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- Danemark-France (2-0)
Dayot Upamecano, devis avant réparation
À l’image de l’équipe de France dans ce déplacement au Danemark, Dayot Upamecano a manqué sa sortie dans la peau d’un titulaire. Si le défenseur central n’en est pas à son coup d’essai, centraliser les maux bleus autour de son cas personnel serait se tromper de cible.
Le lendemain d’une défaite, il est souvent facile de sortir le lance-flammes pour carboniser tout ce qui bouge. Pragmatique comme à son habitude, Didier Deschamps a préféré le costume de pompier et utiliser précautionneusement la lance à incendie après le brasier danois. « J’ai vu cette équipe danoise il y a trois jours contre la Croatie (défaite 2-1, NDLR), cela n’avait rien à voir, analyse le sélectionneur des Bleus au micro de La Chaîne L’Équipe. On savait très bien qu’ils attendaient ce match-là devant leur public, et nous avons eu beaucoup moins de répondant. Il y a eu une inexpérience du haut niveau, et c’est logique. Cela servira aux joueurs qui étaient là dans un futur proche, moyen proche. » Sans donner de noms, DD a préféré globaliser sa critique en parlant d’une défaillance collective. D’autres constatent, également à raison, les lacunes individuelles d’Eduardo Camavinga ou William Saliba sortis à la pause, mais également de Dayot Upamecano, cuit à point dans le chaudron de Copenhague.
Assistance dépannage
Lancé dans la fosse aux lions pour la septième fois en équipe de France (et pour la première depuis novembre 2021), le défenseur central du Bayern Munich s’est construit une réputation de joueur à la force tranquille en Bundesliga – en témoigne sa prestation majuscule contre le Barça – bien que capable de sautes de concentration. Mais ce qu’on retient à son propos, c’est une étiquette de personnage timide et taiseux. En somme, l’exact opposé du solaire Ibrahima Konaté avec qui il formait la défense de Leipzig. Aujourd’hui, les deux centraux sont partis chacun de leur côté pour briller dans un top club européen et ont connu les honneurs internationaux. Et si l’intégration de Konaté à Liverpool et en sélection n’a pas mis longtemps à porter ses fruits, celle d’Upamecano a demandé davantage de temps.
Au Danemark, le natif d’Évreux faisait donc son retour en tant que titulaire, à la place de Raphaël Varane dans la ligne de trois défenseurs et devant encadrer à 23 ans ses deux partenaires de défense Benoît Badiashile et William Saliba, 21 ans chacun. Une mission peu évidente quand on sait qu’en mars dernier, Didier Deschamps soulignait encore son manque de fiabilité : « Il avait eu des difficultés avec nous. Les exigences au Bayern, par rapport à celles de Leipzig, sont plus importantes. Il n’est pas dans la meilleure période de sa carrière. Il y a une concurrence importante. Il y a le potentiel qu’il peut avoir et l’impact de l’environnement extérieur aussi, où les exigences sont très élevées. » On a connu mieux comme encouragement. C’est donc à la faveur des nombreux forfaits dans le secteur défensif (Kimpembe, Hernández, Koundé, Konaté étant out) que Dayot a pu revenir sur la pointe des pieds et être chargé d’éteindre la dynamite danoise. Là encore, pas un cadeau.
Aspiré par le travail de Mikkel Damsgaard lors de l’ouverture du score et laissant Dolberg seul dans son dos (33e), pas assez autoritaire pour placer ses coéquipiers sur phases arrêtées et en difficulté pour sortir les ballons, Upamecano a subi tout le long de sa soirée, au point de servir de poupée au sorcier Christian Eriksen (65e). À vrai dire, ce n’est pas la première fois que cela lui arrive au cours de sa carrière. La saison passée, Upamecano avait vécu le même calvaire sur la pelouse de Bochum face à Gerrit Holtmann, ce qui avait contraint Julian Nagelsmann à sortir son joueur à la mi-temps.
Souvenez-vous, novembre dernier
De là à dire qu’Upamecano a grillé sa dernière cartouche en équipe de France ? Pas sûr. Si pour le Qatar, et dans le cas où les blessés seront remis, la marche sera peut-être un peu haute, le stoppeur ne se laissera pas abattre aussi facilement, lui qui a toujours été en contact avec la sélection depuis son passage chez les U16 en 2014. De plus, lors de ses six sélections précédentes, l’international tricolore n’avait connu que le succès jusqu’à ce dimanche avec les A. Le dicton veut que l’on apprend beaucoup plus dans l’échec que dans la victoire, et c’est probablement ce que l’ancien bègue doit se dire en ce moment s’il souhaite rebondir rapidement. Le 10 novembre 2021 dernier, Upamecano entrait déjà à la place de Varane en finale de la Ligue des nations contre l’Espagne. Un match autrement plus important que celui vécu hier, et l’opinion publique n’en avait pas fait tout un plat sur ce remplacement parfaitement exécuté. Finalement, Upamecano n’a que 23 ans et il doit encore travailler sa régularité. Est-ce si surprenant ? Non. Une fois encore, Deschamps le résume mieux que personne après le revers scandinave. « Ce soir, c’est être en contact avec la réalité et ce qui nous attend dans deux mois. » Pour Upamecano comme pour tous les autres.
Par Antoine Donnarieix