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David Ducourtioux, l’homme courtois
Tout le monde connaît le Couteau Suisse, cet outil à la panoplie large, indispensable à tout campeur car il permet de prendre toute sorte de besoins en charge. On ne sait pas si c’est Mac Gyver qui lui a trop retourné le cerveau étant gamin, mais David Durcoutioux, c’est un peu ça : outre le leadership, les tacles glissés sur l’aile droite, le trentenaire évolue depuis le début de saison au poste de milieu défensif. Et le pire, c’est qu’il y est tout aussi efficace.
Sympa, courageux et fidèle. Voilà l’image renvoyée par David Durcoutioux. A défaut d’être le mieux payé de Ligue 1, ce dernier appartient à la catégorie de ces joueurs au capital-sympathie bien rempli. Il faut dire qu’il a pour lui de ne jamais rechigner à la tâche. Depuis le début de sa carrière, ses entraineurs l’ont bien compris. Alors qu’il a toujours roulé sa bosse en tant que latéral droit, ceux-ci – qu’il s’agisse de Marc Collat à Reims, de Serge Romano à Sedan ou de Philippe Montanier et Daniel Sanchez à Valenciennes – n’ont jamais hésité à le changer de poste : milieu offensif et excentré, attaquant ou même gardien de but. Où comment être plus polyvalent qu’un personnage d’Olive et Tom. Mais depuis le début de saison, l’ami David évolue au milieu de terrain. Il fallait bien lui trouver une nouvelle place depuis que Rudy Mater, latéral droit et capitaine du VAFC, lui a piqué la sienne. Reste que pour David Ducourtioux, cela n’a que peu d’importance. Milieu défensif ou relayeur, l’important est de jouer et de servir l’équipe : « Ça ne me perturbe pas. Je m’éclate et les résultats suivent, donc tout va bien. » Son poste préféré ? Joueur de foot, tout simplement.
Appelez-le le « duc » !
Loin du bling-bling de l’époque, le « duc » privilégie le fair-play et le collectif. Ne jamais tacler par derrière, telle est sa devise. On ne s’étonne donc pas de constater qu’il déserte les boutiques de diamantaires, préférant à cela prendre de la hauteur et s’installer définitivement comme un homme fort du vestiaire valenciennois, comme il l’était à Sedan et comme s’en souviennent les supporters de Reims. Après quatorze ans de carrière et 224 matchs en Ligue 1, on n’en attendait pas moins de ce joueur expérimenté, pas trop clinquant mais terriblement efficace.
Avant le derby contre Lille samedi, Ducourtioux se dit plutôt serein : « On se prépare tranquillement. Pour nous, tout marche plutôt bien en ce moment. L’équipe est sur une bonne dynamique. Mais voilà, en face, c’est Lille et il va falloir remettre les compteurs à zéro après la déconvenue de l’année dernière. On va essayer de se surpasser pour les supporters. » Malgré cet enthousiasme apparent, Ducourtioux, l’expérience aidant, reste lucide : « Contrairement à l’année dernière, tous les joueurs jouent à leur niveau. Mais il faut rester vigilants, un championnat, c’est un marathon où la vérité du classement se révèle sur le long terme. On veut tout faire pour éviter de faire le yoyo, d’attendre d’être au pied du mur pour réagir. »
Le « syndiqué »
C’est une histoire comme on n’en avait plus entendue depuis longtemps : l’histoire d’un homme engagé, syndiqué à l’UNFP, qui n’hésite pas à utiliser ses mains pour revendiquer ce qui lui revient de droit. Mais ne croyez pas pour autant que Ducourtioux fasse partie de ces hippies du foot qui ont trouvé la foi, métamorphosés par la rencontre de l’autre et de l’ailleurs, lui croit en son étoile et aux vertus de l’insoumission. Et rien d’autre. C’est un homme venu d’une autre époque, un homme révolté et combattant, convaincu que c’est en donnant tout ce qu’on a, qu’on peut commencer à rêver de ce que l’on veut. Il confirme : « Quand j’ai eu besoin des membres du syndicat, ils m’ont aidé. Ça correspond totalement à ma façon de penser. Je trouve que c’est une chance de pouvoir être là pour aider les autres. D’ailleurs, beaucoup d’autres sports collectifs envient notre syndicat. » De fait, il n’est pas près de déposer les armes. En fin de contrat en juin prochain – les dirigeants valenciennois ne lui ayant toujours pas fait de nouvelle proposition – Ducourtioux, répète à qui veut bien l’entendre qu’il se sent prêt à continuer le foot, à Valenciennes, de préférence, ou ailleurs. « Je ne me pollue pas avec toutes ces questions. La route est encore longue et je n’ai surtout pas envie que tout ça me fasse déjouer. » Que ses prochains adversaire soient prêts : le « duc », où qu’il soit positionné, sera intraitable.
Par Maxime Delcourt
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