ACTU MERCATO
David Villa, la belle du village
Vendu, presque donné à l'Atlético de Madrid pour environ 5 millions d'euros par le FC Barcelone, David Villa perd de sa superbe. Parti relever un défi moindre que celui de rester titulaire en Catalogne, le roi David ne méritait pas une sortie de podium si indifférente.
Il y a ces filles. Trop belles. Celles vers qui tous les regards se tournent dans leur patelin. Les garçons qui s’éprennent d’elles au lycée le savent. Un jour, elles partiront, pour la grand-ville. Pour une proposition de contrat dans le mannequinat que leurs parents ne seront pas en mesure de refuser. Un brin ingénues, elles accepteront, pour le bien de ceux qui les entourent. Elles s’en iront. Rejoindre les flashs des photographes qui leur promettent monts et merveilles. C’est l’histoire du départ de David Villa de Valence pour Barcelone. À peine recruté au sein de ce consortium de vedettes, sa fraîcheur, sa simplicité le font briller. Jonglant avec agilité entre les attentes du public et ses capacités, celles d’un bellâtre de 29 ans, David est l’une des stars d’un des plus beaux festivals de toute l’histoire. Celui du Barça édition 2010-2011.
The Rise and Fall
Sur le devant de l’attaque et de la scène, la nouvelle coqueluche s’emploie à démontrer tous ses talents. Frappes chaloupées, appels de balles gracieux, il répète ses gammes sans rechigner. Sa famille restée aux Asturies, ainsi que son clan d’adoption murcielago lui ont enseigné l’humilité et la valeur de l’effort. Alors, pour rendre fier les siens, il ne témoigne nul mécontentement, point d’état d’âme. Lui qui aurait dû descendre dans les mines de charbon, si la grâce ne l’avait pas touché, est pleinement conscient de la chance qui lui est offerte. Il se doit d’être un exemple. Enchaînant les défilés de haute volée, les prestations délicieuses, David est au sommet. Dans l’ombre d’une étoile argentine, il en vient à s’amuser, tout en excellant dans son art. Dans tous le pays, c’est un triomphe. Il ne faiblit pas, au risque de tirer sur la corde. Quitte à en faire plus que ce que son corps peut accepter. Lors d’une représentation à Tokyo parmi les meilleures agences mondiales, David ne souhaite pas décevoir et tente une pose trop difficile, irréaliste. Son cri d’effroi ne ment pas. La jambe est fracturée. Sa carrière au plus haut niveau vient de prendre fin, à l’instant, sous les yeux de tous.
Jamais mieux que chez soi
Comme son éducation le lui impose, David tente l’impossible pour redevenir celui que les gens attendent qu’il soit. Luttant contre les lois du métier qui ne pardonnent aucune faiblesse, il s’évertue à tout faire pour retrouver la gloire au plus vite. Mais l’agitation médiatique ne daigne plus l’emporter dans son tourbillon. Plus aucune ode à sa gloire ne résonne dans les gradins. Il est déjà has-been. Déjà out. Respectueux de ceux qui lui ont tendu la main, l’ancien gamin des campagnes ne fait pas de remous. Il accepte son sort, jusqu’à subir l’humiliation logique de voir lui passer devant de nouveaux modèles, plus jeunes, jugés plus talentueux. Plus tendance. Dans un silence indifférent, le Guaje, comme son pueblo le surnommait petit, est contractuellement cédé à une entreprise moins rayonnante. Cette dernière a besoin d’un remplaçant pour sa starlette, partie elle aussi. Mais ça, David, il s’en moque. Il en a presque le cœur léger, de retrouver un milieu plus simple, plus en accord avec ses origines. C’est le début d’une régression joviale. Souriante. Qui finira bien un jour ou l’autre par le ramener chez lui. Là d’où il n’aurait peut-être jamais voulu partir.
Par Walter Laouadi