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David Régis : « Les mecs mangeaient des hamburgers pendant les causeries »

Propos recueillis par Simon Butel
David Régis : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les mecs mangeaient des hamburgers pendant les causeries »

Joueur, il a vu de près la barbe d'Alexi Lalas, le talent de Landon Donovan, mais aussi les quarts de finale du Mondial 2002 avec les États-Unis. Aujourd'hui installé à Thionville, à plus de 6000 bornes des States, mais tout de près de Metz, où il a évolué quatre ans, c'est d'un peu plus loin que l'ancien international américain David Régis, 27 capes et deux coupes du monde avec la Team USA, pose son regard sur la juvénile sélection de son ancien équipier Gregg Berhalter, qui entame ce lundi soir son tournoi face au pays de Galles.

Quel rapport entretiens-tu aujourd’hui avec les États-Unis et leur équipe nationale ?J’y vais deux fois par an, car mes deux enfants vivent là-bas. J’ai gardé contact avec la Fédé depuis notre match avec la Martinique, quand j’en étais le manager en 2017. On a aussi un site privé où on échange entre anciens joueurs. J’ai souvent Tony Sanneh et Oguchi Onyewu (ex-défenseur de Metz et désormais ex-manager de Virton, en Belgique, NDLR), qui m’a d’ailleurs appelé récemment pour me proposer de l’accompagner au Qatar où il était invité. Sans mes entraînements, je serais parti, car je ne connais pas ce pays. Quand j’étais à Metz, je devais signer là-bas, mais avec la nationalité américaine, c’était un peu tendu. J’aurais aimé voir comment ça se passe, ils ont des complexes sportifs énormes, ça m’aurait intéressé.

Pas question, donc, de boycotter le tournoi ?Il ne faut pas être faux-cul. Même si on trouve qu’il y a des choses qui ne vont pas dans le pays, et que je suis un fervent défenseur de l’écologie et du respect de l’être humain, chacun doit rester à sa place. En tant que sportifs, c’est le terrain qui importe. Si on n’y va pas, d’autres continueront à jouer. Qu’on défende un message ou qu’on apporte, comme la France, un soutien financier à des assos, OK, mais boycotter, je suis contre, car je suis un sportif et ce qui m’intéresse, c’est le terrain.

En France, on a toujours peur de chagriner les gens, mais les Américains, quand ils défendent quelque chose, ils vont jusqu’au bout.

Hugo Lloris refuse en revanche de porter le brassard arc-en-ciel, alors que les États-Unis, eux, ont mis leur logo aux couleurs du drapeau LGBT+ dans leur centre d’entraînement. Qu’en penses-tu ? Les mentalités sont différentes. En France, on a toujours peur de chagriner les gens, mais les Américains, quand ils défendent quelque chose, ils vont jusqu’au bout. On sait qu’il y a des enjeux financiers, et la Fédé n’a sans doute pas envie de blesser les Qatariens, mais les joueurs, à défaut de gagner la coupe, veulent aussi marquer le coup. Sans être au niveau des grandes nations, ça reste un grand pays et ils doivent montrer l’exemple. Ils sont souvent décriés pour ça, mais prenez le logo : s’ils ne le font pas, ils se font massacrer en rentrant. Même si ça reste un sport, ils représentent un pays influent. Ce n’est jamais banal, pour eux, de faire parler d’eux, surtout à un événement que tout le monde regarde.

Les États-Unis ont pris cette année la mesure, inédite, de pratiquer l’égalité salariale hommes-femmes en équipe nationale. Comment as-tu accueilli cette décision ? Je trouve ça formidable. Quand j’étais en sélection, déjà, les filles n’étaient pas mises de côté aux entraînements par rapport à nous. Elles font les mêmes courses, mettent et prennent les même coups et, pour entraîner des filles (l’équipe première d’Amnéville, en Régional 1, NDLR), je sais ce qu’elles endurent. Cette mesure doit faire évoluer la mentalité dans les autres pays, leur faire prendre conscience que les filles ont la même place que les hommes dans le sport, comme dans les autres secteurs d’activité.

Quand tu étais joueur, l’équipe masculine complexait-elle vis-à-vis des femmes, du fait de ne pas faire partie des meilleures nations du monde comme elles ?Non, on savait qu’on manquait de qualité comparé aux Européens. C’est pour ça qu’on voit de plus en plus de joueurs et de coachs américains en Europe : les États-Unis ne veulent pas rester derrière trop longtemps et vont tout faire pour se rapprocher des meilleurs. Ça se voit déjà : le jeu est plus attrayant, les joueurs plus compétitifs, les choses changent. Quand je suis arrivé en sélection, les mecs mangeaient des hamburgers pendant les causeries ! Les coachs arrivent à faire évoluer les mentalités, à professionnaliser les joueurs, et ça commence à venir.

Les États-Unis ne veulent pas rester derrière trop longtemps et vont tout faire pour se rapprocher des meilleurs.

Que faut-il attendre de la Team USA au Mondial ? Ce que je sais, c’est que ce sont des combattants, c’est pour ça que la plupart jouent en Angleterre, en Allemagne, des pays où il faut mouiller le maillot. Connaissant Gregg (Berhalter, le sélectionneur), qui a quand même joué aux Pays-Bas, en Angleterre et en Allemagne, il y aura du beau jeu, mais aussi du cœur. Quel que soit le score, ils ne lâcheront rien. Si le jeu suit, ils peuvent créer des surprises.

