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David Mounivong : « On a même eu une balle de 1-0 contre les Bleues ! »
Entre deux matchs du Mondial, pas le temps de badiner pour les Bleues : il faut garder le rythme. Jeudi dernier, au lendemain de leur victoire contre la Norvège (2-1), les troupes de Corinne Diacre se sont donc rendues à Cesson-Sévigné en Bretagne. Au programme : décrassage pour les titulaires, match d’entraînement contre des jeunes du CPB Bréquigny (D2 féminine) pour les remplaçantes. David Mounivong, l’entraîneur de l’équipe première, raconte cette défaite (8-0) très spéciale.
Ça fait quoi de voir l’équipe de France en vrai ?Si on m’avait dit ça il y a un an ! Le match d’entraînement était prévu depuis un mois et demi, c’est Corinne Diacre qui m’avait appelé pour me le proposer en personne. Je l’avais trouvée très accessible, d’ailleurs. On avait convenu de faire jouer des U20 du club contre les remplaçantes des Bleues.
Mais tout ne s’est pas exactement passé comme prévu…
De notre côté, on a dû compléter l’équipe avec des U21, mais aussi des U15 ou des U17. Ça faisait une sélection très mixte. Les Bleues, elles, devaient partir de Nice le jeudi midi, mais elles ont pris un peu de retard à l’aéroport. On ne savait pas trop si le match allait être reporté, mais elles sont finalement arrivées à temps. Direct, en sortant du car, elles sont parties sur le terrain pour s’échauffer et le match a commencé. Avec, au préalable, Corinne Diacre qui me demande de faire jouer ses deux gardiennes (Solène Durand et Pauline Peyraud-Magnin) et de trouver une remplaçante à Julie Debever, légèrement touchée. On s’est donc retrouvé avec nos deux gardiennes qui n’ont pas joué, et une jeune fille à nous de 18 ans au milieu des Bleues.
Elle s’en est bien sortie ?Je ne dirais pas qu’elle était quasiment au niveau des autres, mais presque ! Elle ne savait pas trop où se mettre au début, mais les Bleues l’ont mise à l’aise en communiquant énormément. En tout cas, elle n’en revenait pas. Elle s’était échauffée normalement, avant le match. Et là, elle va bientôt passer son bac.
Et du côté des Bleues, qui vous a le plus impressionné ?
Les deux gardiennes ont été top dans leurs interventions, et dans leur communication. Karchaoui et Périsset ont été très fortes, de même que Bilbaut au milieu. Et Cascarino, dans les un-contre-un, ça va tellement plus vite… D’une manière générale, j’ai trouvé les Bleues très rigoureuses et professionnelles. Elles ont mis beaucoup d’engagement dans les duels, et dans l’intensité. Normal : elles sont obligées de se montrer, et espèrent gratter une place… Sur leurs visages, il y avait très peu de sourires quand elles jouaient. On sent que ça entre dans le cadre d’exigence demandé par Corinne Diacre.
Malgré tout ça, vous ne repartez qu’avec un score de 8-0 dans les valises. Loin d’être une correction en soixante minutes, non ?On a pris le match très au sérieux, dans l’objectif de trouver une dynamique pour la saison prochaine.
Il faut dire aussi que, dans l’approche, on ne partait pas dans l’inconnu puisqu’on avait joué le PSG en Coupe de France cette saison. Ça nous a permis de jouer libéré. D’autant qu’en face, les Bleues étaient dans leur plan de jeu caractéristique en bloc médian. Ce qui nous laissait un peu de temps et d’espace, pour sortir le ballon. On a même eu une balle de 1-0, sur un face-à-face ! Ce n’est pas le tournant du match, mais ça aurait été énorme de marquer.
Vous avez eu le temps d’échanger avec les Bleues, après la rencontre ?Il se faisait tard, elles sont reparties très rapidement. Et puis, il y a tellement de personnes qui s’occupent d’elles que c’est avec ces gens qu’on communique. Pas avec elles. Mais elles ont pris le temps de faire une photo de groupe après la rencontre, et je crois qu’elles ont signé les autographes que mes joueuses leur ont demandés à la sortie du vestiaire. Mes filles auraient bien aimé discuter davantage, mais la timidité n’arrange pas les choses.
Et sinon, voir Bréquigny en D2 quand Rennes n’a même pas de section féminine, ce n’est pas une anomalie ?Ça fait longtemps que le CSP Bréquigny existe, dans le paysage du foot féminin. Il y a une dizaine d’années, le club a même raté les barrages pour la D1. Pas mal pour un club qui n’a aucun salarié. Moi-même, mon métier n’est pas de m’occuper de l’équipe première. Je travaille pour une association. Du côté du Stade rennais, leur projet se porte plus sur la formation et l’équipe professionnelle. Mais je pense qu’avec l’engouement, ils vont être obligés de s’y mettre. D’ailleurs, le club va ouvrir une école de foot pour les petites filles en septembre…
Propos recueillis par Douglas de Graaf