ACTU MERCATO
Davy la Klaassen
Recruté pour 27 millions d’euros par Everton, le Hollandais a dit au revoir à son Ajax après deux superbes saisons. Avec pour objectif de s’imposer en Angleterre... même si son jeu, tout en esthétisme, ne paraît pas vraiment approprié à celui des Toffees.
La finale de Ligue Europa perdue contre Manchester United devait être son dernier match avec son club de cœur. Il le savait. Les supporters aussi. Les dirigeants également. Comme ses partenaires et son entourage. En fait, son départ ne faisait de doute pour personne. Son agent l’avait d’ailleurs annoncé publiquement dès le mois d’avril : « Davy Klaassen quittera l’Ajax Amsterdam au terme de la saison. C’est une certitude, bien qu’il soit encore sous contrat. Il dispose d’un bon de sortie. Plusieurs clubs anglais, italiens et allemands sont intéressés pour le faire signer et certains contacts sont déjà bien avancés. » Alors, quand Everton a récemment officialisé sa signature pour 27 gros millions d’euros, mettant du même coup fin aux rumeurs d’un atterrissage à la Roma, les habitués de l’ArenA n’ont pas bronché. Ils ont sûrement senti un petit goût de tristesse dans la bouche, mais se sont contentés d’adresser un sincère « Bon vent » .
💙 | @DavyKlaassen has a message for all you Evertonians… pic.twitter.com/ouVDNAjN47
— Everton (@Everton) 15 juin 2017
Voilà déjà six saisons que Klaassen régalait toute une ville. Il y a été couronné champion à trois reprises (de 2012 à 2014), il y a été élu meilleur jeune du pays en 2014 puis désigné meilleur joueur en 2016. Dès lors, pouvait-il incarner l’âme d’une entité destinée à passer son existence au même endroit ? Pas vraiment, selon Édouard Duplan, spectateur avisé de son parcours puisqu’il évolue dans le championnat néerlandais depuis 2006 : « Ici, il était considéré comme un énorme joueur, c’est indéniable. C’était le capitaine de l’Ajax, avec lequel il a gagné beaucoup de trophées malgré son jeune âge. Ses qualités faisaient l’unanimité. Mais ce n’est pas une surprise de le voir partir en Premier League, à un niveau encore supérieur. Tout le monde lui souhaitait, d’ailleurs. » Au sortir de deux saisons mémorables qui l’auront vu marquer 35 fois et adresser 19 passes décisives, le meneur de jeu a donc signé un contrat de cinq ans en faveur des Toffees. Ces derniers n’ont pas hésité à aligner les billets pour clôturer sa venue le plus rapidement possible. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils ont été charmés par le bonhomme de 24 ans. « C’est un peu l’emblème de l’Ajax : il fait la différence grâce à sa qualité technique et son intelligence, situe Duplan. Il se déplace très bien, il est au service du collectif… Et c’est un meneur d’hommes, aussi. Il a une petite tête d’enfant, il fait un peu adolescent, mais c’est un leader. Il a appris à guider ses troupes à l’Ajax, où il menait la barque. »
Reste que ce choix peut étonner, quand on compare le profil de la recrue avec celui de sa nouvelle équipe. Car le registre préférentiel du Klaasen qui a essentiellement évolué derrière l’attaquant à Amsterdam est très clair et peu modifiable. Brillant en compagnie de ses jeunes camarades hollandais qui avaient pour consigne de laisser le ballon au sol et de le monopoliser, Davy va découvrir un univers où le kick and rush demeure la première loi. « Son aptitude à s’adapter à sa nouvelle équipe va vraiment dépendre du coach, estime Duplan. S’il a un coach qui décide de jouer un peu au ballon et qui est assez fin tactiquement, il va pouvoir s’exprimer et faire la différence. Si le plan de jeu, ce sont de longues balles en l’air, ça va être compliqué. Il ne sortira pas du lot. Il court, il est prêt à faire des efforts, mais ce n’est pas un monstre physique. Donc si Everton l’a pris pour jouer comme l’an dernier, ils se sont trompés. » Pour sa première saison chez les bleus de Liverpool, Ronald Koeman a en effet privilégié les contre-attaques et les relances catapultées sur la tête de Romelu Lukaku. Dès lors, Davy peut-il réussir dans un rôle où Ross Barkley peine à s’installer, qui plus est dans un pays où on n’hésite pas à jouer des coudes ? Pas sûr. Duplan : « Si jamais les rencontres virent au combat physique, il peut avoir du mal à s’épanouir. C’est seulement là-dessus qu’on peut émettre des réserves, mais pas sur sa vision de jeu qui est supérieure à la majorité des joueurs de Premier League. Il faut le comparer à un joueur comme Christian Eriksen, qui s’est parfaitement adapté à l’Angleterre alors que ce n’est pas un monstre physique non plus. »
Un bon feelingmalgré les apparences
Encore faudrait-il qu’Everton, dont le jeu n’a rien à voir avec celui du Tottenham d’Eriksen, ait l’attention de faire évoluer sa philosophie tactique. Le principal intéressé, lui, y croit. En témoigne sa déclaration sur le site internet des Toffees: « J’ai parlé il y a quelques semaines avec Ronald Koeman d’Everton. Je voulais venir ici et vérifier si c’était le bon club pour moi et depuis que je suis venu ici, je me sens si heureux. C’est un superbe club. Le moment où j’ai parlé avec le directeur… j’ai eu directement un bon sentiment. C’est un homme honnête, nous avons parlé du club, de la façon dont il veut jouer et cela m’a donné un sentiment positif. » Rien de surprenant pour Duplan, qui ne l’a « jamais vu déstabilisé à l’Ajax. C’est quelqu’un de très volontaire, sans appréhension dans le jeu » . Une Oranje bien mûre.
Par Florian Cadu
Propos d'ED recueillis par FC