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David Luiz, la touffe de l’angoisse
Il y a deux ans, le PSG avait fait de lui le défenseur le plus cher du monde. David Luiz était une promesse, une tête d’affiche et la pièce ajoutée prétendument parfaite à Thiago Silva. Reste que mercredi soir, dans les toutes dernières heures du mercato, le défenseur brésilien a quitté Paris pour retrouver Londres et Chelsea, laissant derrière lui peu de souvenirs, mais surtout un effectif bancal qui pose maintenant de sérieuses questions.
La dernière image de David Luiz dans le championnat de France aura donc été celle-ci : un regard vide, gêné par d’épaisses bouclettes, un sourire ironique et une silhouette qui s’effondre. La prise n’a duré que quelques secondes, mais son exécution est parfaite. Au-dessus du ciel de Louis-II, à Monaco, Jigorō Kanō s’incline avec respect pour saluer la victoire par ippon du défenseur brésilien du PSG sur Jemerson. Derrière la scène, Kevin Trapp alterne entre la colère et le dépit, alors que Fabinho s’élance pour inscrire le second but de la soirée de l’AS Monaco. 29 août 2016, 21h47, le PSG est mené 2-0. La suite est désormais connue : dimanche dernier, Paris a concédé sa première défaite de la saison à Louis-II (1-3) en étant largement plombé par ses nombreuses erreurs défensives. Au point qu’Unai Emery, qui parle sur le moment d’un choix « purement tactique » , décide de sortir David Luiz peu après l’heure de jeu et de replacer Serge Aurier dans l’axe aux côtés du gosse Presnel Kimpembe. Quelques heures avant le match, l’entourage du jeune défenseur parisien a été contacté par les têtes pensantes de Chelsea pour parler d’un éventuel transfert et des scouts du club anglais sont même à Monaco ce soir-là. Il n’aura plus de nouvelles après la rencontre. On ne reverra plus David Luiz.
Stamford Bridge, et après ?
Voilà donc ce qu’il s’est passé en l’espace de quelques jours dans le manège parisien qui se retrouve aujourd’hui en maintenance : après une réunion à Londres en début de semaine avec sa cellule de recrutement, Antonio Conte, le nouvel entraîneur de Chelsea, a décidé d’activer la piste David Luiz pour renforcer un secteur défensif déjà costaud (Terry, Cahill, Zouma) sur le critère de l’expérience. La piste Kimpembe est abandonnée alors que Nasser al-Khelaïfi repousse les premières offres anglaises. Finalement, le défenseur brésilien, fidèle du président du PSG, arrive à le convaincre, tout comme Patrick Kluivert, le directeur du football, et le club de la capitale claque probablement l’une des meilleures affaires de ce mercato en refourguant David Luiz à Chelsea pour environ quarante millions d’euros, là où il avait été acheté dix millions de plus en juin 2014. Sur le papier, pour un joueur en perte de vitesse et qui n’est plus international, l’affaire est belle. Débarqué à Londres, la touffe brésilienne affirme être « enchanté de revenir à Chelsea. » : « J’ai toujours eu une relation merveilleuse avec les supporters et je me prépare à revêtir le maillot bleu à Stamford Bridge une nouvelle fois. » Il remercie également le PSG, son public, ses dirigeants et voilà.
La première question légitime est donc celle-ci : que retiendra-t-on du passage de la tignasse à Paris ? Si une chose est certaine, c’est que David Luiz a grandement participé aux deux titres de champion de France qu’il a remportés lors de son séjour, entre autres. On ne parle pas forcément de terrain, mais plutôt de l’ambiance qu’il claquait, des rires qu’il balançait dans les couloirs et même de son atout charisme. C’est aussi pour ça que Conte est allé le chercher, le choix sportif laissant apparaître un mariage assez spécial avec la rigueur tactique du coach italien. Et après ? Pas grand-chose, si ce n’est ce but historique en huitièmes de finale de la Ligue des champions à Stamford Bridge au bout de sa première saison. Car restent ses erreurs à répétition, son double contact en pleine surface contre Monaco (0-2) l’an passé, les images de Thiago Silva, son pote d’enfance, qui lui gueule d’être plus rigoureux ou encore les doutes sur leur complémentarité et la question perpétuelle sur son vrai poste. Un point d’interrogation qui ne sera jamais levé.
La fausse bonne affaire
Reste que le PSG s’est aujourd’hui probablement planté dans la gestion de son effectif et de son mercato. Car si Chelsea semblait davantage rêver de Kalidou Koulibaly, Alessio Romagnoli ou encore Marquinhos, Paris ne semblait pas forcément prêt à laisser filer David Luiz. Du moins, pas comme ça, pas maintenant. Oui, le défenseur brésilien a des lacunes, José Mourinho s’en était déjà largement plaint par le passé. Il a aussi l’envie entre ses sautes de concentration, mais il représentait surtout une solution temporaire, alors que les dirigeants parisiens n’ont pas réussi à attirer un gros costaud pour suppléer la paire Marquinhos-Thiago Silva (qui n’a toujours pas joué une minute cette saison) sur laquelle Emery semble vouloir s’appuyer.
Début juin, le PSG lui avait fait comprendre que la porte à un départ était ouverte et son nouvel entraîneur parlait de lui en choix de rotation et non pas en titulaire. Reste que Paris se retrouve aujourd’hui avec seulement trois centraux de métier (Silva, Marquinhos, Kimpembe) et c’est beaucoup trop juste pour un club qui affiche sa gloutonnerie européenne. Comme si les leçons du passé n’avaient pas été apprises, le PSG, qui a déjà laissé filer Zlatan Ibrahimović cet été, avance sans réelle certitude. Pourquoi ? Parce qu’au-delà de l’aspect défensif, le board parisien n’a pas réussi à doubler le poste occupé par Cavani en pointe. Ben Arfa ou Jesé peuvent y être replacés, mais ce n’est pas leur rôle, pareil pour Aurier qui peut dépanner dans l’axe. Alors la question de savoir si le PSG s’est renforcé cet été est aujourd’hui posée, alors que la C1 débute dans un peu plus d’une semaine. D’autant qu’avec le départ de David Luiz, la marque parisienne a perdu l’un de ses leaders charismatiques et n’en compte aujourd’hui plus vraiment. La saison ne fait que commencer, les soucis aussi et on connaît déjà les maux de têtes des prochains mois. Sans boucle.
Par Maxime Brigand