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David Bitsindou : « J’ai croisé un renne d’assez près en voiture »

Par Matthieu Rostac
7 minutes
David Bitsindou : « J’ai croisé un renne d’assez près en voiture »

Après avoir pas mal bourlingué, le défenseur David Bitsindou a posé l'année dernière ses valises sur les bords du golfe de Botnie dans un PS Kemi fraîchement promu en Ykkönen, la deuxième division finlandaise. En pleine taïga, donc. L'occasion de parler derby de Laponie, d'eau de source et de sauna perdu dans la forêt. Évidemment.

Tu es en pleine reprise. Comment ça va ?

Ça va pas mal. C’est vrai qu’on avait parfois deux entraînements physiques par jour, donc c’était assez intense avec moins de temps pour se reposer. Depuis aujourd’hui, on s’est remis au ballon. Mais on a encore le temps : même si on a un match de Coupe le 28 février, le championnat ne commence pas avant fin avril.

Même avant de jouer en Finlande, ta trajectoire était déjà originale…

C’est vrai que j’ai un parcours assez particulier. J’ai joué en amateur jusqu’à mes dix-huit ans, puis j’ai fait un essai à Chantilly en DH. L’année suivante, j’ai pu intégrer Montluçon en CFA. Derrière, j’ai eu un essai en Bulgarie à Etar Veliko Turnovo, ce qui m’a permis d’avoir mon premier contrat professionnel. C’est un ami, également à l’essai là-bas, qui m’avait proposé. J’y ai longtemps réfléchi parce que ça faisait un peu loin. La Bulgarie, c’est pas la porte à côté… Mais il y avait l’opportunité d’évoluer à un niveau professionnel. Suite à ça, je suis revenu en France à l’US Fontenay parce que le coach d’Etar m’avait dit que je n’aurais pas plus de temps de jeu.

Du coup, comment tu t’es retrouvé en Ykkönen ?

En 2013, je jouais en non-league en Angleterre (au Southall FC, en onzième division anglaise, ndlr) et, en décembre, je me suis fait repérer par l’ancien coach de Kemi qui est anglais, Tommy Taylor. Il m’a proposé de venir jouer en Finlande, en troisième division. Je suis allé leur rendre visite, et, pour un club de D3 finlandaise, il est super bien organisé en termes d’infrastructures. Par exemple, l’hiver, on parle de température entre -20° et -25° à Kemi. C’est la Laponie, quand même. Mais on a un terrain synthétique couvert et chauffé. C’est comme une bulle de tennis. Dedans, il y fait dix degrés et tu subis pas trop les chocs quand tu joues. L’été, on a un terrain en herbe. Mais tous les clubs n’ont pas un terrain en herbe, hein. Du coup, ça nous a permis de monter en Ykkönen.

Ça t’a pas fait trop bizarre de jouer en indoor ?

Si ! Déjà, ça résonne un peu plus, comme si tu jouais dans un gymnase. Surtout, je me disais qu’on risquait de toucher le plafond lors des dégagements, mais en fait, le plafond est à vingt, vingt-cinq mètres, et tu finis par t’y habituer.

On voit du monde dans les stades en Finlande ?

Je sais que pour le derby contre Tornio, on est montés à 1000 personnes. C’est une ville qui est située à vingt kilomètres de Kemi, donc c’est un peu nos rivaux. C’était le match à ne pas perdre, et on va limite dire que c’était toute la Laponie qui se déplaçait pour voir le match ! En plus, leur stade est plus grand que le nôtre, donc c’était vraiment impressionnant parce que d’habitude, ça tourne à 500 ou 600 personnes.

Un derby, mais ça reste la Finlande, pas le pays le plus tendu du monde…

Oui, ça se joue plus sur le terrain. Notre capitaine Tuomo Könönen, qui est originaire de Kemi, est revenu au club après avoir joué en D1 finlandaise et il voulait vraiment leur montrer que Kemi était au-dessus. Il y a quand même une rivalité. Je sais que quand je vais au centre commercial de Tornio avec mon survêt’ de Kemi, on me regarde un peu bizarrement, encore plus quand le match approche ! (rires) Ça vaut pas un Lyon-Saint-Étienne, mais c’est quand même un match important pour les gens de la région.

C’est quoi le niveau de l’Ykkönen ?

