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David Wagner et Huddersfield, rupture passionnelle

Par Julien Duez
David Wagner et Huddersfield, rupture passionnelle

Depuis ce lundi soir, David Wagner n’est plus l’entraîneur de Huddersfield. L’Allemand s’est séparé de son club « par consentement mutuel » et laisse derrière lui une des pages les plus glorieuses de l’histoire des Terriers.

Mettre fin à une histoire d’amour n’est pas toujours simple. Pour faciliter les choses, on peut choisir de la saboter. On peut aussi décider de laisser pourrir l’idylle jusqu’à ce qu’elle meure d’elle-même. On peut enfin avoir le courage de prendre ses responsabilités et s’en aller « au bon moment » , afin que seuls les bons souvenirs perdurent. Cette option, c’est celle qu’a choisie David Wagner lundi soir : se séparer « par consentement mutuel » de Huddersfield Town, le club qu’il entraîne depuis 2015, avec lequel il a réussi l’exploit de monter en Premier League avec un budget dérisoire, et qui pointe aujourd’hui à la place de lanterne rouge de l’élite anglaise. « Je sais que l’expression « consentement mutuel » sert souvent pour désigner un entraîneur qui se fait virer, mais là, c’est une vraie décision commune » , jurait avec émotion Dean Hoyle, le propriétaire des Terriers. Dans la foulée, les hommages – des joueurs comme des supporters – se sont répandus comme une traînée de poudre. Vu la page qui se tourne, c’est bien mérité.

Savoir dire stop

Après huit défaites consécutives, fallait-il voir un signal encourageant dans ce match nul (0-0) arraché face à Cardiff samedi dernier ? Apparemment non. À quelques jours d’affronter Manchester City, David Wagner a fini par jeter l’éponge, conscient que la tâche qui lui incombait était devenue trop lourde. Sa dernière victoire avec les Terriers remonte au 25 novembre. Ce jour-là, Huddersfield va s’imposer à Wolverhampton 0-2 et les fans hurlent de joie, pour la deuxième fois de la saison seulement.

Insuffisant pour s’éloigner de la zone rouge, que les Bleu et Blanc n’ont quitté qu’à trois reprises depuis le début de l’exercice. Avec onze minuscules points au compteur, le club du Yorkshire affiche huit longueurs de retard sur le premier non-relégable et semble déjà condamné à évoluer en Championship l’année prochaine. Même s’il est toujours présomptueux de tirer des conclusions à cinq mois de l’acte final, il est aujourd’hui peu risqué d’affirmer que la belle histoire vécue par Huddersfield est sur le point de toucher à sa fin et qu’il va falloir tout recommencer pour espérer rêver à nouveau dans un futur proche.

Pour l’éternité

Car avec le départ de David Wagner, c’est l’une des plus belles pages de l’histoire du club qui se tourne. La montée en Premier League lors de la saison 2017-2018 représente le plus bel exploit sportif de tous les fans de Huddersfield qui n’étaient pas nés en 1972, la dernière fois que leur équipe était présente dans l’élite. En 45 ans, les chances de la retrouver s’étaient réduites à peau de chagrin et il fallait un homme passionné pour promouvoir un budget de onze millions de livres (le dix-huitième de Championship, quand Newcastle caracolait en tête du classement avec ses 75 briques) dans la cour des grands. « Nous somme le plus gros outsider de l’histoire de la Premier League » , déclarait David Wagner au magazine 11Freunde l’année dernière. Exagéré ? À peine. Dans son groupe, seuls trois joueurs avaient déjà tapé le cuir dans l’élite. L’ancien adjoint de Jürgen Klopp avouait alors sans honte ne pas pouvoir en recruter davantage et qu’il allait falloir se débrouiller avec ce qu’il y avait en stock.

Résultat ? En dehors d’une victoire de prestige face à Manchester United, Huddersfield termine à une honorable seizième place et dénote dans le paysage du football anglais. Le collectif ressemble davantage à une bande de potes qui organise des barbecues avec le staff et part en vacances trois jours à Marbella avec femmes et enfants. Une espèce de miracle de la Coupe de France, mais en version longue. Sauf que rien n’est éternel, à commencer par les plus belles histoires. Et c’est justement pour cela que David Wagner a choisi d’y mettre fin prématurément. Pour ne pas être associé à une probable relégation en fin de saison ? Laissons-lui le bénéfice du doute. Dans les ruptures, il y a des « c’est pas toi, c’est moi » qui sont parfois sincères.

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