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Darwin Núñez, forte tête
Critiqué avant même d'avoir disputé son premier match officiel sous le maillot de Liverpool, Darwin Núñez a livré la réponse qu'il fallait samedi au cours du Community Shield. L'attaquant uruguayen a conjugué sa soirée au presque-parfait : premier but, première victoire et premier trophée. Un gros boost de confiance, aussi, et certainement un peu de répit.
Plus d’une heure avant le coup d’envoi samedi, la sono du King Power Stadium s’était échauffée en envoyant des titres piochés dans la playlist des deux prétendants au Community Shield. Liverpool ouvrait le bal, avec Three Little Birds. « Ne t’inquiète de rien, parce que tout ira bien. » Une manière de s’autopersuader que les absences d’Alisson, Caoimhín Kelleher et Diogo Jota ne se feraient pas sentir ? Anyway, la soirée s’est bien passée. Y compris pour le Red que tout le monde scrutait. Celui qui a coûté 75 millions d’euros. Celui qui a été la cible de moqueries dès la présaison. À défaut de tout réussir, Darwin Núñez a apporté sa pierre à l’édifice. Et c’est tout ce qu’on lui demande.
Résilience
Le duel de buteurs attendu à Leicester aurait dû tourner à l’avantage d’Erling Haaland, le seul des deux à commencer le match. La balance a finalement penché du côté du supersub uruguayen. Núñez n’a pas laissé le souvenir de son face-à-face perdu avec Ederson lui trotter dans le crâne trop longtemps en provoquant un penalty, avec la complicité de la mimine de Ruben Dias, et surtout en pliant le match une bonne fois pour toutes. Quasiment allongé pour placer sa tête hors de portée du portier, le géant s’est très vite redressé pour tomber le maillot et aller exprimer sa joie devant ses nouveaux supporters. Un cri de rage pour expulser toute frustration et montrer l’étendue de son abnégation.
Nunez, Nunez, Nunez! ??What a moment, @Darwinn99 pic.twitter.com/uunbPIcFBV
— Liverpool FC (@LFC) July 31, 2022
Pris pour cible à la suite de ses prestations estivales face à Manchester United et Crystal Palace, des matchs où il n’a guère été en réussite, l’Uruguayen a vu la vidéo de son raté à neuf mètres de la cage mancunienne vite faire le tour des réseaux sociaux, et les jugements hâtifs lui tomber dessus. Critiqué, il l’a encore été après son quadruplé contre Leipzig, le gardien Janis Blaswich n’ayant pas été exemplaire sur deux des buts en question. Parce qu’à l’heure des rivalités Twitter, il est devenu de bon ton de tomber sur les joueurs adverses à la moindre occasion et de faire le jeu de la déraison. Qu’importe, Núñez a maintenu le cap et montré ce samedi pourquoi le mot « RESILIENCIA » était inscrit en lettres capitales dans la bio de ses réseaux.
Le buteur sachant chanter
Présaison mitigée ou pas, les supporters des Reds l’ont chouchouté pour sa première au King Power Stadium. Chaudement applaudi au moment de partir à l’échauffement à la demi-heure de jeu, son entrée sur la pelouse à la 59e minute s’est réalisée sous des « Núñez, Núñez » assourdissants, un drapeau uruguayen émergeant même alors du milieu du Kop rouge. Une dose d’amour bien rendue par le joueur, et face à Manchester City, faut-il le rappeler. « C’était clair qu’il allait s’améliorer avec le temps. Nous vivons dans un monde où tout le monde est jugé au premier coup d’œil, ce qui n’aide personne, mais cela arrive constamment, déplorait Jürgen Klopp en conférence de presse. Nous devons vivre avec ça, et il va s’en sortir brillamment. »
Conformément à la théorie de son homonyme, l’Uruguayen va s’adapter et se faire à son nouvel environnement. Une évolution imposée par la découverte d’une Premier League autrement plus relevée que le championnat portugais et d’une façon différente de jouer, Jürgen Klopp attendant de lui de répéter les efforts à haute intensité, tout en conservant sa capacité à marquer. Même son de cloche de la part de Fabinho en zone mixte : « Il est encore en période d’adaptation. On a vu qu’il progresse, il connaît un peu mieux notre manière de jouer et on sait nous aussi un peu plus comment lui joue. Il fait partie des joueurs qui donnent l’impression que la balle les suit, il a toujours l’opportunité de marquer. Il va donner beaucoup de boulot aux défenseurs. Il est rapide et très costaud, c’est dur de défendre sur un joueur comme lui, donc c’est bien de l’avoir avec nous. »
D’autant plus qu’il commence aussi à régaler ses coéquipiers en dehors du terrain. « Les joueurs sud-américains sont toujours ensemble, je pense que ça l’aide beaucoup, poursuit le Brésilien. On a passé une super soirée quand les nouveaux ont dû chanter. Je crois que c’était une chanson uruguayenne, et on s’est bien amusé cette soirée-là. C’est un bon chanteur, un très bon ! » Samedi, une fois la fin du match sifflée, la moitié rouge du King Power Stadium a explosé. Un vacarme qui a très vite pris des airs plus mélodieux quand la sono a relancé Three Little Birds. Comme pour rappeler qu’en dépit des critiques à son encontre, Núñez n’a pas à s’inquiéter. Every little thing gonna be all right.
Par Quentin Ballue, à Leicester et Liverpool