. Un peu comme Ibrahim Ba qui débordait tout le monde sur le coté, mais qui ne savait pas faire un centre. Après, je suis monté sur Paris et ça a renforcé cet attachement qu’on a, mes potes et moi, pour les Girondins.
Tu te rappelles du but de Feindouno en 1999 ?
Bah, évidemment. C’est un de mes grands souvenirs de football. Le mec marque à la dernière minute de la dernière journée, et face au PSG ! On a été à deux doigts de prendre le train pour descendre fêter ça à Bordeaux, mais il était trop tard… On avait suivi tous les matchs cette année-là. C’était chouette à regarder. On avait une équipe dingue avec Benarbia, Micoud, Wiltord…
Et Lilian Laslandes !
Et Lilian Laslandes, ouais… Mais tu vois, l’époque Laslandes-Darcheville en attaque, c’était pas forcément mes années préférées. On a eu Pauleta qui était un joueur incroyable, ceci dit. Laslandes, il était rigolo, il avait des belles bagnoles… Mais ça s’arrête là. Et Darcheville, tous mes potes qui ne supportaient pas Bordeaux se foutaient de ma gueule. Et puis, il y avait Franck Jurietti. C’est le pire joueur passé par Bordeaux, je ne le supportais pas. Il était violent. J’avais vraiment du mal. C’était pénible. Ensuite, il faut reconnaître que cette année où on devient champions avec Laurent Blanc, avec toutes ses victoires consécutives à la fin de l’année, c’était magique. Un truc de fou. L’année suivante, on a tous passé un joyeux Noël : on était premiers du championnat, on avait tout défoncé en Ligue des champions… Et puis patatras. Au moment où il s’est dit qu’il récupérait l’équipe de France, tout s’est mis à dégringoler. Comme d’habitude à Bordeaux : tous les dix ans, on est champions, on a une super équipe et le lendemain, tout part en couille. Tigana, ça a été compliqué… J’étais pas fan des années Ricardo, mais Tigana, c’était vraiment relou. Avec Ricardo, au moins, on avait les résultats.
Avec Sagnol, tu dois être content, non ?
Sagnol, j’adore sa façon de parler. Il a une bonne syntaxe, une bonne analyse des matchs. Même si Gillot avait un certain humour, c’est quand même beaucoup moins relou de voir Sagnol en conférence de presse. Sagnol dit des choses intéressantes. On sait qu’il est proche de ses joueurs, aussi. Je suis persuadé que Tavernost et Triaud ont une idée en tête. Si là, c’est un peu dur, avec l’arrivée de nouveaux investisseurs et d’un nouveau stade, Bordeaux peut rester haut et Sagnol un petit bout de temps pour y faire quelque chose de bien. La seule fois où il m’a énervé depuis sa prise de fonction, c’est quand il parlait du fait que les Allemands étaient des bosseurs et les Français des râleurs. Et ce qui s’est passé récemment, pour moi, c’est la même chose.
C’est-à-dire ?
Ce n’est pas du racisme, mais de la généralisation facile. Qui est symptomatique de notre époque. Perso, j’ai détesté Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? pour cette même généralisation débile. Il a été maladroit, c’est sûr. Mais bon, ça reste un footballeur. On peut dire tout ce qu’on veut sur les footballeurs, mais je trouve qu’ils sont les beaux représentants de la mixité. Des Français de toutes origines et des étrangers de tous les pays qui passent leur week-end à se monter dessus et à se rouler des pelles après chaque but. Ce qui n’est pas le cas de la plupart des bien-pensants qui démontent Sagnol.
Sportivement parlant, le Bordeaux de Sagnol est efficace, mais manque parfois d’élégance, non ?
On a Khazri qui est pas mal. Mais c’est sûr que ça n’est pas Gourcuff, qui est peut-être le mec le plus élégant jamais passé par Bordeaux. L’année du titre, c’était grandiose. J’arrête pas de dire à mes potes que Gourcuff est actuellement le meilleur joueur français. Dès qu’il revient, il est décisif avec Lyon. Je prends les paris : s’il ne se blesse pas, il sera dans le milieu de l’équipe de France bientôt. Un milieu Matuidi-Pogba avec Gourcuff en meneur, ça peut être incroyable. J’avais déjà parié l’année dernière quand il était au fond du trou et là, je maintiens. On n’a pas beaucoup de grands meneurs et Gourcuff peut le faire. À Bordeaux, il sublimait toute l’équipe.
Et chez les Girondins 2014/15, qui te fait vibrer ?
Je ne trouve pas qu’il y ait un joueur plus étincelant que les autres, mais ils sont tous plutôt sympas à voir jouer. Je pense qu’il y a un joueur incroyable, c’est Pallois. Sur tous les matchs qu’il a fait, il est impeccable, propre dans ses interventions. C’est l’un des meilleurs défenseurs de Ligue 1 actuellement et je pense que personne ne pouvait le prévoir. Le seul truc où je suis triste, c’est pour Planus… C’est un vrai Girondin. Mais bon, ça veut sûrement dire qu’il est cramé. C’était un putain de tacleur. Pour aller chercher des ballons, il filait couché sur dix mètres et hop, il récupérait le ballon ! (rires)
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