Tu as joué avec Berhalter. Quel genre de mec c’est ? Quelqu’un de très calme, réfléchi, un visionnaire qui analyse vite l’adversaire. C’est un entraîneur moderne. Quand il jouait aux Pays-Bas, il me parlait déjà de certains clubs français : « J’ai regardé tel match, c’était intéressant, tu le connais, cet entraîneur ? » C’est quelqu’un qui aimait le foot et aime entraîner, faire progresser son équipe et qui apprend vite.

Il a énormément rajeuni l’effectif, bien loin désormais de l’équipe de briscards de 1998. C’était nécessaire ? À un moment, il le faut, les cycles ne peuvent pas durer trop longtemps. Et c’est dans ces compétitions qu’ils progressent le plus vite. C’est le moment, mais attention : une élimination en poules serait quand même vue comme un échec au pays. Les Américains n’aiment pas perdre.

Vous avez atteint en 2002 les quarts, et les États-Unis sont sortis des poules quatre fois lors de leurs sept dernières participations. Que manque-t-il à présent pour se hisser au niveau des meilleures nations ? Plus de joueurs de qualité, de joueurs en Europe, et de matchs amicaux contre des équipes européennes. Si tu joues le Guatemala ou Curaçao, il ne faut pas t’attendre à une progression énorme… Avant le Mondial 2002, on avait joué le Brésil, l’Italie, l’Allemagne. Ça a été bénéfique.

En cela, la Ligue des nations, qui réduit énormément le nombre de matchs amicaux, n’est pas une bonne nouvelle.Dans la CONCACAF, en dehors du Mexique, du Canada et du Costa Rica, c’est compliqué de se jauger. Mais pourquoi ne pas jouer contre de bons clubs européens ? Ça ferait aussi de bons matchs, et ça aiderait les mecs qui ne sont pas pris en sélection à progresser. Pour évoluer, il faut aller chez les grands.

Des garçons comme Christian Pulisic ou Giovanni Reyna peuvent-ils amener cette équipe plus haut ? Ils sont précoces, comme Landon Donovan, mais n’ont pas encore les épaules, comme un Zidane. Et à côté de Zidane, il y avait d’autres mecs qui pouvaient prendre le relais. Le Mondial, c’est une période très courte avec de très gros matchs, beaucoup d’intensité et, là, une chaleur que tu ne connais pas. Ça va être compliqué. Ces joueurs-là peuvent être bons sur un championnat, mais sur un tournoi aussi court, aussi exigeant, le seront-ils ? C’est là qu’on voit les grands.

La MLS s’est arrêtée avant les grands championnats, une partie de l’effectif a donc eu plus de temps pour se préparer. Cela peut-il jouer en leur faveur ?Ça dépend de leur préparation. S’ils mangent des burgers ou boivent du coca… A priori, c’est fini, mais l’Américain reste américain ! Après, ça ne veut rien dire : quand j’étais en Allemagne, les veilles de match, tout le monde se tapait trois-quatre bières. Le lendemain, tu voyais le mec courir, tu te disais : « Putain, mais c’est pas lui qui était bourré hier soir ! » (Rires.)

Le climat autour du duel avec l’Iran sera-t-il aussi particulier qu’en 1998, selon toi ? Ce sera peut-être moins marqué, mais même si ça reste un match foot, on va encore beaucoup en parler, le politiser. Ça restera toujours « Dieu contre le Diable » . J’ignore où le Diable se trouve, mais il y aura toujours cette tension. Le match de 1998, en tout cas, nous reste en travers de la gorge. Perdre contre la grosse équipe de Yougoslavie, il n’y a pas à rougir, mais contre l’Iran, alors qu’on avait les moyens, et se faire éliminer à cause de cette défaite, ça fait très très mal.

Sur le terrain, cela s’était toutefois très bien passé entre les deux équipes. Le match de 2022 peut-il encore être porteur d’un message de paix ? L’équipe est plus jeune : auront-ils l’expérience suffisante pour cela ? Après, ils ne vont peut-être même pas penser à cette rivalité, remarque. Mais s’il y a un message à passer et que les joueurs peuvent le faire, tant mieux, car ils sont regardés et qu’on en parlera encore plus avec les réseaux sociaux.

Tu t’y verrais, dans cette équipe ? Ouais, mais pas pour jouer, ça va beaucoup trop vite maintenant ! (Rires.) Je prendrais des cartons. Plutôt pour encadrer, motiver, donner des conseils. J’ai un truc avec les jeunes, d’ailleurs j’en entraîne aussi (les U15 de l’US Mondorf, au Luxembourg, NDLR). Si tu arrives à les capter, tu peux les aider à exploser comme je l’ai fait, joueur, avec Manu Adebayor, Louis Saha, Olivier Dacourt, Valérien Ismaël ou Martin Djetou. Manu, dès qu’il me voit, il se met à genoux !

Et ce Mondial alors, il est pour qui, selon toi ? Le Brésil, je pense. Ils reviennent au top, la chaleur ne va pas trop les déstabiliser, et il y a trop d’absents dans les autres grandes nations. Ou peut-être l’Argentine.

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Propos recueillis par Simon Butel

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