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David Moyes, un choix et des questions
En 24 heures, Manchester United a déjà validé le départ à la retraite de Sir Alex Ferguson ainsi que son remplacement, pour six ans, par David Moyes, coach d'Everton depuis une décennie. En matière de communication et de gestion de club, c'est du grand art. Cela dit, l'arrivée de l'autre Écossais soulève des questions. L'ancien coach des Toffees a déjà des chantiers en cours.
Avec quel staff ?
La force de Sir Alex Ferguson, c’est sa capacité à déléguer. Sous sa gouvernance, les adjoints géraient les séances collectives. Il a donc, par la force des choses, demander à son staff de se responsabiliser. Ainsi, Mike Phelan, son adjoint et ancien milieu de terrain besogneux du club, est devenu un partenaire de double apprécié. C’est lui qui gère les affaires courantes au quotidien. Autre pointure, le Néerlandais René Meulensteen, en charge de l’équipe première. Arrivé en 2007, le Batave est devenu une pierre angulaire du bon fonctionnement de l’équipe. United, c’est une force collective sur et en dehors du terrain. À ces deux mecs, il faut ajouter Eric Steele, l’entraîneur des gardiens, pour bien comprendre les cracks du staff de Fergie. Hasard ou pas, Moyes fonctionne à l’identique à Everton où le responsable de l’équipe première est le même depuis dix piges (Jimmy Lumsden, un Écossais, encore un). L’adjoint de David Moyes, Steve Round, vient de boucler sa cinquième année dans le sillage du rouquin. Round, ce n’est pas n’importe qui. Dans le jeu Football Manager – dont Everton a acheté la base de données pour ses recruteurs – c’est tout simplement le meilleur assistant du game. Moyes est donc un fidèle, lui aussi. Dès lors se pose une question cruciale : avec quel staff le nouvel entraîneur de United va-t-il bosser ? Le sien ou celui déjà en place et rodé à une grosse machine comme MU. La logique voudrait que l’ancien d’Everton arrive avec sa bite et son couteau. Le matos est déjà en place. Et il est de bonne qualité. Pour ne pas dire plus.
Marouane Fellaini, le palmier belge tant désiré
Ça va lui faire bizarre, à Moyes, d’avoir un porte-monnaie qui dégueule de pognon. Depuis dix ans, il fait avec des bouts de chandelle à Everton. Pas d’argent, pas de recrue. Démerde-toi, mon pote. Heureusement pour lui, il a toujours pu compter sur un centre de formation au top (Rooney, Rodwell, Baxter, Duffy, Forshaw, Anichebe, etc.) et des scouts à l’affût de la moindre bonne affaire. À United, il aura les deux. Des jeunes en devenir (Jones, Smalling, Rafael, Welbeck, Cleverley, De Gea) et du pognon. Plein de pognon. Reste à savoir comment un mec qui a vécu toute sa vie à crédit va gérer ce changement.
Dans les couloirs d’Old Trafford, on se dit que le nouveau roi David aurait la bonne idée de venir avec Marouane Fellaini. Le Belge est la seule folie réalisée par Moyes à Everton. 14 millions d’euros pour un milieu de terrain de 20 ans en 2008. Depuis, le sosie officiel de David Luiz a fait péter toutes les défenses de Premier League. C’est un box-to-box par excellence. Typiquement le joueur qui manque à l’entrejeu de United. Moyes et Fellaini, c’est un quinquennat de collaboration. Tout sauf anodin. Et comme Paul Scholes prend sa seconde retraite dans quelques semaines, le Belge serait le joueur idéal pour épauler Carrick au milieu de terrain. Autre dossier, Laighton Baines, une autre connaissance des Toffees. Annoncé depuis plusieurs années à United, le latéral gauche viendrait pousser Patrice Évra vers la sortie. Ou vers une plus saine concurrence. Bref, pour la première fois de sa vie, le nouvel homme fort de United se retrouvera sur un marché des transferts avec la possibilité d’acheter des joueurs. Il pourra oublier les mercatos à l’arrache, bouclé un 31 août à 23h54. Là, s’il le souhaite, il peut aller tranquillement sonner à la porte du Real Madrid pour récupérer Cristiano Ronaldo. Beau gosse.
Les retrouvailles avec Wayne Rooney
19 octobre 2002. Wayne Rooney fait ses débuts en Premier League avec la liquette d’Everton et nettoie la lucarne de David Seaman. Il n’a même pas 17 ans. Qui le lance dans le grand bain ? David Moyes. Forcément. Pendant deux ans, les deux hommes vont collaborer ensemble sous la tunique d’Everton. La légende de Wayne Rooney prend racine chez les Toffees. Jamais depuis l’explosion de Paul Gasgoigne, la perfide Albion n’avait semblé aussi enthousiasmée par un jeune môme. La gestion de la vente de Rooney à United ? Encore Moyes. Bref, les deux hommes se connaissent parfaitement. Ce passif ne sera pas de trop pour gérer un homme que l’on dit sur le départ. Les médias anglais ont remis ça sur le tapis. Comme en 2010, Shrek veut partir. Enfin, à ce qu’il paraît. Avec Ferguson, les rapports s’étaient tendus depuis de nombreuses semaines. L’arrivée d’un nouveau calife devrait, en théorie, redistribuer les cartes. Moyes connaît son bonhomme. Son talent, sa folie, ses envies, son charisme. Son premier chantier, le plus important sans doute, sera de gérer le cas de son numéro 10. Il en est capable.
L’ombre de Ferguson
Sir Alex Ferguson part sans partir. Du banc de touche, le chewing-gum sur chaussures prendra la direction de la corbeille avec Sir Bobby Charlton. Et oui, Fergie devient ambassadeur et membre du directoire du club. Il reste donc dans les murs. Même si Moyes et Ferguson s’apprécient énormément, l’ombre d’Alex sera toujours dans le coin. Il faudra faire avec et composer. Surtout en cas de mauvais résultats. Psychologiquement, Moyes devra être costaud et tentera de ne pas passer son temps à regarder par-dessus son épaule. Passer après un tel monument, c’est tout sauf un cadeau. D’autant que dans les nombreux points communs qui lient Fergie et Moyes, on retrouve cette faculté à trouver la perle rare dans les équipes de jeunes. Actuellement, MU a déjà une chiée de jeunes en équipe première. Pourtant, la réserve a des talents à revendre. Que ce soit Keane, Petrucci, Daehli ou Tunnicliffe, les petits puceaux savent se démerder avec une gonfle. Moyes aura la charge de perpétuer la tradition de Ferguson. À savoir promouvoir les jeunes pour les emmener en équipe première. Et ce, de manière régulière. En gros, on demande à Moyes de faire au moins aussi bien.
Par Mathieu Faure