Qu’as-tu pensé en regardant le match du Barça face à Manchester City ?
À part qu’ils sont toujours aussi bons, j’ai surtout vu Manchester City jouer comme nous le faisons face au Barça. Ils sont restés en retrait derrière tout en se gardant des chances de repartir très rapidement en contre-attaque.
Tu as plus peur de ce Barça ou de celui que vous avez affronté en demi-finales de la Copa del Rey ?
Le Barça de mardi est plus ou moins le même que nous avons joué en Copa. Je les vois en très grande forme, ils s’améliorent petit à petit. Iniesta est bien mieux, Dani Alves pareil… De toute façon, le Barça fait toujours peur.
Qu’est-ce qui est le plus difficile lorsqu’on affronte le Barça ?
Ils ont une façon de jouer qui regroupe beaucoup de joueurs au milieu de terrain. Avec leur faux neuf, un Messi qui redescend souvent chercher le ballon, les deux centraux qui ne font pas de marquage individuel… Ils ont une supériorité au milieu de terrain qui te fait petit à petit reculer. Quand tu es en face, tu vois tellement de monde au milieu que tu dois reculer d’un cran. Tu recules, tu recules, jusqu’à te retrouver dans ta propre surface. Ça coûte beaucoup d’énergie et de concentration. En plus de courir pour récupérer le ballon, une fois que tu l’as, il te manque de l’oxygène et des jambes pour partir en contre-attaque. En plus, partir en contre-attaque c’est une chose, mais quand tu es dans ta propre surface, l’autre est vraiment loin…
Toi qui es milieu de terrain, c’est ton match le plus difficile de l’année physiquement ?
Physiquement ? Je ne sais pas. Cette année, nous avons joué contre Manchester. Je te dirais que contre eux, j’ai vraiment souffert. Physiquement, c’était plus dur. Manchester n’hésite pas à te rentrer dedans. Ils n’ont peut-être pas la qualité technique qu’a le Barça dans la passe, mais ils ont un style plus direct qui ne t’enferme pas dans la surface. Face au Barça, tu cours beaucoup, tu finis fatigué, mais Manchester te donne plus de coups, te marche dessus. Barcelone a plus de qualité, offre beaucoup moins de contacts physiques. Mais crois-moi, tu finis lessivé.
C’est une bonne chose de jouer pour la troisième fois le Barça en à peine trois semaines ?
Je pense que c’est plutôt une bonne chose. Pourquoi ? Parce que ça nous permet d’analyser les phases sur lesquelles on leur a fait mal et leurs points faibles. Pour le troisième match, tu as moins de doute pour savoir comment tu l’abordes.
Justement quels sont ces points faibles ?
Bon, point faible, c’est compliqué de dire ça. Ce qui est faible pour eux, est fort pour nous. Lors des deux matchs de Coupe, on a beaucoup misé sur nos deux joueurs qui sont rapides : Carlos Vela et Antoine Griezmann. Dès que l’on récupérait le ballon, il fallait le mettre dans l’espace derrière leurs latéraux qui jouent très haut.
Comment as-tu vécu cette élimination en demi-finales de Copa del Rey ?
Je pense qu’on leur a posé pas mal de problèmes. Les détails n’ont pas été en notre faveur, on a reçu un coup de poignard dans le dos. À l’aller, dans la même minute, on aurait dû avoir un penalty et Mascherano aurait dû recevoir un carton rouge. Ça aurait tout changé d’avoir ce penalty et de jouer à un de plus tout le match. Et dans la continuité de l’action, on encaisse un but sur corner et Iñigo se prend un rouge… Tout a été de travers. Mais le football est ainsi. La vie également. Il y a des moments où tu prends des coups, d’autres où tu en mets.
Point positif, cela fait sept ans que le Barça n’a pas gagné à San Sebastián. C’est l’esprit d’Anoeta ?