Je le comparerais à de la CFA. Ça développe pas mal de jeu au sol. Moi qui ai joué en Angleterre, je connais le jeu long, et ici, en Finlande, c’est mixte. Ça joue au ballon, quand même, avec des joueurs techniques et des équipes collectives. Les ailiers sont plutôt rapides, et on a des gros gabarits en défense. Ça change de l’Angleterre où j’ai pris pas mal de coups de coude par les attaquants ! (rires)

Quand on t’a proposé de signer au PS Kemi, avoue, t’as regardé dans Google où c’était ?

Ouais, c’est vrai ! (rires) Et là, j’ai vu Laponie… Le pays du père Noël, quoi ! (rires) J’ai jamais été autant au nord de toute ma vie. C’est vrai qu’en Bulgarie, l’hiver, il fait -15° ou -10°. Mais là, un -30°, on le sent bien. Surtout, quand je suis arrivé, on devait avoir quatre ou cinq heures de soleil par jour. Ça faisait un peu juste. Pour autant, on s’y habitue. On reste pas posé dehors, on va dire. C’est maison-entraînement-repas ensemble-maison. On est souvent entre joueurs, en fait, et comme la ville est petite, tout le monde se connaît, se salue, donc il n’y a pas eu de problèmes d’intégration. C’est ça aussi qui a fait la différence et qui a fait qu’on est montés en Ykkönen : comme Kemi est une petite ville et qu’on est tous ensemble, je ne vais pas dire qu’on s’ennuyait, mais en tout cas, on ne se dispersait pas, on restait soudés. En plus, ici, c’est beaucoup plus sain. La nourriture est beaucoup plus équilibrée, avec beaucoup plus de légumes, du saumon frais et plusieurs sortes de pain complet. Bon, il y avait du renne ce midi, mais j’ai pas osé. C’est la reprise ! Surtout, la différence ici, c’est qu’on n’achète pas l’eau en bouteille. L’eau du robinet, c’est de l’eau de source. C’est un vrai plus.

Donc tu n’as pas été plus gêné que ça par l’écart entre la Finlande et la France ?

L’hiver, ça va. En revanche, de juin à août, le soleil ne se couche jamais. C’est-à-dire que t’es en train de faire un barbecue, le soleil est encore haut dans le ciel et tu te rends compte qu’il est trois heures du matin ! (rires) Tout le monde est parti se coucher parce qu’on n’était pas bien. À cette heure-là, le soleil continue à frapper. C’est perturbant.

Si Kemi est petit, est-ce que tu as eu le temps de visiter les alentours ?

Oui, je suis allé à Oulu. Une ville étudiante qui bouge un petit peu plus. En parlant d’Oulu, un jour, je rentrais de là-bas, il devait être 23 heures, et j’ai croisé un renne d’assez près en voiture. Il a traversé la route, c’était assez impressionnant, car il approche la taille d’un cheval et avec ses bois sur la tête, ça le rend encore plus grand. J’ai ressenti son poids quand il a traversé la route ! Donc voilà le type d’animal que l’on peut croiser en Laponie ! Un autre soir, j’étais chez moi, je reçois un message dans le groupe de l’équipe qui dit que dans le ciel on peut voir les northern lights. Ça ressemble un peu à une aurore boréale, sauf que c’est vert et ça se déplace lentement dans le ciel. C’est un phénomène qui se produit assez rarement. Du coup, c’était sympa a voir.

Est-ce que tu as testé la spécialité finlandaise : le sauna ?

Ouais ! En fait, c’est une tradition d’avoir un sauna dans la maison. Tu as une pièce juste à côté de la douche, tu y restes dix minutes et derrière, c’est douche froide direct. J’étais un peu réticent, j’ai mis quelques semaines à m’adapter, quand même. Maintenant, c’est une fois tous les deux, trois jours. Mine de rien, ça aide sportivement parce que ça relaxe les muscles. Mais tu sais, il y a des sauna party ! Des soirées en extérieur dans une petite cabane près d’un lac dans laquelle tu fais un barbecue. Et dès que tu sors du sauna, tu cours et tu te jettes dans le lac. Ils le font été comme hiver. Au début, t’es pas très à l’aise parce que tu sors du sauna, t’es pas habillé et bon, il y a des gens qui passent des fois. Bon, ça reste des endroits isolés, c’est pas comme si tu faisais ça sur la Seine ! (rires)
Gasperini-Retegui : l’amour ouf

Par Matthieu Rostac

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