Sept ans… Bon, on a été pendant trois saisons en seconde division. Mais c’est vrai qu’ils souffrent dès qu’ils viennent ici. Je ne sais pas pourquoi. À cause du public, parce qu’ils se relâchent, parce que nous poussons, la chance aussi… Tout rentre en compte. Je n’arriverais pas à te dire : « C’est parce que ça ou ça. »
Tout le monde connaît le toque du Barça. Mais la Real Sociedad a également une forte identité de jeu…
Nous, les Basques, nous avons l’âme du travailleur et nous aimons former des joueurs d’ici. C’est pour ça qu’il y a la majorité des joueurs de la Real qui vient de la Cantera. Sur le terrain, nous ne lâchons rien. À partir de là, nous avons réussi à recruter des joueurs dont aucun dans le centre de formation n’avait le profil : la vitesse, la finition devant le but. Comme Carlos Vela, Seferović…
Ça fait peu de recrues…
Oui, ça fait peu, en fait. Pour mettre en place notre jeu, c’est beaucoup de travail, une bonne circulation du ballon, une bonne condition physique. Ah oui, également, la plupart d’entre nous sont très jeunes. Au fur et à mesure, nous apprenons. L’expérience de la Ligue des champions a été très bénéfique.
Griezmann ne rate pas grand-chose lorsqu’il se trouve face au but
Justement, cette saison, la Real Sociedad se bat pour retrouver la Ligue des champions ?
Au début de saison, je pense que tout le monde aurait signé pour que nous soyons ici à ce moment de la saison. Les matchs de Champions sont très difficiles et ça nous a fait perdre beaucoup de points en début de saison. Les points qui nous manquent actuellement. C’est clair que je ne serais pas contre retrouver des matchs de Champions l’an prochain. C’est très compliqué, surtout que ce qui nous est arrivé l’an dernier, ça n’arrive que tous les… (pause) Tous les quinze ans ! Nous allons essayer. Nous avons de la qualité, le potentiel pour le faire.
Cette saison, la concurrence pour la Champions est très compliquée. D’autant plus qu’il y a cette rivalité avec l’Athletic Bilbao…
L’Athletic est très fort cette saison. Ils ont un bloc très compliqué à bouger. Et Villarreal, malgré le fait qu’il vient juste de monter, est resté sur sa dynamique.
Cette année, sans l’effet de surprise, tous les matchs sont-ils plus compliqués ?
Toutes les équipes nous attendent, et sur le terrain, ça se ressent. Désormais, elles jouent plus bas. Tout devient plus compliqué pour nous. Avec nos joueurs très rapides devant, nous préférons jouer dans l’espace. C’est plus compliqué cette saison. Mais c’est normal, c’est une forme de reconnaissance. Et ça ne nous empêche pas cette année d’être encore dans le haut du classement.
Qu’a apporté le nouvel entraîneur, le plus jeune d’Europe ?
Je ne savais pas que c’était le plus jeune des entraîneurs de la Ligue des champions. C’est plutôt cool (rires). Par rapport à l’an dernier, nous avons la même ligne directrice, le même style. Les entraînements sont les mêmes : focalisés sur le ballon. C’est la continuité d’un travail bien fait. Nous avons essayé de faire bonne figure dans les trois compétitions. Désormais, il nous reste juste la Liga.
Antoine Griezmann a également changé le visage de la Real Sociedad…
Il est toujours le même, mais marque beaucoup plus. Antoine a toujours eu ce talent, mais cette saison, il ne rate pas grand-chose lorsqu’il se trouve face au but.
Si Antoine va au Brésil, ça te plairait de l’accompagner ?
Bien entendu ! Mais je pense que ce sera très compliqué. La sélection française est très forte, reconnue mondialement et a de grands joueurs…
Et David Zurutuza ne pourrait pas être un grand joueur ?
Pourquoi pas (il se marre). Mais quand tu regardes le milieu de terrain avec Matuidi, Cabaye, Pogba… Il y a vraiment beaucoup de qualité. Mais tu n’essayerais pas de faire ma propagande ? (Il se marre, encore)
Non, c’est seulement que la France du football ne te connaît que peu. Et si l’on parle seulement du terrain, comment te sens-tu cette année ?
Je pense avoir très bien commencé, que ce soit en Liga ou en Ligue des champions. Mais j’ai eu un problème au genou, ce qui m’a contraint à être éloigné des terrains pendant un mois, un mois et demi. Actuellement, j’essaye de retrouver mon meilleur niveau, mais ce n’est pas évident. Physiquement, je ne suis pas encore à 100 %. Je n’ai pas eu une récupération adéquate. On a eu pas mal de pépins au milieu de terrain et j’ai dû revenir avant la date prévue. Ce qui n’est pas forcément conseillé.
Mais tu devrais être aligné ce samedi ?
J’espère ! Quoique, face au Barça, il est peut-être mieux de rester sur le banc (rires).
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